Mes petites morts - Elsa Fottorino
Anna est très proche de sa sœur Sarah, mais maintenant
que celle-ci est enceinte et sur le point d’emménager dans un nouvel appartement avec son amoureux, il est temps pour Anna de s’éloigner. Elle a choisi l’Irlande, elle ne sait pas trop
pourquoi : « Cork était « une ville de brouillards ». C’est à Sarah que je laissais la lumière, on ne pouvait pas toujours tout
partager ».
Marek, de son côté, quitte Prague pour Cork lui aussi. Le lecteur sait qu’il est malade, et qu’il n’en a sans doute pas pour longtemps à vivre. Anna et Marek vont tomber amoureux, mais Marek voudra la protéger en gardant le silence sur la réalité. Comme il semble vouloir demeurer un amoureux transi perpétuellement indécis, Anna va se rapprocher d’Otto, bien que ce ne soit pas lui qu’elle aime …
Court roman sur le très classique triangle amoureux. Bien sûr vous n’aurez pas manqué de relever qu’Elsa Fottorino est fille de (Eric Fottorino) et l’on peut imaginer que cela aide pour faire éditer son premier roman, à tout juste 23 ans. Alors qu’en est-il vraiment de ce premier roman ? L’écriture est classique, sobre, extrêmement soignée, classieuse. Pour ma part, c’est un point fort (Solenn, elle, la trouve trop travaillée et trop rigide), mais cela ne me semblait pas suffisamment pour combler l’aspect trop creux et trop lisse du récit. C’est beau oui, mais un peu vide quand même. Et puis j’ai trouvé cette histoire de plus en plus profonde au fil du texte, j’ai beaucoup aimé le rapprochement des deux sœurs lors d’une visite à Paris, permettant de rompre un peu avec l’enfermement amoureux, et de souligner les priorités, alors que Sarah va mal : « J’étais hantée par la manière indigne avec laquelle je m’étais trompée de priorité. Marek et Otto s’éloignaient peu à peu de mes pensées. » (p.109)
A partir de là, tout semble gagner en maturité, et la fin qu’on imagine arrive presque trop vite. J’ai changé d’avis en cours de lecture, m’y suis davantage attachée, et trouvé finalement bien beau ce petit roman. Quelques faiblesses de jeunesse peut-être, mais un beau texte tout de même. Non, il ne faudrait jamais avoir peur en amour.
p. 145 : « Je me suis souvent demandé s’il existait un seuil au-delà de l’intolérable. Je sais maintenant qu’il existe et que c’est la vie elle-même. »
Rien à voir mais j’ai souri à la lecture de cette phrase, qui n’a rien d’original mais qui colle à la perfection à
une situation qui m’est familière en ce moment : « Pire arme que le mépris était l’indifférence » (p.83)
Flammarion – janvier 2010 – 147 pages – prix : 13 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : © Ed. Flammarion