Les jardins d'Hélène

essais - documents

Comment traire une poule ? - Marie et Hubert Deveaux

26 Juillet 2007, 08:34am

Publié par Laure


 
comment-traire-une-poule.jpg Manuel à l'usage des nouveaux campagnards
Allez, soyons fous, comme dit Philippe, c’est les soldes et je me lâche : je mets un 5/5 ! Tout simplement parce que j’ai beaucoup ri et que tout dans ce petit livre est parfaitement juste !

Petit guide des nouveaux campagnards, on y trouvera différents profils : l’ex baba cool éleveur de chèvres dans le Larzac, le résident secondaire (riche et moins riche, le moins riche est enseignant !), l’invité, le rurbain (le pavillonnaire en proche banlieue qui met une balançoire dans son jardin pour ses gamins), le néorural, l’hôte (qu’il soit touriste ou propriétaire d’une chambre d’hôtes) et les fameux anglais du Périgord ou d’ailleurs…

Bref, juste assez long pour être complet, et pas trop pour qu’on ne s’y ennuie pas, ce bouquin déborde d’humour et d’exemples délirants (et néanmoins pertinents). Les nombreuses notes de bas de page sont truculentes ! Et n’en déplaise au lecteur, il se reconnaîtra forcément dans l’un ou l’autre exemple, parole de lectrice !

 

Elles ont ri avant moi : Flo, Cathulu , Agapanthe, ...

 

Ed. Chiflet & Cie, oct. 2006, 125 pages, prix : 10 €

Ma note : 5/5

Crédit photo couverture : éd. Chiflet & Cie et © Raphaëlle d’Hautefeuille

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Cahier de vacances pour adultes de 17 à 77 ans - Christophe Absi

29 Juin 2007, 19:16pm

Publié par Laure

Pêché chez Cathulu, j'en ai commandé 3 dans la foulée, j'espère qu'ils feront sourire les instits de mes enfants ! (ça remplacera la rose ou la bougie déco en traditionnel cadeau de fin d'année !)

cahier-vacances.jpg Car il n'y a pas de raison que seuls les enfants soupirent sur leur sempiternel cahier de vacances, à tenter de résoudre des problèmes de maths à deux mètres de la piscine ! Voici une découverte aussi sérieuse que loufoque, drôle et décalée ! De vrais exercices, des jeux, des questionnaires, histoire de tester vos connaissances en culture générale et de réviser vos vieilles années scolaires. Le tout parsemé de "bizarreries" qui n'ont d'autre effet que de vous faire éclater de rire, bref, c'est bourré d'humour et ça fait grand bien ! 
PS : ne ratez pas le "concours factice avec obligation d'achat" pour gagner des lots de bonbons et de jambon de pays si vous trouvez les 3 erreurs laissées dans l'encarté des corrigés !

Ed. Chiflet & Cie, juin 2007, prix 7,95 € (même format qu'un vrai cahier de vacances !)
Ma note : 5/5
Crédit photo couverture : éd. Chiflet et Cie

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à dans quinze jours ... - Arnaud Guigue

24 Avril 2007, 08:49am

Publié par Laure

Ce court récit est le témoignage d’un père divorcé, 35 ans, prof de philo dans un lycée parisien, séparé de sa femme qui vit à Fontainebleau avec leurs deux garçons de 8 et 10 ans. Tout cela se passe en l’an 2000. Mais le divorce est plus ancien, quand les garçons avaient 3 et 5 ans. Le père a une nouvelle compagne, la mère est remariée et a deux petites filles. Famille recomposée, comme il est banal d’en trouver aujourd’hui. Mais là n’est pas tant le propos que le ressenti et l’analyse de ce père en manque de ses enfants.

Du samedi midi où il les prend à la sortie de l’école au dimanche soir où il les reconduit chez leur mère, et cela un week-end sur deux, le temps est précieux. Presque minuté, en tout cas organisé, afin que chaque moment soit consacré avec amour à ses enfants.

Des réflexions aussi sur l’entité familiale, les nouveaux conjoints, des espoirs sur les partages et la complicité à venir lorsque ses garçons seront adolescents, des regards sur le passé sur la toute petite enfance qu’il a laissé filer parce qu’il n’y était pas prêt, bref, un très beau regard de père, qui comme tout témoignage est unique, mais dans lequel sans doute beaucoup pourront se retrouver.

 

Cet extrait p. 61-62 : « Le beau-père, c’est l’autre. Peut-être est-il pour les enfants un autre père, cela je n’en sais rien, mais pour moi il n’est que l’autre. Je ne sais pour ainsi dire rien de lui. […] Il partage la vie quotidienne des enfants depuis que je suis séparé d’eux. J’ai le souvenir d’avoir beaucoup souffert de cette situation au début. J’enrageais qu’une personne anonyme puisse se substituer à moi aussi radicalement dans l’existence des enfants. Je craignais sincèrement, je crois, de me voir évincé et remplacé du même coup dans mes prérogatives de père. L’idée qu’il puisse se nouer une complicité entre cet inconnu et mes fils m’épouvantait. Il allait nécessairement les éduquer autrement que je ne l’aurais fait, il allait leur inculquer des valeurs contraires aux miennes, inévitablement il ferait tout pour les séduire et tenter, par exemple, de blaguer avec eux. Que mes enfants puissent rire de bon cœur avec lui m’apparaissait comme la pire chose qui pourrait m’arriver. […] Je regrettais sincèrement que cet intrus n’ait pas quelques défauts qui pourraient le rendre antipathique auprès des enfants. »

 

Vous aurez compris combien ce passage résonne en moi, quand je pense à elle, l’autre, celle qui les verra… un week-end sur deux.

 

Bayard éditions, mars 2000, 140 pages, prix : 13,72 €

 

Ma note : 4/5

 

Crédit photo couverture : éd. Bayard et Amazon.fr

 

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Le nouveau magasin d'écriture - Hubert Haddad

5 Janvier 2007, 10:10am

Publié par Laure

Ce livre est une somme, et si c’est un magasin, il ressemble plus à un hypermarché qu’à une épicerie de campagne, tant il offre de richesses (mais avec la qualité de l'épicier parisien de luxe !) Pourtant, je n’y ai pas trouvé de véritable bonheur, malgré toutes les louanges de Clarabel. Le nouveau magasin d’écriture est un livre savant et exigeant, qui ne s’adresse pas au public le plus large possible (là c’est le défaut de la bibliothécaire !) C’est un livre pour les amoureux des mots, les poètes et les aspirants écrivains, et tous les animateurs d’ateliers d’écriture (parmi lesquels j’inclus les enseignants, l’ouvrage proposant beaucoup d’exemples pour la jeunesse). Je ne fais pas partie de ce « public cible ». Oui mais. En même temps qu’un recueil d’exercices et de pistes pour susciter les jeux d’écriture, c’est aussi un gigantesque manuel d’histoire littéraire, qui fourmille d’exemples et de références à explorer. Ce n’est donc pas un essai qu’on lit d’une traite, mais un ouvrage de référence dans lequel on reviendra piocher régulièrement, au gré des envies, et selon que l’on s’intéressera à la poésie, au conte, au surréalisme, à tous les champs possibles du roman et de la littérature. A condition d’avoir au préalable fait une fac de lettres et de se souvenir, si l’on a pris de l’âge, de tout ce vocabulaire qui emprunte à la critique littéraire, car bien sûr, vous savez par cœur, vous, ce que sont les actants, le paratexte et les hétéronymes, la cénesthésie, le chiasme et la fatrasie, l’expolition et l’apologue ? (Vous avez raison, il n’y a pas d’âge pour apprendre). Sans emprunter au champ lexical de la rhétorique, vous emprunterez des passages stertoreux : oups, je vous jure que je n’ai pas fait exprès de relever ce mot, c’est un des nombreux qui pour moi nécessite une lecture avec dictionnaire à portée de main : et bien figurez-vous que stertoreux signifie « caractérisé par le ronflement ». ça relèverait pas du lapsus, ce mot relevé par ma petite main sur 900 pages très denses ?

Intéressant, mais il faut être très motivé, ce qui visiblement, n’est pas mon cas !

Zulma, janv. 2006, 938 pages, ISBN 2-84304-352-2, prix : 30 €

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Ces enfants malades de leurs parents - Anne Ancelin Schützenberger et Ghislain Devroede

16 Août 2006, 13:55pm

Publié par Laure

Un livre choisi par erreur car je cherchais quelque chose sur les souffrances des enfants (devenus adultes) en rapport avec ce qu’avaient pu leur faire vivre leurs parents. Le titre m’a induit en erreur, car ce livre est à la fois beaucoup plus précis que cela et sur un sujet un peu différent.

L’auteur s’attache à montrer par des cas cliniques combien les enfants (y compris une fois adultes) somatisent des souffrances vécues par leurs parents et gardées secrètes. Leur corps exprime des souffrances non dites. Si je simplifie à l’extrême, les maux de ventre inexpliqués par des causes physiques pourraient être dû à un secret de famille bien gardé. Les exemples sont nombreux et détaillés sur des cas de constipation sévère quasiment tous liés à des abus sexuels subis par les parents ou arrière grands-parents. Dès que la victime réussit à se libérer par la parole, les symptômes disparaissent chez l’enfant. Les abus ne sont pas tous sexuels, mais le plus souvent. La démonstration est intéressante, mais un peu trop concentrée sur les détails défécation/viol, ce qui devient assez pénible (je vous épargne les détails). En revanche ce livre intéressera sans doute des personnes qui seraient concernées, mais pour ma part j’aurais souhaité une étude plus générale. Bref, ce n’est pas ce que je cherchais. Le sujet est intéressant, mais pas sur des questions intestinales ;-)

 

Payot, 2003, 179 p. ISBN 2-228-89792-2, prix : 15,50 €

Existe en poche

Ma note : 2,5/5

 

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Quand la lecture devient voyage

4 Août 2006, 14:07pm

Publié par Laure

Je profite de l’été un peu plus creux au travail (pas d’accueils de classes !) pour lire enfin quelques livres professionnels. Je ne vais donc pas vraiment parler de ce livre qui n’intéressera que les bibliothécaires et les enseignants, mais j’en garderai juste quelques notes pour mémoire. Ce livre propose de monter une animation intéressante (le fameux voyage-lecture) dans un partenariat intéressant avec les enseignants, plaçant l’enfant au cœur de la lecture, en dehors des productions écrites obligatoires ou rasoirs, et nous sortant nous, bibliothécaires de notre rôle parfois énervant de simples fournisseurs de l’éducation nationale.

Bref ce livre m’a remis du baume au cœur, ne serait-ce qu’en rappelant que malgré tout notre bon vouloir, nous en oublions trop souvent que notre tâche principale devrait d’abord être, pour devenir de bons passeurs, conseillers, médiateurs ou initiateurs du livre, la lecture ! C’est tout bête mais à force de pédaler au quotidien le nez dans le guidon parce qu’il faut bien avancer et parce qu’on nous en demande toujours plus (trop ?), on en oublie aussi que parfois ça fait du bien de se poser pour réfléchir un peu à ce que l’on fait ! (et on ne lit jamais au travail !)

Si monter un voyage lecture demande un gros investissement  (en temps et en concertation) au départ, il me semble pour le moins passionnant et payant en retour.

Si d’ailleurs vous avez idée de titres de romans pour des enfants de CM1-CM2 (9-10 ans) sur le thème de la mer, n’hésitez pas à me laisser un commentaire (parce que je trouve toujours vos idées meilleures que les miennes !!)

Le voyage-lecture, bibliothèques et écoles associées, ou comment vivre avec douze livres une histoire commune de lecture, par Véronique-Marie Lombard

Ed. Du Cercle de la Librairie, sept.2003, 93 p. ISBN 2-7654-0865-3, prix : 25 €

Ma note :4,5/5

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Tant qu'il y aura des livres - Laurence Santantonios

29 Juillet 2006, 09:18am

Publié par Laure

D’abord enthousiaste à la lecture de ce livre, le soufflé est un peu trop vite retombé. Au début j’apprenais plein de choses, ensuite beaucoup moins ! Je suis donc beaucoup plus proche de l’avis de Flo que de celui de Cuné. Peut-être parce que travaillant dans le milieu du livre, j’ai déjà lu une bonne part de ces infos dans des articles professionnels. C’est néanmoins un très bon livre pour un public néophyte qui voudrait un aperçu complet mais compréhensible et clair du monde l’édition, des librairies et des bibliothèques.

Je vous livre quand même les passages qui m’ont plu, comme ça, sans logique particulière, dans le sens de lecture, c’est tout :

(tous les passages en bleu-vert sont des citations de l’ouvrage) 

4000 nouveaux livres paraissent chaque mois. 

Les éditeurs détruisent des millions de livres chaque année (104 millions plus les 2 millions pilonnés par les bibliothèques françaises)

18% seulement des Français sont de gros lecteurs, c’est-à-dire qu’ils lisent plus de 20 livres par an. (nous c’est par mois ou presque, nous ne sommes pas normaux, mais vous le saviez déjà !) 

La crise du disque (celle de la vidéo bientôt ?) libère de la place pour le livre. En 1995, Virgin avait fait 14% de son chiffre d’affaires avec le livre et 65% avec la musique. En 2004, les chiffres étaient de 25,5% avec le livre et 31% avec la musique. 

Sur la différence entre livre soldé et livre d’occasion (ça fait du bien de le rappeler) :

Le solde est principalement un palliatif au pilon. Le livre d’occasion est une manière de donner une seconde vie à des livres qui ont déjà été achetés et lus.  

Le directeur d’une grande maison d’édition généraliste constatait que l’édition de littérature générale voue à la destruction (déstockage, pilonnage) à peu près la moitié de ce qu’elle fait imprimer. (p.147)

Cette remarque de François Taillandier à propos de la réédition en format de poche : « La réédition en format de poche veut dire que les éditeurs jugent que ça vaut le coup, que l’ouvrage peut trouver un deuxième souffle, un public que l’édition première n’a pas atteint.

Combien de fois a-t-on entendu : « je l’achèterai quand ça sortira en poche… » Au passage, les lecteurs qui disent cela devraient songer que si tout le monde réagit comme eux, cela n’arrivera jamais… » (p.150-151) 

En général, un livre de poche est réimprimé à partir de 300 exemplaires vendus par an.

Et pour finir, une citation qui fait chaud au cœur des bibliothécaires :

p.220 : les bibliothèques [publiques] sont les gardiennes du trésor (…) Les livres n’ont pas de meilleures maisons pour vieillir en beauté que les bibliothèques.

Et j'aurais pu citer d'autres passages sur la passion de beaucoup de libraires, j'ai aimé qu'elle cite Lirabur, la petite librairie qui a lancé son Prix du Livre oublié (et qui a son blog), la part énorme des diffuseurs dans le circuit, etc.

Bartillat, mars 2005, 240 p. ISBN 2-84100-339-6, prix : 18 €

Ma note : 3/5

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Comment élever un ado d'appartement ? - Anne de Rancourt

8 Juillet 2006, 09:04am

Publié par Laure

L’éleveuse auteur de ce guide est expérimentée : elle a 4 spécimens mâles à la maison, ce qui lui a permis tout loisir d’observation sur une longue période.

Au final, tout parent d’adolescent, mâle ou femelle – les deux genres sont étudiés – n’apprendra pas grand-chose de neuf sur le comportement de l’espèce (il vit avec !), mais passera son temps de lecture à sourire en pensant : « oui, c’est exactement ça, j’ai le même à la maison ». Ce livre permettra donc l’aération profitable des neurones surmenés de la mère de famille (ou du père, s’il possède le chromosome « lecture », c’est moins sûr) en lui offrant un temps d’humour assuré et le recul nécessaire à la dédramatisation de son enfer domestique et éducatif quotidien.

La mère étant un spécimen par nature empathique et altruiste, elle offrira ce petit bouquin à ses copines dotées d’un élevage similaire.

Et puis avouez que la couverture est géniale et donne déjà le ton : l’ado en boîte de conserve ! J’y avais d’abord vu une boîte de soda, compagne de l’ado d’intérieur par excellence, lequel vous offre en plus le rot en direct live, vous savez comme quand il était petit et que vous lui tapotiez le dos pour que ça sorte après les tétées. Ben là plus la peine, au contraire, vous vous échignez en vain à calmer ses spontanéités digestives.

Une tempérance sur la fin : la comparaison poussée avec la race canine m’a un peu agacée.

Je ne ferai qu’une mise en garde concernant ce livre : il a des chances d’être éphémère, car l’ado d’intérieur est une espèce en voie de mutation constante, ce qui est vrai en 2006 ne le sera peut-être plus en 2008, alors faites vite, lisez-le tout de suite !

PS : pour ma part je ne possède que la version « débutante » du spécimen (10-12 ans) mais je vous assure que je suis une bonne éleveuse : tout correspond !

PS 2 : ça marche tout pareil avec un ado de maison, si vous êtes dépourvu d'appartement, car l'ado ne s'aventure jamais à mettre un orteil dans le jardin, c'est contraire à son éthique.

 

L’avis de Tatiana : ici

Ed. Chiflet & Cie, janvier 2006, 123 p., ISBN 2-35164-002-0 , prix : 9,50 €

Ma note : 4/5 

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Il n'est jamais trop tard pour pardonner à ses parents - Maryse Vaillant

6 Juin 2006, 16:22pm

Publié par Laure

Plus que l'envie de partager ce petit bouquin quand même très spécifique, je souhaite juste garder une petite trace quelque part de ma lecture.

Etoffé de cas cliniques qui constituent des exemples, ce petit livre fait bien le tour de la question du pardon filial : que pardonner (mais a-t-on seulement le droit de juger ses parents ?), la gravité de la faute n’est pas toujours égale à la proportion de la souffrance, pourquoi pardonner ? et comment le faire ?

Les chapitres sont conçus de la même façon : un cas pratique, un développement. Je regrette simplement que le développement ne soit pas toujours en lien direct avec le témoignage qui le précède, que le cas donné en exemple ne soit pas analysé plus en détails et donc plus approfondi. J’ai bien apprécié toutefois la comparaison du cheminement du pardon avec le travail de deuil : le réquisitoire ou le refus et la colère, l’inventaire ou le chagrin et les larmes, puis l’acceptation.

 

Un regard mitigé peut-être parce que ce n’est pas exactement ce que je cherchais comme ouvrage mais puisqu’il me passait souvent entre les mains au travail, j’ai fini par y jeter un œil. Mais comme le dit aussi l’auteur, chaque cas est unique et chaque réaction est tellement personnelle qu’il est assez difficile finalement de théoriser sur le sujet. C’est néanmoins fait avec intelligence.

 

Pocket, oct.2004, 247 p., ISBN 2-266-12424-2

Ma note : 2,5/5

 

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La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école - Jean-Paul Brighelli

18 Mai 2006, 12:30pm

Publié par Laure

D’abord, ne pas faire le contresens : il ne s’agit pas d’une fabrique de crétins ou à crétins, mais de la fabrique DU crétin. « Le Crétin dont il s’agit n’est pas le produit de la fabrique, mais son ingénieur, son directeur, son patron. », dixit le préfacier Bernard Lecherbonnier.

Ce livre, qui prend des allures de pamphlet, est aussi excellent qu’affolant. Depuis l’avènement de la Nouvelle Pédagogie, c’est l’hécatombe : éradication du savoir, faillite organisée de l’enseignement, renoncement à la culture, l’école s’épuise juste à formater par le bas des « apprenants » qui seront ouvriers malléables et corvéables à merci pour une industrie immédiate. L’honnête homme et la littérature ont disparu, tout au plus mettra-t-on sur le même plan une biographie d’une star loftstorienne et une œuvre de Racine.

Je me suis souvent surprise à rire (jaune) : phrases mordantes, humour, ironie, et constat effarant dont il faut bien convenir qu’il est réaliste. Et l'auteur a toutes les compétences pour prétendre savoir de quoi il cause. La licence d’aujourd’hui équivaudrait au bac d’il y a 15 ans. Nos enfants ne savent plus écrire une ligne sans 5 fautes d’orthographe, au mieux. Mais ils savent utiliser Internet. Génial. La preuve, mon fils (en 6ème) étudie l’Odyssée sur Internet en ce moment. Ah bon, mais vous avez un livre ? des extraits photocopiés à lire ? Non non on cherche sur Internet ; y a un groupe qui travaille sur le voyage d’Ulysse, un groupe qui travaille sur les femmes dans l’Odyssée, etc. Ah. Mais vous faites quoi exactement ? Ben on cherche sur Internet. Re-ah. Pauvre Homère. Idem pour ma fille, qui est en CM1. Elle passe plus de temps scolaire à faire de la danse contemporaine et des sorties diverses et variées qu’à apprendre sa table de 9. Reste Mosquito, qui du haut de sa Moyenne Section, est aujourd’hui à la ferme pour aller voir la tonte des moutons, et demain elle continuera d’apprendre à écrire son prénom en attaché, tout en sachant compter jusqu’à 50. Et en 6ème, elle n’en saura guère plus. Suis cynique, hein, mais lisez ce bouquin, et vous comprendrez !

Certes l’auteur ne propose pas de solutions (c’est l’objet d’un second livre paru récemment) et on pourrait l’accuser de nostalgie outrancière du bon vieux temps si ses arguments n’étaient pas aussi efficaces et vérifiés.

A lire, vraiment. Mais cela fera-t-il bouger en haut lieu, où politiciens et didacticiens savent mieux que les enseignants ce qu’il faut faire ?

Ed. JC Gawsewitch, sept. 2005, 218 p., ISBN 2-35013-035-5, prix : 16,90 €

Ma note : 4,5/5

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