Les jardins d'Hélène

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La reine sous la neige – François Place

1 Octobre 2019, 18:34pm

Publié par Laure

Une vague de froid paralyse l’Europe du Nord. Sam, dix-huit ans tout juste, qui vit avec sa mère en Afrique du Sud, devait atterrir à Amsterdam pour passer les vacances scolaires chez son père et sa belle-mère et y fêter les quatre ans de son petit-frère, mais son avion est dérouté vers l’aéroport de Londres en raison d’une forte tempête de neige. Une hôtesse va prendre soin d’elle dans un premier temps, mais les déconvenues vont vite s’accumuler : agression, vol de son téléphone portable, rien ne se passe comme prévu. Pour ne pas affoler davantage ses parents, elle va tenter de se débrouiller.

 

Deux jeunes garçons sont venus à son secours, empêchant qu’elle se fasse aussi voler ses papiers et son argent. D’ailleurs elle ne restera pas insensible au jeune Eliot, qui lui aussi s’éprendra bien vite d’elle. Mais séparés par de nouvelles mésaventures rocambolesques et le décès soudain de la Reine d’Angleterre, les amoureux parviendront-ils à se retrouver ?

 

Ce roman destiné aux ados (dès 13 ans) est frais, léger, drôle. Il surfe un peu avec le surnaturel, mais ça reste subtil. Même s’il y a peu de surprises, on prend beaucoup de plaisir à le lire. Il est assez osé pour un auteur de mettre en scène le décès d’un personnage public encore bien vivant. On imagine à la lecture qu’il ne prend pas grand risque et que ça se passera plus ou moins comme cela d’ailleurs !

 

Les personnages secondaires sont plaisants également, la fin traine un peu en longueur en même temps que l’enquête policière s’embourbe, mais qu’importe, c’est une belle histoire !

 

 

 

Gallimard jeunesse, septembre 2019, 292 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-207-513224-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © Shutterstock – Matthieu Roussel

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Premier arrêt avant l’avenir – Jo Witek

28 Août 2019, 10:41am

Publié par Laure

Pierre, dix-huit ans tout frais, vient de réussir son bac. Élève brillant, double lauréat du premier prix au concours général en maths et en physique-chimie, il est issu d’un milieu modeste et un bel exemple de l’ascension sociale par l’école. Méritant, il intègre le St Graal : une prépa à Henri IV à Paris.

 

C’est le jour du départ, et quelque part celui de la bascule dans le monde adulte, où l’insouciance prend fin. Mais la rencontre d’Olympe dans le TGV, une jeune fille extravertie et aux idées anarchistes et révolutionnaires, va venir troubler ses certitudes acquises et son avenir tout tracé.

 

J’ai adoré ce roman, la pertinence des pensées, le héros attachant, les réflexions sur l’asservissement au monde du travail et un modèle économique que beaucoup commencent à renier, et ces petits papillons dans le ventre du premier amour.

 

 

Jo Witek signe ici un magnifique roman initiatique, enthousiasmant et …. brillant. J’ai souvent pensé aux collégiens de 4ème-3ème avec qui je travaille, si message il y a sur les portes que vous ouvrent l’enseignement et l’éducation, mais force est de reconnaître que c’est un roman mature, qui ne donne à voir que des jeunes qui ont une connaissance du monde et une capacité à penser déjà bien avancées, des personnages bien éloignés des jeunes que je rencontre. Peut-être s’adressera-t-il davantage à des lycéens, à partir de la seconde, cet âge où l’on grandit un peu plus dans sa tête !

 

Il en reste ce discours final exceptionnel de Pierre devant sa classe, contraint et forcé par son professeur, sur l’idée qu’il a d’une classe préparatoire, et qui contraste avec le discours à l’ancienne de l’enseignant. Puisse-t-il n’être pas seulement utopiste. Oser être soi et construire avec les autres.

 

Allez les jeunes le monde de demain vous appartient !

 

 

 

Extraits :

p. 9/154 (numérique) : « Le plus dur reste à faire. […] Il a dix-huit ans. Il sait que son avenir est devant, que ce quai de gare n’est qu’une ligne de départ, une rampe de lancement, un plongeoir de dix mètres duquel il va falloir sauter. Il est pugnace, travailleur, résistant, il n’a pas peur, pourtant au bout du quai, il frissonne. Il grelotte en plein mois d’août sous un soleil de plomb.

C’est un grand jour. »

 

p.35/154 (numérique) : « Notre monde est basé sur la loi du plus fort, Pierre, la domination du plus rusé, du plus filou, du mieux né, et tant qu’on en sortira pas de cette spirale infernale qui nie la faiblesse, la différence, le doute, la tendresse, l’empathie, la générosité, l’honnêteté, la bienveillance et la poésie, cette spirale de l’homme fort qui domine tour : femmes, enfants, animaux, eh bien, rien ne changera, ouais, rien ne changera jamais ! »

 

p.81/154 (numérique) : « - Tu vois, poursuit Fabien, les yeux étincelants, je crois que la plupart des gens ont des idées, pas mal d’idées pour améliorer les choses sur cette planète déjà fragilisée, mais notre société menée en force par les lois de la finance empêche la créativité et la libre pensée. Putain, il est temps de ne plus avoir peur, Pierre, tu ne crois pas ? C’est pour ça qu’on part tous les cinq, pour prouver aux adultes que leurs modèles de réussite sociale ne peut-être plus les bons. A nous d’en inventer de nouveaux ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Actes Sud junior, août 2019, 224 pages, prix : 14,90 €, ISBN : 978-2-330-12441-0

 

 

 

Crédit photo couverture : © getty Images / gruizza / et éd. Actes Sud junior

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La théorie de l’iceberg – Christopher Bouix

22 Août 2019, 15:18pm

Publié par Laure

Été 1993. Noé, 15 ans, se remet d’un accident de surf dont il a été victime six mois auparavant. Il en garde une phobie pour l’océan et un léger bégaiement.

 

Issu d’un milieu modeste, c’est un élève plutôt réservé. Encouragé par sa professeure de français, il a toujours aimé écrire. Son embauche à la bibliothèque pour du portage à domicile l’été (sur un quiproquo d’identité) et sa rencontre avec un grand écrivain de science-fiction retiré du monde vont lui donner le coup de pouce nécessaire pour participer à un concours de nouvelles. De même sa rencontre avec Lorraine (comme la quiche ? lui demande-t-il lors de leur rencontre) va le sortir de ses retranchements et lui faire vivre ses premiers frémissements amoureux.

 

J’ai aimé la fraicheur du roman, surtout dans ses débuts : héros maladroit, traits d’humour, le lecteur est ferré et en empathie avec lui.

 

Mais à trop vouloir promouvoir les bienfaits de la lecture et de l’écriture, l’auteur en fait peut-être un peu trop au risque d’être contre-productif : les leçons de construction d’un récit de fiction et de points de vue de narration frôlent le cours indigeste pour qui n’embrasse pas la même ambition que Noé. Le grand écrivain qui y va de ses bons conseils tant en technique narrative qu’en classiques incontournables à lire à 15 ans (aucune surprise dans les titres cités), tout cela résonne un peu trop du message à faire passer.

 

Au final, un roman initiatique léger, peut-être un peu trop scolaire et pédagogique, qui plaira avant tout à ceux qui aiment déjà lire et écrire.

 

Le titre « la théorie de l’iceberg » renvoie à l’écriture d’Hemingway, qui favorise l’implicite à l’explicite.

p. 167 : « Il m’a ensuite expliqué la théorie développée par Ernest Hemingway :

- ça s’appelle la théorie de l’iceberg. Selon Hemingway, la force d’une histoire réside dans ce qui est sous-jacent. Tout ce qui n’est pas exprimé mais que le lecteur ressent. Imagine un iceberg. Les sept huitièmes sont sous l’eau. On ne les voit pas. Mais ce sont eux qui portent la masse. En littérature, c’est pareil. C’est toute cette partie immergée, cet ensemble de non-dits, qui fait la force d’un texte. »

 

 

 

Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs 13-16 ans de la ville du Mans et du département de la Sarthe 2020.

 

 

 

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, septembre 2018, 217 pages, prix: 10,50 €, ISBN : 978-2-07-510723-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Emmanuel Polanco et éd. Gallimard jeunesse

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Nightwork - Vincent Mondiot

6 Mai 2019, 10:57am

Publié par Laure

Je suis toujours soufflée par l’audace et l’engagement de la littérature dite « pour ados » : si seulement la littérature générale pouvait avoir cette même force plus souvent….

 

Patrick a quatorze ans, et ce n’est pas un mauvais bougre. Il s’acharne à le démontrer en ouvrant son histoire par le sauvetage de Sanguine, un moineau mazouté qui a confondu goudron surchauffé et flaque d’eau. Patrick, c’est aussi un duo très fort avec son frère Abdel, dont on comprend qu’ils n’ont pas la même origine ni filiation, c’est aussi la souffrance permanente du harcèlement scolaire, et la violence quotidienne d’une mère paumée et alcoolique.

 

Mais c’est bien plus que tout cela également : Vincent Mondiot construit un univers romanesque fort, qui n’épargne aucune violence et réalisme des quartiers de banlieue, entre drogue et prison, entre misère et force de caractère. Car Patrick est un bon gars, qui va grandir bien malgré lui avec un drame difficile à surmonter, et il serait dommage d’en dire plus tant le récit est fort, la construction narrative particulièrement réussie, et les personnages tous importants.

 

On en ressort aussi sonné qu’admiratif : l’auteur connait son sujet, son titre en lien avec la création d’un jeu vidéo prend plusieurs sens à la lecture, le tragique n’a jamais de vocation misérabiliste, c’est juste excellent.

 

 

 

Merci à Claudia de m’avoir fait découvrir cet auteur !

 

 

 

Actes Sud junior, collection romans Ado, octobre 2017, 272 pages, prix : 14,50 €, ISBN : 978-2-330-08668-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © Julie Guiches / Picturetank / et éd. Actes Sud junior.

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Bleu espoir – Cathy Cassidy

9 Avril 2019, 16:17pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Anne Guitton

 

 

Hannah, 12 ans, est la narratrice de l’histoire. En allant en cours un matin, avec sa meilleure amie Joey, elles trouvent trois chatons abandonnés dans les poubelles de la cantine. Elles s’empressent de les sauver et l’un d’entre eux aura un rôle prépondérant dans la vie d’Hannah….

 

12 ans, c’est aussi l’âge des premiers émois amoureux, et Hannah ne voit pas d’un très bon œil que son amie Joey tombe amoureuse de son grand frère Kit, il n’y en a plus que pour lui et Hannah se sent délaissée.

 

Joey vit dans une famille d’accueil, après avoir été recueillie (la famille récup’ !) elle a été officiellement adoptée. Joey est aussi fantasque et expansive qu’Hannah est timide. Mais quand un nouvel élève, Paul, aussi réservé qu’elle, arrive au collège, tout va changer… Paul est placé dans la famille d’accueil de Joey et porte un lourd passé. Différent, sensible, les garçons de la classe vont en faire leur victime et le maltraiter, sous couvert « qu’il serait gay ». Paul ne veut pas parler, il sait qu’il changerait à nouveau de famille et retournerait en foyer, ce qu’il refuse, car outre la lassitude des changements nul n’est dupe : Paul n’est pas insensible à la présence d’Hannah (qui elle ne voit rien bien sûr !)

 

Bleu espoir (curieux titre, le titre anglais, Driftwood (bois flotté) ayant bien plus de sens à la lecture) est un roman sentimental qui aborde les thèmes du harcèlement scolaire et de l’homophobie avec subtilité pour un public pré-adolescent et jeune ado, et montre combien il n’est pas toujours aussi facile de réagir, combien de courage il faut, et il faut parfois savoir rompre ses promesses quand une vie est en danger.

 

Ce roman, par l’auteure de la série des « filles au chocolat », saura séduire et sensibiliser les jeunes lectrices/eurs dès 10/11 ans.

 

 

 

Nathan, janvier 2019, 2015 pages, prix : 15,95 €, ISBN : 978-2-09-258839-0

 

 

 

Crédit photo couverture : © Laurence Ningre, design culinaire : Caroline Bourgeois / et éd. Nathan

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Nos éclats de miroir - Florence Hinckel

19 Janvier 2019, 16:00pm

Publié par Laure

Cléo a quatorze ans et onze mois, et elle écrit tout le temps. Très touchée par le journal d’Anne Frank, elle décide de lui adresser ce carnet dans lequel elle écrit chaque jour, et qu’elle tiendra jusqu’à ses 15 ans, 1 mois et 20 jours, âge auquel est morte Anne Frank. Comme celle-ci écrivait à son amie imaginaire Kitty, Cléo écrit à Anne Frank en signant Kitty.

 

Elle lui confie sa vie d’adolescente au collège, son amitié plutôt toxique avec Bérénice, la mort de son père, la mélancolie de sa mère qui peine à ne pas perdre pied, ses liens avec sa sœur et ses rêves avec Dimitri… De brefs chapitres ornés parfois de quelques calligrammes qui montrent surtout combien l’écriture peut être un refuge et une libération tout à la fois, quand on est une adolescente un peu effacée et hypersensible.

 

Si j’ai trouvé le début plutôt simpliste, j’ai fini par trouver Cléo attachante, au sein de cette famille et de cette amitié anxiogènes. Un journal intime qui devrait séduire les jeunes à partir de 12 ans, et qui pourrait leur donner l’envie de faire de même pour exprimer leurs joies et leurs peines.

 

Extrait p. 143 : "Je perçois des choses, je vois ce qui est anormal dans cette société.

Mais je ne sais pas encore quoi faire.

Ou si j'en suis capable.

Écrire est ma seule arme.

Ma seule défense, aussi."

 

 

L’autrice offre quelques pages de son propre journal intime à la fin de l’ouvrage, car elle-même avait ressenti ce besoin d’écrire après avoir lu le journal d’Anne Frank, elle avait 12 ans en 1985, et choisi de signer Kitty dans son journal adressé à Anne.

 

 

 

Nathan, janvier 2019, 171 pages, prix : 14,95 €, ISBN : 978-2-09-258804-8

 

 

Crédit photo couverture : © Sarah Maxwell et éd. Nathan

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Le domaine - Jo Witek

18 Janvier 2019, 16:37pm

Publié par Laure

Gabriel Delaire et sa mère Florine arrivent au « domaine », un beau manoir de maître au milieu des Landes. Florine doit y occuper un emploi d’aide-cuisinière pour deux mois, et son fils, passionné de nature et d’ornithologie, l’accompagne, espérant s’abreuver de ces beautés naturelles et animales.

La scène d’ouverture est très forte, faisant penser aux oiseaux d’Hitchcock, plaçant d’emblée les personnages et leur caractère, ainsi que l’atmosphère de la maison. La comtesse, apeurée par une chouette prisonnière affolée, la fait tuer par le jardinier Vincent.

Gabriel se régale à observer la nature, en se rapprochant de Vincent, tout en dénonçant auprès de sa mère ce rapport de classes qui l’exaspère. Mais sa mère l’élève seule, le poste est bien payé : elle a besoin d’argent pour ses études.

L’atmosphère est lourde, étrange, Gabriel se sent épié. Mais tout va bien jusqu’à l’arrivée des cousins, les petits-enfants du comte et de la comtesse de La Guillardière. Gabriel est immédiatement séduit par Éléonore, une belle adolescente qui ne cache pas son caractère dépressif. Désir, peur, différence de milieu social, cauchemars…. Le lecteur est ferré depuis longtemps pour cheminer avec Gabriel et les pages se tournent toutes seules.

 

Je me suis fait avoir comme une bleue, surprise par le twist totalement inattendu à la fin du livre. Pour autant, est-il vraiment crédible ? c’est ma seule réserve tant j’ai aimé ce roman d’apprentissage flirtant avec le thriller, qui aborde la sensibilité à un âge fragile, le suicide des adolescents sur un fond de romantisme plutôt sombre, la différence (de caractère, et donc de confiance en soi, de classe sociale également), la violence affective des premières amours, et la constance de l’amour maternel.

 

Un très beau roman pour ados (dès 13/14 ans) que je conseille volontiers.

 

 

Actes Sud Junior, mars 2016, 327 pages, prix : 15,50 €, ISBN : 978-2-330-06086-2

 

 

Crédit photo couverture : © Caroline Barbera / picturetank / éd. Actes Sud junior

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Simon & Louise - Max de Radiguès

17 Novembre 2018, 14:31pm

Publié par Laure

Simon & Louise est l'édition intégrale de deux albums parus précédemment : 520 km, et un été en apnée.


Chacune de des deux parties présente le point de vue d'un personnage : celui de Simon pour la première et de Louise pour la seconde.


Le temps d'un été, c'est le récit classique mais frais et réaliste des premières amours adolescentes, des premières ruptures sur le coup d'un quiproquo, des jeux amoureux et de la complicité entre cousines. Vacances en familles, audace, courage, désirs et envie... pour mieux se retrouver à la rentrée ?

 

 

Sarbacane, mai 2017, 125 pages, prix : 18,50 €, ISBN : 978-2-84865-979-4

 

 

 

Crédit photo couverture :  © Max de Radiguès et éd. Sarbacane.

 

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Cœur battant – Axl Cendres

21 Septembre 2018, 10:06am

Publié par Laure

Alex a 17 ans et il assiste à sa première réunion des suicidants : les suicidants, ce sont ceux qui ont raté leur suicide, à ne pas confondre avec les suicidaires, ceux qui ne sont pas passés à l’acte.

Il y rencontre Alice, pour qui son cœur se met à battre immédiatement. Dans cette clinique psychiatrique de la Citadelle (féérique) qui accueille des alcooliques, des anorexiques, des sexooliques et des suicidants, vont naitre de belles amitiés, notamment avec Victor, Colette et Jacopo.

Tous les cinq vont s’enfuir pour un suicide collectif, mais le voyage ne va pas se passer comme prévu !

 

Le sujet paraît sombre et pourtant, il y a une belle lumière, de la poésie, de l’humour, et un attachement évident pour ces personnages. J’ai adoré le côté un peu étrange et légèrement barré du début du roman, puis la tournure qu’il prend et la pêche qu’il donne.

 

 

Un cœur battant, c’est un cœur qui bat, mais c’est aussi une ressource intérieure de battant.

 

La mère d’Alex était bipolaire. Elle s’est pendue quand il avait 8 ans. C’est lui qui l’a trouvée. Il n’a d’abord ressenti aucune émotion, comme si son cœur était entouré d’une épaisse couche de glace. C’est à 17 ans que la douleur est apparue, il a pleuré pendant des jours et décidé de ne plus aimer personne : « à quoi ça servait d’aimer les gens, puisqu’ils allaient mourir ? » (p.32)

 

Alice et l’équipée folle qui s’en va chez Jacopo pourraient bien le faire changer d’avis…

 

« Il a peur de la mort », elle a simplifié.

« Ben, c’est normal… T’as pas peur de la mort, toi ? »

« Non » elle a répondu, « c’est de la vie que j’ai peur. La mort, je ne la connais pas. En revanche je connais la vie, je sais de quoi elle est capable. Et c’est terrifiant. »

Là-dessus, Alice nous a plantés là, et elle est sortie fumer. (p. 134.)

 

 

Sur un sujet délicat et sensible à l’adolescence, Axl Cendres réussit un très beau roman, un peu loufoque, plus profond qu’il n’y paraît, et qui fait un bien fou. Il m’a souvent fait penser à la BD Adieu, monde cruel pour le thème, avec un traitement différent mais bienfaisant.

 

 

Et ne vous privez pas d’écouter la playlist offerte en page liminaire, ça prend dix minutes à enregistrer sur Deezer ou Spotify et ça complète parfaitement le livre.

 

 

 

Sarbacane, coll. Exprim’, septembre 2018, 192 pages, prix : 15,50 €, ISBN : 978-2-37731148-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Sarbacane

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D’un trait de fusain – Cathy Ytak

6 Septembre 2018, 08:16am

Publié par Laure

Sami, Mary, Julien et Monelle sont lycéens dans une école d’arts. Ils ont dix-sept ans et la vie devant eux. En cours, quand ils travaillent avec Joos, un beau néerlandais qui pose comme modèle nu, forcément les blagues et les émotions sont à vif. C’est l’âge des premières amours et des premiers couples. Cathy Ytak y va franco pour appeler un chat un chat et utiliser les mots crus du désir et de la sexualité. Mais c’est ainsi que parlent les ados non ?

 

Des couples se forment, des désirs naissent, l’homosexualité n’est taboue que dans les esprits des parents et du reste de la société (ce qui fait quand même beaucoup à supporter), et nous sommes en 1992. Épidémie de SIDA, découverte de la fulgurance du VIH quand la maladie est déclarée, honte, colère, lutte, et manifestations virulentes d’Act Up, association militante, … le roman se veut engagé et initiatique pour ses personnages.

 

Parce que 25 ans après rien n’est gagné, il est toujours bon que les ados d’aujourd’hui abordent ces thèmes, et puissent être informés et en débattre.

 

J’ai aimé le ton naturel de Cathy Ytak, qui risque de bousculer les enseignants dans les établissements scolaires (je l‘ai lu dans le cadre d’un prix des lecteurs collégiens et le langage utilisé n’est pas vraiment celui de l’Académie), mais justement, elle ne se moque pas de son lectorat et sait le toucher.

 

Les émotions sont fortes, que ce soit dans la colère, l’affirmation de soi, l’amitié ou l’amour. Touchant et bien construit, le lecteur ne peut qu’être ému à son tour. Je recommande !

 

 

 

 

Sélectionné pour le prix des lecteurs 13-16 ans

de la ville du Mans / département de la Sarthe 2019.

 

 

 

Talents hauts, coll. Les héroïques, septembre 2017, 253 pages, prix : 16€, ISBN : 978-2-36266-197-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Julia Wauters et éd. Talents hauts

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