Les jardins d'Hélène

En attendant demain – Nathacha Appanah

24 Avril 2015, 09:00am

Publié par Laure

De Nathacha Appanah je gardais un bon souvenir (la noce d'Anna, lu il y a … 9 ans, merci ce blog, finalement rien n'est jamais mieux conservé qu'en ligne !) mais c'est le côté positif des réseaux sociaux qui m'a fait acheter son dernier roman : Jean-Philippe Blondel le conseillait vivement sur facebook, Charlotte l'Insatiable plussoyait, et ici en chronique radio). Finalement rien n'a changé, en 2006, c'est déjà Clarabel via son blog qui m'avait fait lire Appanah.

Bref...

 

L'histoire pourrait être simple et banale, elle se révèle magnifique de maîtrise, de précision et de finesse dans son écriture et sa construction romanesque.

 

Que s'est-il passé il y a quatre ans, cinq mois, et treize jours, pour que Laura, la fille d'Adam et Anita, soit aujourd'hui handicapée, qu'Adèle (qui est-elle?) ait perdu la vie, et qu'Adam soit depuis ce temps emprisonné ? Le roman nous le racontera, avec douceur et lucidité, tenant son lecteur en haleine jusqu'au bout.

 

Adam et Anita se sont rencontrés jeunes, se sentant comme deux étrangers dans le milieu qu'ils fréquentaient, elle la fille des îles à la peau « marron », lui le peintre en devenir. Il rêve d'être artiste, elle rêve d'écrire, il sera architecte et elle pigiste dans un journal régional. Ils auront une petite fille, Laura, vivront en province, et rencontreront une autre beauté perdue originaire de Maurice : Adèle, qui fera partie de la famille ou presque. Chacun avec ses rêves enfouis, ses blessures, va se confronter à une réalité plus banale, et douloureuse.

 

Ce qui frappe dans ce roman, outre l'écriture fine, précise, élégante et pourtant en apparence si simple, c'est la multiplicité des thèmes abordés. Des rêves artistiques à la réalité professionnelle, les compromis trouvés, la routine qui s'installe dans le couple, l'exil, la couleur de peau, les préjugés, la réalité quotidienne des sans-papiers, la richesse du roman est là, en filigrane.

 

Un très beau roman.

 

 

p. 124 : « Il y a autre chose que l'amitié entre ces deux femmes, il y a un pays, des images qu'il ne faut pas légender, des gestes qu'il ne faut pas décortiquer, la petite mémoire des enfances, la petite mémoire des pays qu'on quitte, quand le pain était comme ça, quand le ticket de bus avait cette couleur, quand on disait cette chose-là, quand on avait cette habitude-là, quand on mangeait ce fruit-là. »

p. 155 : « à quel moment les choses qui lui avaient plu chez Anita ont-elles commencé à le lasser ? »

 

Gallimard, février 2015, 190 pages, prix : 17,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Gallimard

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K
J'ai lu aussi La noce d'Anna, mais surtout j'ai entendu l'auteure à La Grande Librairie et ce roman m'a tentée. Ton avis renforce la tentation !
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V
Je note ! J'avais aimé "La noce d'Anna", "Le dernier frère" aussi et même eu le plaisir d'interviewer Natacha Appanah il y a quelques années ;-)
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L
je suis sûre que tu aimeras celui-ci aussi alors ! :-)
S
Je suis très tentée également car comme toi j'avais eu un coup de coeur pour "la noce dAnna".
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L
N'hésite pas s'il croise ton chemin, l'auteur a toujours cette très belle écriture qui lui est propre.