Ma rencontre avec Violet Park – Jenny Valentine
Traduit de l'anglais par Diane Ménard
Alors qu'il rentre au petit matin en taxi, Lucas Swain, seize ans, rencontre Violet Park, ou plus exactement l'urne funéraire contenant les cendres de Violet Park, oubliée sur une étagère de la station de taxis depuis plus de 5 ans. Situation incongrue s'il en est, il souhaite offrir à cette inconnue défunte un endroit plus paisible. Lucas vit seul avec sa mère et sa sœur, leur père les ayant abandonnés en 2002, sans donner de nouvelles. Est-il seulement encore vivant ? Comment et pourquoi un homme peut-il abandonner comme cela sa famille, sans un mot ? Parce qu'il souffre encore de tout cela, il est sensible, et curieux de cette urne abandonnée dans une station de taxi : pourquoi personne n'est-il venu la réclamer ? Avec la complicité de ses grands-parents, il va la récupérer et mener l'enquête. Il s'avère que son père a bien connu cette Violet Park, comme bon nombre de personnes dans le quartier...
Que sait-on jamais des gens qui partagent notre vie ? Et s'ils avaient tous des secrets, des doubles vies inavouables ? Ce petit roman est étonnant, original dans le début de l'intrigue et cette enquête autour du personnage de Violet Park, moins surprenant dans le fait que les deux quêtes se mêlent (il faut bien rattacher l'intrigue de la disparition du père !), facile à lire, la fin est bien vue aussi, moins convenue que ce que l'on aurait pu imaginer.
Ce qui m'a gênée dans ce livre, c’est la traduction. Je n'y suis pas sensible habituellement, je ne lis pas en VO ou très peu, je n'ai pas le texte original ici, mais j'ai buté sur de trop nombreuses phrases qui m'ont semblé calquées de l'anglais mais totalement inappropriées en français. Un manque de relecture aussi, laissant une coquille, ce qui est inhabituel pour cet éditeur, mais toujours agaçant.
Exemples :
p.30 : «Au moment où je la dépassai, elle me dit :
- Excusez-moi, mais vous n'auriez pas une cigarette ? me-dit elle au moment où je la dépassai. »
Dans cet exemple, ce n'est qu'un doublon, oubli de relecture, mais en début d'ouvrage, je tique...
Ce qui me semble être des bizarreries de traduction :
p.53 : « L'armoire de la salle de bains déborde de crèmes hydratantes vingt-quatre heures sur vingt-quatre, de crèmes antirides, de destructeurs de cellulite, de conditionneurs augmentant le volume des cheveux. » Plusieurs choses me gênent là-dedans, des cosmétiques, j'en achète beaucoup, et je peux vous dire que jamais je n'ai vu de crème hydratante « 24h/24 », passe encore pour le destructeur de cellulite, mais le conditionneur, non, parcourez les rayons de supermarché ou de parapharmacie, vous y trouverez de nombreux après-shampooings, pas des « conditionneurs », calque pure et simple du « conditioner » anglais, même si l'on en comprend le sens, ce n'est pas un terme employé couramment en français.
p.92 « Elle n'est pas aussi jolie que je l'espérais, mais elle attire l'attention. Même sur la sortie imprimante de l'ordinateur que j'ai fixée au mur de ma chambre, et qui est de mauvaise qualité, toute grise et granuleuse, Violet a quelque chose qui vous donne envie de continuer à la regarder. » « La sortie imprimante de l'ordinateur que j'ai fixée au mur » ? "même sur la photo que j'ai imprimée et fixée au mur" ne serait-il pas plus courant en français que la sortie imprimante de l'ordinateur ?
Un dernier exemple, je n'ai pas noté la page, (mais j'ai continué à buter régulièrement) : l'écrivain fantôme ! Alors que dans le sens du texte il s'agit clairement de ce que nous appelons « nègre » (littéraire) en français, « ghostwriter » en anglais, la traductrice a préféré le calque « comme une sorte d'écrivain fantôme ». Pitié ! (pourtant, Diane Ménard est une traductrice aguerrie, d'où mon étonnement).
Ce livre est sélectionné pour le Prix des Lecteurs 13-16 ans 2011 de la Ville du Mans / département de la Sarthe. (L'ensemble de la sélection ici)
l'école des loisirs, coll. Médium, mars 2010, 230 pages, prix : 11 €
étoiles :
crédit photo couverture : © Atsuko Ishii et éd. L'école des loisirs