Les jardins d'Hélène

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ça raconte Sarah - Pauline Delabroy-Allard

28 Mars 2019, 10:37am

Publié par Laure

L’ouverture est saisissante : une femme est couchée contre le corps d’une autre. On pense dès lors à une scène d’amour, de tendresse ou d’apaisement de crises d’angoisse quand arrive cette phrase :

p. 11 : « Je ne parviens pas, dans cette nuit moite, à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux. De son profil de morte. »

 

Puis vient le retour en arrière sur cette passion amoureuse aussi foudroyante que dévastatrice : la première partie décrit longuement Sarah, en filigrane l’admiration et le mal-être grandissant de la narratrice qui est beaucoup plus effacée, anonyme, invisible.

 

Le récit devient répétitif comme un ressassement mais n’est-ce pas là aussi le propre de la passion, qui élude le monde extérieur ? Mère élevant seule sa fille, l’enfant est quasi inexistante, tout comme son travail de professeur documentaliste dans un lycée : Sarah prend toute la place.

 

La seconde partie se déroule en Italie, je l’ai trouvée plus ennuyeuse. La narratrice perd pied, bascule dans la folie, d’avoir été quittée et d’avoir perdu Sarah. La fin m’a laissée perplexe, l’ai-je vraiment comprise ?

 

C’est une histoire d’amour, de souffrance et de passion somme toute ordinaire qui tient surtout pour son style, phrases courtes, descriptives : Sarah-ci, Sarah-ça, et au milieu un je plus fade. L’ensemble est rythmé, mais mon plaisir est retombé assez vite malgré un très bon début.

 

 

 

 

Lauréat du Prix des étudiants France Culture – Télérama 2018, et du Prix du style 2018.

 

 

 

Lire le début : ici

 

 

 

 

Les éditions de Minuit, octobre 2018, 188 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-7073-4475-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. de Minuit.

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Une femme en contre-jour – Gaëlle Josse

24 Mars 2019, 14:26pm

Publié par Laure

J’ai commencé ce nouveau titre de Gaëlle Josse sans savoir de quoi il parlait (je ne lis jamais les 4ème de couverture), mais parce que c’est une autrice que j’apprécie.

 

J’ai donc été surprise de voir qu’il s’agissait d’une biographie, celle de Vivian Maier (1926-2009), photographe exceptionnelle totalement effacée et inconnue jusqu’à sa mort. C’est par hasard que son travail sera mis au grand jour, un jeune homme achetant aux enchères un lot de photos et pellicules pour illustrer un projet. Il ne trouve pas son bonheur mais comprend assez vite grâce à Internet qu’il a mis la main sur quelque chose de rare et précieux. Il n’aura de cesse de réhabiliter le travail de Vivian Maier, qui vécut sa vie entière dans la discrétion et la pauvreté, gagnant sa vie en tant que nurse.

 

Hélas trois fois hélas, j’avais regardé par hasard un court documentaire sur Arte sur la vie de cette femme quelques jours auparavant, je n’ai donc rien appris à la lecture du livre de Gaëlle Josse. Je l’ai lu avec plaisir, mais sans m’y attacher vraiment.

 

Si j’attendais le parallèle avec la création littéraire de Gaëlle Josse elle-même, et le rapport à la création en général, ces pages arrivent très tardivement et sont très brèves.

 

 

Je conseille de découvrir Gaëlle Josse par ses romans en priorité, à moins que vous ne sachiez rien du tout de Vivian Maier et que lire une biographie vous intéresse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Noir sur Blanc, coll. Notabilia, mars 2019, 153 pages, prix : 14 €, ISBN : 978-2-88250-568-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Noir sur Blanc

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A nous regarder, ils s’habitueront – Elsa Flageul

8 Mars 2019, 16:49pm

Publié par Laure

Encensé par les animatrices du club lecture auquel j’assiste, je me suis volontiers pliée à la lecture de ce dernier roman d’Elsa Flageul.

 

J’en ressors fort déçue. Si le roman s’attarde à décrire de manière juste et réaliste une naissance prématurée et la peur de la mort qui l’accompagne, je l’ai hélas trouvé d’une bien triste banalité. Je n’ai pas trouvé de profondeur romanesque mais plutôt le simple récit autobiographique d’un vécu personnel, certes bien conduit, mais qui ne suffit pas à le faire sortir de l’ordinaire.

 

Peut-être parce que j’ai trouvé ce couple pédant et prétentieux à bien des égards, une façon peut-être de masquer leur désarroi, mais qui m’a agacée dès le départ. Je n’ai donc pas ressenti d’empathie pour les personnages, et eu l’impression de lire un témoignage déjà mille fois lu ou vu sur le sujet de la prématurité.

 

 

 

Extraits :

P. 82 : « Mais à ce moment-là, le cœur d’Alice est tout petit et sec, circonscrit par la peur, par la douleur, incapable d’aller voir ailleurs s’il y est, incapable d’envisager le reste du monde. Elle s’en fout de cette femme, de son enfant, de son tournant, de ses tourments, elle se damnerait pour que César aille bien et tant pis si au passage on en perd quelques-uns en route. Que les autres se démerdent et que César survive, et que César s’en sorte. »

 

 

P. 128 : « En vérité, je voudrais qu’on nous foute la paix.

C’est impossible de penser ça, impossible de le ressentir mais c’est pourtant le cas. Je ne supporte plus les anecdotes qui se veulent rassurantes : untel est né prématuré, il a aujourd’hui dix-huit ans et entre à Sciences Po, unetelle ne pesait qu’un kilo à la naissance et c’est aujourd’hui une grande fillette de dix ans qui fait du handball. Je m’en fous. Ce n’est pas notre histoire. Ce n’est pas César. Ce n’est pas maintenant. Ce n’est pas moi. La vie n’est qu’une histoire de cas particuliers. Rien ne fait sens. Rien n’est juste. Rien ne se ressemble. Une vie, ça ne se mesure pas. Une vie, ça ne se compare pas. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Julliard, janvier 2019, 183 pages, prix : 18,50 €, ISBN : 978-2-260-03220-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ayline Olukman / éd. Julliard.

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Belle-Amie – Harold Cobert

6 Mars 2019, 11:29am

Publié par Laure

Une suite à Bel-Ami de Maupassant ? Le pari était osé et Harold Cobert le réussit haut la main. Ce que j’apprécie particulièrement chez cet auteur, c’est sa capacité à changer totalement de registre d’un roman à l’autre, et de maitriser tous les genres qu’il aborde. (Cf. par exemple Un hiver avec Baudelaire, L’Entrevue de Saint-Cloud, La mésange et l’ogresse (non chroniqué mais adoré))

 

Je craignais un peu de me perdre, n’ayant pas relu Maupassant depuis mon adolescence, mais Harold Cobert consacre un long premier chapitre à resituer les personnages et le parcours de Georges Duroy, devenu Georges du Roy de Cantel.

 

Entre malversations politiques et financières, Bel-Ami trace sa route vers un siège de député puis de ministre, avant de sombrer dans l’affaire du canal du Nicaragua. A lire cette intrigue qui se déroule à la fin du XIXème siècle, on se surprend souvent à penser que les choses n’ont pas tant changé aujourd’hui.

 

Les personnages féminins (et la façon dont Georges traite les femmes) sont bien sûr centraux, et apportent un dynamisme évident, avec une pointe de mystère qui conduit à la fin en apothéose. L’arrogance du héros, sa détermination dans l’arrivisme sans foi ni loi, tout comme la psychologie des personnages en général sont bien décrits.

 

J’ai beaucoup aimé également la place du journalisme dans l’histoire, l’engagement des femmes pour défendre leur place, car n’étant pas une grande passionnée de politique et de finances, cet équilibre était le bienvenu.

 

A lire sans hésiter : si vous aimez Maupassant, vous aimerez sûrement Cobert !

 

 

 

Extrait p. 85 : « « Je suis né sur cette terre, elle est mienne, elle me revient de droit, à moi et à moi seul. Je la prendrai tel quel que soit le prix à payer ; je la prendrai comme j’ai toujours pris les femmes, de force s’il faut ! »

Et il descendit avec Suzanne inaugurer le lancement de sa campagne. »

 

p. 391 : « Que resterait-il de son parcours, de lui, si l’opprobre venait ternir tout ce qu’il avait accompli et construit ? Son immunité parlementaire était la clef de son salut et de sa postérité ; son maintien se jouerait à l’Assemblée, dans ce théâtre de tous les faux-semblants. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Escales, février 2019, 416 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-36569-377-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations

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La guérilla des animaux – Camille Brunel

25 Janvier 2019, 09:48am

Publié par Laure

Isaac est un ardent défenseur de la cause animale, et il n’hésite pas, à travers tous les pays du monde qu’il traverse, à employer des moyens radicaux. Œil pour œil, dent pour dent.

 

J’ai détesté ce roman. Pourtant je suis allée jusqu’au bout. En hésitant maintes fois à l’abandonner. En lisant d’autres livres entre temps.

 

Ce premier roman dérange, et c’est sans aucun doute volontaire. C’est peut-être même là son seul objectif. Avec celui de faire réfléchir. Aux extinctions des espèces par le comportement de l’homme, à la catastrophe climatique.

 

Ce qui me gêne, c’est la violence choisie, extrémiste. L’intégrisme ne pourra jamais me convaincre.

 

J’entends la thèse et le document à charge, lourd, qui ne s’encombre pas de précautions, mais j’aurais préféré la lire et y réfléchir dans un essai. Dans un roman ouvertement dystopique à la fin, ça ne fonctionne pas, du moins pour moi.  Au lieu de me rallier à certaines idées (le véganisme, la protection animale et des forêts), il me fait au contraire fuir : une fois encore parce que l’extrémisme choisi ne peut pas me séduire, je ne peux que le rejeter. Il est sans doute fait pour cela, provoquer, déranger, conduire à réfléchir. Je ne pourrai guère aller au-delà du simple rejet.

 

Il est rare qu’un roman me déplaise autant sur son fond, bien que l’écriture et les chapitres courts induisent une lecture aisée. Je n’ai pas relevé le passage hélas, mais l’allusion comparative à la Shoah m’a sans doute définitivement perdue à ce moment-là. Même s’il est justement question de la pertinence de la question de la supériorité de l’homme sur l’animal. Je ne suis sans doute pas encore prête à aller aussi loin, autant j’aimerais en discuter et comprendre, autant je refuse une pensée radicale qui m’est imposée sans pouvoir y répondre.

 

 

p. 43 : « la vie humaine impressionne moins. Nous serons bientôt dix milliards d’humains tandis que les tigres ne seront bientôt plus que deux mille. Quelle vie aura le plus de valeur selon vous ? Croyez-moi, des milliards de gens seront bientôt prêts à vous pardonner quelques exécutions collatérales, si c’est au nom des animaux. »

 

 

 

Lu dans le cadre des 68 premières fois.

 

 

 

Alma éditeur, août 2018, 276 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-36279-285-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © Alma éditeur.

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L’eau de rose – Christophe Carlier

17 Janvier 2019, 15:43pm

Publié par Laure

Sigrid, femme entre deux âges, arrive en Grèce à la fin de l’été, à la villa Manolis pour des vacances et y écrire son nouveau roman, car un écrivain ne prend jamais vraiment de repos.

 

Le roman alterne donc entre la romance en construction de Sigrid, et ce qu’elle vit elle-même à l’hôtel, son attirance et sa fascination pour Gertrude, notamment, une jeune et belle voyageuse.

 

Si la lecture est aisée et agréable, j’ai peiné à voir où l’auteur voulait réellement en venir.

 

Je préfèrerais presque le manuscrit en train de s’écrire, roman à l’eau de rose très codifié, au récit de l’héroïne romancière aux préoccupations assez proches de celles de ses personnages. L’écriture adoptée par Christophe Carlier est assez similaire tant dans sa partie romanesque (vie de Sigrid) que dans sa partie « manuscrit » (le roman qu’écrit Sigrid), est-ce à dire qu’un bon auteur choisit un style et s’y tient ? que la frontière entre vie et fiction est assez fragile (même si l’ensemble est bien une fiction) ? C’est bien ce projet ou cet objectif qui m’échappent… Dommage.

 

 

 

 

Extraits (pagination numérique) :

P. 10/207 : « Depuis plusieurs années, elle s’était vouée à la littérature sentimentale. Faute d’appartenir à la race dorée des auteurs à succès qui collectionnent les prix et campent à la télévision, elle se cantonnait à un genre mineur, le roman rose, décrié mais indispensable à notre époque où le rêve est rare. »

 

P. 33/207 : « Sigrid n’avait pas eu la vocation du roman rose. Elle s’en était rapprochée au fil des ans, à mesure qu’elle s’installait dans le célibat.

Si mariage et romance font mauvais ménage, la solitude prédispose à la rêverie et au travail. Couchée tôt, levée à l’aube, elle avait peuplé ses manuscrits de personnages fougueux et tendres. Sa vie lui apparaissait comme un fruit sec dont elle avait tiré un jus délicieux. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du même auteur : l'assassin à la pomme verte

 

 

Phébus, janvier 2019, 240 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-275291173-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Phébus

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La dédicace – Leila Bouherrafa

7 Janvier 2019, 12:18pm

Publié par Laure

Une parisienne hypocondriaque (la nuit seulement) et dont on ne connaîtra jamais le prénom s’apprête à publier son premier roman. Son éditrice lui demande de choisir la dédicace : elle est prise de cours. Elle se donne trois jours pour trouver qui elle aime suffisamment pour lui dédier son roman, trois jours pendant lesquels elle observe ce qui se passe autour d’elle. Il en ressort un certain désespoir : la solitude des grandes villes est omniprésente, envahissante et déprimante.

 

Du roman écrit et de son contenu il ne sera jamais question, le sujet n’est pas là, mais bien dans l’observation de ce quotidien banal d’une jeune femme seule, qui a peu de liens avec sa mère et pas vraiment d’amis. Même ses voisins, elle ne les connaît pas vraiment. De cette banalité naît une réflexion (que le lecteur se fera, elle n’est pas exprimée plus que cela) sur la solitude, le temps que l’on ne prend pas à regarder vraiment les gens et ce peu de temps qu’on pourrait leur offrir pour que la vie change.

 

Un premier roman assez désenchanté, avec quelques pointes d’humour et d’ironie, parfois de sarcasme, qui interroge sur la réalité de nos vies prétendument trop remplies. Une façon originale de traiter ce thème. L’épilogue livrera le choix de la fameuse dédicace.

 

 

 

Pour lire le premier chapitre : sur le site de l'éditeur

 

 

 

Extraits (pagination numérique) :

 

P. 25/185 « Mon studio se trouve juste au-dessus du square Léon-Serpollet ce qui veut dire que la journée il grouille d’enfants et le soir de clochards. Dans les deux cas, j’ai une vue imprenable sur des êtres qui titubent et n’ont pas choisi leur vie. »

 

P. 34/185 « Le genre d’hommes à te dire « ma belle » quand tu passes et « salope » quand tu penses. »

 

P. 75/185 : « La différence fondamentale entre Alice et moi, c’est que j’ai toujours trouvé plus de plaisir à me faire pénétrer par un regard que par un sexe. Et elle, c’est l’inverse. Chaque fois que nous sortions ensemble, Alice finissait par connaître des hommes la taille de leur membre et moi le prénom de leur sœur. Je n‘ai pas le plus mauvais rôle. Loin s’en faut. Je sors toujours de la nuit ragaillardie alors qu’Alice en sort la plupart du temps déconfite, comme un fruit qu’on aurait fait tomber par terre et sur lequel on aurait marché par inadvertance ».

 

p. 87/185 : « Je n’ai jamais compris cette différence entre les mères et les putes. A mes yeux, les mères ne sont que des putes qui ont eu une césarienne. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allary éditions, janvier 2019, 290 pages, prix : 18,90 €, ISBN : 978-2-37073-263-7

 

 

 

Crédit photo couverture : © Allary éditions

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Hôzuki – Aki Shimazaki

3 Janvier 2019, 10:25am

Publié par Laure

Hôzuki est le deuxième volume de la pentalogie « l’ombre du chardon ». Après Azami, où l’on assistait au délitement du couple de Mitsuo Kawano et de son épouse Atsuko, celle-ci partait s’installer à la campagne, tandis que lui fréquentait Mitsuko Tsuji, une entraineuse travaillant dans un bar le vendredi soir, on retrouve dans ce deuxième tome l’histoire de Mitsuko.

 

Elle tient une librairie d’occasion spécialisée en philosophie, tout en arrondissant ses fins de mois au bar. Elle élève seule son fils Tarô, sourd de naissance. Tarô a sympathisé avec la fille d’une cliente, leur attirance est aussi surprenante qu’immédiate.

 

Mitsuko a toujours menti à sa mère et à son fils : c’est un enfant abandonné qu’elle a adopté, et non la triste histoire de père espagnol mort avant sa naissance qu’elle se plait à raconter.

 

Ce secret sera dévoilé plus amplement, ainsi qu’un second bien troublant. Le roman aborde bien sûr la question de la filiation et de l’amour maternel, avec finesse et subtilité.

 

 

Si j’aime toujours autant l’écriture d’Aki Shimazaki, délicate, apaisante, concrétisant bien l’image que l’on peut avoir de la discrétion japonaise, j’ai trouvé ce titre un peu moins réussi que d’autres de ses pentalogies. Plus banal dans l’intrigue déroulée, plus plat sur une bonne partie du récit. Seule la fin s’emballe et apporte de nouveaux éléments, qui ne suffisent pas à convaincre. Mais j’aime toujours autant l’idée d’une histoire déroulée à travers différents points de vue au fil des volumes, et il me tarde de découvrir Suisen, le troisième tome de la série.

 

 

 

Ed. Leméac / Actes Sud, mars 2016, 141 pages, prix : 14,50 €, ISBN : 978-2-330-05716-9

 

 

 

Crédit photo couverture : © Mandy Disher Photography / et éd. Leméac / Actes Sud

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Einstein, le sexe et moi – Olivier Liron

24 Décembre 2018, 15:02pm

Publié par Laure

Extrait p. 23 : « J’ai eu un parcours d’élève modèle. Baccalauréat à 17 ans, classe préparatoire littéraire à 18 ans, entrée à l’Ecole normale supérieure à 20 ans. Agrégé à 23 ans. Enseignant à la Sorbonne à 24 ans. Julien Lepers à 25 ans. Dépucelage à 26 ans. Dépression à 27 ans. Mais c’est une autre histoire. »

 

Le ton est donné, notre candidat est doué et ne manque pas d’humour, dont il use avec parcimonie, au détour d’une phrase, l’air de ne pas y toucher, mais il fait mouche. Il a aussi cette particularité qu’il explique en préambule : il est autiste Asperger. S’il peut apprendre tout Wikipédia sans problème, il a plus de mal à en groupe.

 

Olivier Liron raconte dans ce bref et plaisant roman sa participation au jeu de Questions pour un champion animé par Julien Lepers, tout en revenant, au fil de ce que lui évoque une question, sur des passages de son enfance : l’im-(é)-migration de sa mère, la violence scolaire dont il fut victime, ses premières amours maladroites … et bien sûr il raconte l’émission avec un tel suspens et une telle hargne qu’on ne peut que lire le roman d’une traite : même si l’on se doute de l’issue, la tension y conduit en quasi apnée, et qu’est-ce que c’est bon !

 

 

Un roman original et drôle par son observation de soi et des autres.

 

 

P. 58 : « J’ai vu le regard de Julien Lepers et j’ai su que c’était bon. Julien a rugi comme un lion affamé par des années de quinoa » »

 

 

(Dans ma mémoire émotionnelle, je regardais Questions pour un champion avec ma grand-mère quand j’étais en vacances chez elle. Mais elle est morte pendant la guerre du Golfe et il y a longtemps que je n’ai plus l’âge de l’enfance. Vérification faite, cette émission a débuté en 1988, j’avais donc 14 ans et ça fait partie de mes bons souvenirs de jeunesse !)

 

 

 

Lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois :

 

 

 

Alma éditeur, septembre 2018, 195 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-36279-287-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © Alma éditeur.

 

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Fais de moi la colère – Vincent Villeminot

18 Novembre 2018, 14:07pm

Publié par Laure

Ismaëlle a seize ans lorsqu’elle perd son père qui ne revient pas de sa journée de travail. Il était pêcheur. Orpheline - sa mère étant morte à sa naissance - elle se voit contrainte de travailler pour survivre. Elle reprend ce dur métier plutôt masculin avec la barque de son père, sous les regards critiques des gens du coin, elle est jeune, belle, désirable.

 

Mais très vite des corps morts vont remonter à la surface du lac Léman, événements mystérieux qui vont perturber la population. C’est à ce moment-là qu’elle va rencontrer Ézéchiel, fils d’un ancien dictateur africain. Elle n’échappe pas au désir de son beau corps d’ébène.

 

 

Le récit avance avec leurs deux voix, dialogues et monologues, l’écriture est belle, parfois poétique, mais l’intrigue déroute. De quelle allégorie Mammon, la Bête mystérieuse qu’il faut tuer, est-elle la représentation ? On peut y voir les violences et les atrocités des guerres et des dictatures, le pouvoir de l’argent et la cupidité des hommes, faut-il absolument vouloir comprendre ? Le roman se lit aisément, grâce à la brièveté des chapitres, à l’aération constante des paragraphes et de la mise en page. On respire dans ce livre. Malgré l’étrangeté de son sujet.

 

 

Très éloigné du type de roman plutôt réaliste et intimiste que je lis habituellement, je ne sais pas si j’ai vraiment aimé ce livre, il m’a toutefois interpellée par sa différence.

 

 

 

Fais de moi la colère est le premier roman de littérature générale de Vincent Villeminot, déjà reconnu depuis une dizaine d’années dans la littérature de jeunesse, pour les ados notamment. Difficile donc de le qualifier de premier roman même si c’est ainsi qu’il fut présenté cet automne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois, lectures partagées des premiers romans de la rentrée littéraire.

 

 

 

 

 

Éditions Les Escales, août 2018, 273 pages, prix : 17,90 €, ISBN : 978-2-36569-340-0

 

 

 

Crédit photo couverture : © Getty images / Erik Witsoe / EyeEm / et éd. Les Escales

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