Les jardins d'Hélène

essais - documents

A Juliette – Fabienne Le Clauze

19 Mai 2018, 14:05pm

Publié par Laure

Fabienne Le Clauze, mariée, est mère de trois filles : Emma(nuelle), Camille, et Juliette. Juliette a quatorze ans lorsqu’elle met fin à sa vie en se jetant sous un train le samedi 2 janvier 2016.

 

Comment survivre à la mort de son enfant ? Comment se reconstruire après la mort de son enfant ?

 

Ce récit est celui d’une mère après le drame, forcément touchant, bouleversant, éprouvant. Il n’est pas dans l’ordre des choses pour un parent de perdre son enfant. Face à un suicide, la culpabilité est maîtresse, même si tout un chacun tente de vous expliquer que non, vous n’êtes pas coupable.

 

Le témoignage de cette maman est sans fard, elle ne cache rien de sa perdition, d’avoir délaissé ses deux filles ainées, de s’être éloignée de son mari, comme coupée du monde et de toute sensation autre que sa douleur insurmontable.

 

C’est par des échanges avec le journaliste Patrick Poivre d’Arvor (qui a perdu sa fille Solenn dans les mêmes conditions) et plus tard des ateliers d’écriture, qu’elle parviendra peu à peu à reprendre le dessus et publiera ce témoignage, à valeur thérapeutique. Il accompagnera sans aucun doute tous les parents qui ont vécu un tel drame. C’est aussi une façon de garder Juliette toujours vivante dans les cœurs.

 

p. 155 : « « C’est le début d’un long travail d’écriture qui donnera naissance à ce témoignage. Aline B. m’encourage aussi, je vais donc poursuivre avec le stage autobiographique, puis d’autres modules. Je ne vais écrire que sur toi, ma Juliette. Je vais en verser des larmes, encore et encore, relire, travailler. Mais, toujours avec toi ! »

 

J’ai été émue surtout au début du livre, j’ai suivi son parcours au cours duquel c’est surtout le temps qui allège à peine un peu la peine, compris son besoin viscéral de connaître le plus de détails, le chemin différent de son mari, les souffrances avouées plus tard des filles aînées, mais j’ai été un peu agacée aussi parfois (un certain niveau de vie à Rambouillet entre psychiatres, leçons de piano et club d’aviation, les enfants précoces à haut potentiel, les échanges avec Patrick Poivre d’Arvor qui signe une très courte préface – puissent les mères éplorées qui ne sont pas nées du même côté de la barrière trouver les mêmes appuis et la même force par l’écriture ?)

 

 

Un récit tragique et vrai.

 

 

 

Flammarion, mai 2018, 236 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-08-143166-9

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ackleyroadphotos/iStock et éd. Flammarion

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Dîner avec Edward - Isabel Vincent

8 Avril 2018, 14:24pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Amérique du Nord) par Anouk Neuhoff

 

Pour aider une amie, la narratrice accepte de dîner chez le père de cette dernière, qui ne se remet pas de la mort de sa femme. Elle-même impuissante face au naufrage de son couple, elle va trouver auprès du vieil homme nonagénaire douceur et réconfort lors des somptueux dîners qu’il cuisine pour elle.

 

Le roman (je ne comprends vraiment pas ce que ce roman sirupeux fait en catégorie documents), dont les titres de chapitres constituent les menus offerts par Edward, se veut bienfaisant par un partage de souvenirs et de coups de blues.

 

Quels ennui et vide abyssal dans ce récit aussi creux que les huitres servies !

 

« Un sens de l’humour sans faille, une solide philosophie de l’existence […] Jalonné de préceptes de savoir-vivre, un petit précis d’optimisme et de gourmandise, un magnifique texte sur le pouvoir de la résilience et la force de l’amitié » : celui qui a rédigé la quatrième de couverture n’a pas dû lire le même livre que moi car je n’ai retrouvé aucun de ces éléments dans ces interminables dîners avec Edward. Juste un récit sans intérêt.

 

J’ai rarement été aussi sévère, c’est peut-être le livre de trop dans ce Prix Elle, mais ce n’est pas parce que les livres de développement personnel et autres feel-good books sont à la mode qu’il faut publier tout et n’importe quoi….

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018, catégorie Documents

 

 

 

 

 

Presses de la Cité, avril 2018, 188 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2258-14507-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Presses de la Cité.

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En camping-car – Ivan Jablonka

11 Mars 2018, 16:20pm

Publié par Laure

Ivan Jablonka, historien et écrivain, raconte ici ses souvenirs d’enfance de vacances en famille dans le combi Volkswagen de ses parents, ainsi que l’histoire de ce véhicule mythique devenu symbole d’une génération et d’un mode de vie.

 

Les vacances en camping-car, à sillonner l’Europe, c’était avant tout un symbole de liberté et de découverte extraordinaire.

 

Le récit est plaisant, mais vaut surtout pour l’analyse sociologique de ce type de vacances dans les années 1980-90.

 

J’ai été gênée par le fait que l’auteur revienne à de nombreuses reprises sur la question de sa judéité, si je l’entends pour l’histoire de ses grands-parents sur lesquels il a déjà écrit, je ne vois pas bien le rapport avec le sujet de ce texte-ci.

 

Un ouvrage à offrir aux amoureux des combi Volkswagen et d’une époque révolue, celle du camping sauvage, sans quoi le récit risque d’être assez vite oublié.

 

 

Quelques extraits :

p. 67 : « Notre bonheur ne dépendait pas des achats (on avait tout à la maison), mais de notre mise à distance de la société de consommation. Les biens n’avaient pas d’attrait, puisque nous les possédions déjà. La simplicité était devenue notre luxe. En ce sens, le camping-car était postindustriel. »

 

p. 115 : « Si les moqueries de mes camarades me mettaient mal à l’aise, c’est parce que je sentais qu’elles visaient bien plus que des vacances : notre identité familiale, notre mode de vie, notre « style », la personnalité de mes parents, donc l’éducation que je recevais d’eux. Partir un camping-car révélait un certain niveau de revenus, mais aussi l’absence de traditions familiales et de racines ; un certain capital culturel, mais aussi un manque de savoir-vivre, une inclination au ridicule, mais aussi une liberté d’esprit, une capacité de détachement, par fierté ou indifférence au qu’en-dira-t-on. »

 

 p. 120 : « La façon dont mes parents ont élu et pratiqué le camping-car illustre le génie de la bourgeoisie à diplômes : le pressentiment que l’essentiel, pour réussir à l’école, ne s’apprend pas à l’école ».

 

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018, catégorie Documents.

 

 

 

 

 

 

Seuil, coll. La librairie du XXIème siècle, 172 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-02-136161-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © archives de l’auteur et éd. du Seuil

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Les sœurs Brontë : la force d’exister – Laura El Makki

31 Janvier 2018, 11:47am

Publié par Laure

Issues d’une famille pauvre mais aimante, les trois sœurs Brontë sont toutes trois écrivains.

 

Cette biographie de Laura El Makki retrace leur histoire familiale, à une époque où l’espérance de vie était de vingt-cinq ans, à cause de la tuberculose et de la mauvaise qualité de l’eau.

 

Leur famille fut rudement éprouvée : 6 enfants rapprochés, les deux filles aînées décèdent rapidement, un seul garçon, qui sera très proche dans les jeux et le parcours littéraire et artistique de ses sœurs Charlotte, Emily, et Anne. Leur mère meurt très tôt, à l’âge de 38 ans, la petite dernière n’a que 20 mois. Leur père en revanche, mourra à l’âge de 84 ans et aura surmonté la mort de ses six enfants.

 

Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans cette biographie, ce sont les parallèles faits entre la vie personnelle et les romans de Charlotte et Emily, expliquant tel ou tel personnage ou lieu.

 

Je regrette un ton un peu trop froid et détaché de la part de la biographe, peut-être un peu trop neutre, sans passion aucune.

 

Je trouve inutiles les 30 pages de notes finales, pour la simple raison que les renvois sont pénibles quand ils ne sont pas faits en bas de page. Je ne les ai donc pas lues. Elles serviront néanmoins à des étudiants ou lecteurs qui ont vraiment besoin d’approfondir le sujet.

 

Sans le prix ELLE je n’aurais jamais lu cet ouvrage mais j’ai apprécié de pouvoir resituer des romans devenus des classiques dans une histoire familiale singulière, loin de la vie mondaine, à une époque où la maladie laissait peu de chances de longévité, et où la place de la femme était inexistante. Intéressant, cette biographie donne envie de se replonger dans les œuvres des sœurs Brontë, ce qui est toujours plaisant quand une lecture en appelle une autre.

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

 

 

 

 

 

Ed. Tallandier, novembre 2017, 317 pages, prix : 20,90 €, ISBN : 979-10-210-2437-3

 

 

 

Crédit photo couverture : © Maria Heyens / Arcangel

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Les Passeurs de livres de Daraya – Delphine Minoui

18 Janvier 2018, 15:52pm

Publié par Laure

C’est en octobre 2015 que Delphine Minoui, grand reporter spécialiste du Moyen-Orient a un premier échange par Skype avec Ahmad Moudjahed, jeune syrien de 23 ans. Ahmad est descendu pour la première fois dans la rue en mars 2011, au début de la révolution syrienne.

 

Il vit à Daraya, « une prison à ciel ouvert à seulement sept kilomètres au Sud-Ouest de Damas » (p.31), une ville fantôme qui est passée de 250 000 habitants avant la révolution à 12 000 habitants en 2015, dont 2000 combattants.

 

Fin 2013, des amis d’Ahmad l’appellent pour exhumer des livres d’une maison en ruines. P. 17 : « Au cœur de la guerre, l’idée lui paraît saugrenue. A quoi bon sauver des livres quand on n’arrive pas à sauver des vies ? Il n’a jamais été grand lecteur. Pour lui, les livres ont le goût du mensonge et de la propagande ».

Mais dès lors, les livres sauvés des décombres pour constituer une bibliothèque secrète deviennent le symbole de leur liberté, et d’une forme de résistance. Il n’est pas question de piller, les jeunes résistants notent autant que possible les noms des propriétaires à l’intérieur des ouvrages, dans l’espoir de pouvoir les restituer après la guerre.

 

 

« Lire pour s’évader. Lire pour se retrouver. Lire pour exister …

Chez les jeunes de Daraya, c’est encore plus que ça. Là-bas, dans l’enclave syrienne, la lecture est aussi un acte de transgression. C’est l’affirmation d’une liberté dont ils ont été si longtemps privés. » (p. 51)

 

La bibliothèque secrète occupe une bonne place au début du livre mais elle laisse assez vite la place à l’histoire plus large du conflit de cette ville assiégée. C’est toute l’horreur des bombardements, du gaz sarin et du napalm, quotidien d’une population et des activistes qui luttent. Fragilité des moyens de communication aussi en temps de guerre, peur, famine, ce document est avant tout un récit des terreurs imposées par le régime de Bachar al-Assad sur la ville.

 

La bibliothèque, aussi surprenante et noble soit cette idée, est un prétexte presque anecdotique au reportage global de Delphine Minoui sur la ville de Daraya. Il était néanmoins nécessaire et important d’entendre – de lire – cette parole de résistants, leur réalité quotidienne, et le courage de ces hommes. Instructif et intéressant.

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018, catégorie Documents

 

 

 

Seuil, octobre 2017, 157 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-02-136302-9

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ahmad Moudjahed / et éd. du Seuil

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Même Dieu ne veut pas s’en mêler – Annick Kayitesi-Jozan

20 Décembre 2017, 09:46am

Publié par Laure

Annick Kayitesi-Jozan a survécu au massacre des Tutsis par les Hutus au Rwanda en 1994. Par une alternance entre passé et présent, elle fait le récit difficile de la barbarie subie, et sa difficulté à vivre aujourd’hui avec ce lourd passé, et comment l’expliquer à ses enfants.

 

Auparavant elle avait déjà perdu son père et sa sœur âgée de 6 ans en 1988 à Bruxelles. En 1994, elle a 14 ans lorsque sa mère est atrocement tuée sous ses yeux et ceux de sa sœur Aline.

 

En 2014 elle a 34 ans, lorsque le Rwanda commémore pendant cent jours les 20 ans du génocide, car celui-ci a duré cent jours.

 

L’alternance des époques rend parfois confuse la lecture.

 

Malgré l’intérêt historique de l’ouvrage, il demeure un témoignage personnel qui a peut-être valeur de thérapie pour son auteure et de mémoire à laisser aux siens, mais qui peine à toucher vraiment son lecteur, du fait de son côté trop personnel (individuel) peut-être.

 

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018, catégorie Documents.

 

 

 

 

 

Seuil, septembre 2017, 226 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-02-136669-3

 

 

 

Crédit photo couverture : © Jérôme  Panconi pour la photo de l’auteur / éd. du Seuil.

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Gabriële - Anne et Claire Berest

12 Novembre 2017, 15:27pm

Publié par Laure

Anne et Claire Berest dressent le portrait de leur arrière-grand-mère, Gabriële Buffet, dont elles ont appris l’existence tardivement. Gabriële Buffet était une théoricienne de l’art visionnaire, la femme de Francis Picabia, la maitresse de Marcel Duchamp, et l’amie intime de Guillaume Apollinaire.

 

Le récit couvre essentiellement les années 1908-1919 et éclaire la personnalité de cette femme exceptionnelle, tant par son intelligence artistique que par son féminisme avant-gardiste et son dévouement sans faille à son mari tout aussi particulier, et ce sans jamais se départir de sa liberté de pensée.

 

Je suis entrée dans ce livre à reculons, pensant que le sujet et la période ne m’intéressaient pas du tout, et j’y suis retournée avec curiosité, le récit des sœurs Berest se révélant littéralement passionnant. La fluidité de la narration fait qu’il se lit comme un roman. La création de mouvements artistiques, le monde de l’art, les relations étroites avec de grands artistes comme Duchamp et Apollinaire, le mode de vie souvent « hors du monde » de ces protagonistes, notamment pendant la guerre, rendent leur approche fascinante.

 

En filigrane, le rapport de Gabriële à la maternité, alors qu’elle eut 4 enfants, est surprenant. Elle était tout entière à son mari, même quand celui-ci fréquentait ouvertement d’autres femmes, à son homme et à son art.

 

Un seul regret peut-être, celui de ne pas avoir inséré une iconographie dans le livre, afin de mieux se représenter les œuvres citées sans aller voir sur Internet en parallèle, alors que les nombreuses notes référant au travail de recherche sont (à mon goût) inutiles pour le lecteur lambda.

 

 

Une découverte culturelle passionnante.

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018.

 

 

 

 

p. 389 : « Gabriële et Francis, même si cela peut paraître étonnant, sont plus liés que jamais. Picabia ne cache absolument rien à son épouse. Et il s’en remet à elle. Elle est son double, sa famille, sa complice. Même s’ils décidaient de ne plus vivre ensemble, cela ne changerait rien. Ils sont liés, comme deux flammes jumelles, à la vie, à la mort.

Tous les jours, elle va marcher, c’est son salut. Cette femme si cérébrale devient sensuelle au contact des pins, des lacs et des chemins enneigés, comme si cette nature dure et accueillante lui permettait d’être tout à fait elle-même, de s’abandonner un peu. »

 

 

 

 

Stock, août 2017, 440 pages, prix : 21,50 €, ISBN : 978-2-234-08032-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © Alexandre Guirkinger et éd. Stock

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La tête et le cou – Maureen Demidoff

30 Octobre 2017, 10:16am

Publié par Laure

sous-titre :  Histoires de femmes russes

 

Voici un ouvrage dont je n’aurais jamais entendu parler et vers lequel je ne serais jamais allée sans le Grand Prix des Lectrices de ELLE, et ce fut une belle découverte, intéressante.

 

A travers des témoignages de femmes russes de trois générations différentes, c’est l’histoire de la Russie et du modèle social et familial ainsi que du rapport homme / femme qui se dévoile. L’approche est simple et n’a pas le côté roboratif que pourrait avoir un livre d’Histoire. Si j’avais quelques idées de l’Union soviétique et de la Russie de Poutine, je méconnaissais totalement la période de transition des années 1991-2000, et par la « petite histoire » de ces femmes, j’en ai appris davantage.

 

On peut regretter peut-être un manque de lien entre les différents témoignages ; le dernier texte d’un homme psychanalyste et le rappel historique d’Hélène Yvert-Jalu en postface complètent utilement l’ouvrage.

 

Une curiosité « imposée » qui s’est révélée intéressante et qui donne envie d’en découvrir plus sur ce vaste pays dont les éditions des Syrtes semblent spécialistes.

 

p. 33 « Les Romains disaient que l’homme est la tête et que la femme est le cou. La tête ne bouge que grâce au cou qui la commande, et ne regarde que la direction que le cou indique. C’est un proverbe largement répandu en Russie que nous utilisons beaucoup ». (Témoignage de Ludmila)

 

p. 43 : « Les hommes, je les aimais intelligents, cultivés, et surtout aimant les livres. Un homme qui n’aime pas lire ne peut pas être intéressant. Une bête de somme, rien de plus.

J’ai toujours beaucoup lu. Les livres représentaient pour moi un espace de liberté fantastique, mon esprit s’envolait au fil des pages vers des univers ignorés. » (Témoignage de Tatiana)

 

 

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

 

 

 

Editions des Syrtes, août 2017, 213 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-940523-56-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Alexander Petrosyan et éd. des Syrtes.

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Immunisés ? Un nouveau regard sur les vaccins – Lise Barnéoud

12 Octobre 2017, 10:38am

Publié par Laure

A partir du 1er janvier 2018, 11 vaccins seront obligatoires pour les nouveau-nés et jeunes enfants, contre 3 actuellement. Indépendamment de ce projet de loi, les vaccins ont toujours fait débat et déclenché l’ire des « anti » criant au scandale des profits des laboratoires pharmaceutiques et des effets secondaires pouvant entrainer dans certains cas le décès du patient.

 

Lise Barnéoud, dans un ouvrage passionnant et accessible (mais pas simpliste), retrace l’histoire de la vaccination et balaie tous les aspects de la question de manière objective. Dans le respect des opinions et à l’appui de données chiffrées vérifiées.

 

Elle commence par un rappel historique, avec l’inoculation volontaire de la variole par Mary Wortley Montagu en 1718, puis explique comment fonctionne l’immunité dans le corps humain. Comment en se protégeant soi on protège aussi les autres. C’est cet aspect de la vaccination comme pacte de solidarité, cette dimension collective qui légitime l’intervention des pouvoirs publics.

 

L’analyse est sérieuse, objective, intéressante, ne ferme aucune porte et ne refuse pas les avis des « anti ». Combien ça coûte (d’être vacciné et de ne pas l’être !), combien meurent et pourquoi, etc.

 

Très enrichissant à lire, et détaché de toute passion aveuglée.

 

A la fin de l’ouvrage, 16 fiches synthétiques détaillent chacun des 16 principaux vaccins, leurs contenus et leurs enjeux en matière de santé publique et individuelle.

 

 

Premier parallèle, août 2017, 237 pages, prix : 18 €, ISBN 979-10-94841-52-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Stanislas Gros et éd. Premier Parallèle.

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Des hommes qui lisent - Edouard Philippe

13 Septembre 2017, 10:29am

Publié par Laure

Edouard Philippe, Premier Ministre depuis mai 2017, a toujours aimé la lecture. Avec des hommes qui lisent (on pensera naturellement au titre de Laure Adler, les femmes qui lisent sont dangereuses), il évoque son parcours de lecteur, depuis l’âge de six ans, en déchiffrant une page de L’Enfer de Dante devant son père, jusqu’à aujourd’hui, où les livres ne l’ont jamais quitté et comment il s’est construit avec eux.

 

Sa passion et sa curiosité pour la littérature ne sont pas feintes, elles suscitent bien sûr l’envie de découvrir les livres dont il fait l’éloge, en fin d’ouvrage notamment, où il propose un certain nombre de titres et les circonstances dans lesquelles il les a lus. Il ose aussi aborder les monuments qu’il n’a pas encore ouverts et raconte aussi comment c’est parfois le cinéma qui l’a conduit à découvrir Edmond Rostand (Cyrano) ou Victor Hugo (Les Misérables).

 

Il aborde de manière passionnante et intelligente les politiques culturelles publiques, et notamment une politique de la lecture, qu’il a pu développer en tant que maire du Havre, qui est réfléchie et sensée, en évoquant les écueils fréquemment retrouvés, comme le fait par exemple d’en faire une politique des bibliothèques, ou une sacralisation de l’objet livre. La cible est et doit toujours être le lecteur, pas le livre.

 

Ce récit est un régal, œuvre simple mais passionnante d’un homme cultivé à la pensée brillante.

 

On peut toutefois imaginer que la lecture de son livre tendra à se rapprocher d’un des écueils de la lecture publique qu’il dénonce : « admettre que les bibliothèques sont trop souvent réservées à ceux qui y sont déjà entrés. L’immense majorité des utilisateurs d’une bibliothèque aime déjà les livres. », ainsi ceux qui liront Edouard Philippe aiment très certainement déjà les livres et la lecture et sont déjà convaincus de leur intérêt.

 

Un livre qu’on devrait offrir à nos élus, à la culture bien sûr, mais pas seulement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JC Lattès, juillet 2017, 247 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-7096-6143-0

 

 

 

Crédit photo couverture :  © éd. JC Lattès

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