L'enfant de Noé - Eric-Emmanuel Schmitt

49 ans, bibliothécaire, avec thé et chats. Je dépose ici les marques que mes lectures ont tracées.
Mars, le mois des kilos à perdre avant le maillot, c’est pas moi qui le dis, mais la ronde des magazines féminins qui envahissent nos kiosques ?
Mélanie Bertier a toujours été ronde, et en a souvent souffert. A 15 ans, élève timide et
isolée, elle se laisse séduire par la fougue de Fanny, tout son contraire. Elles deviendront amies, de ces amitiés à la vie à la mort qui vous accompagnent une vie entière. Construit d’abord sur
trois grandes parties, on suit Mélanie à 15 ans, à 25 ans, puis à 35, et après… tout s’accélère.
A 15 ans, Mélanie reprend donc un peu confiance en elle, grâce à quelques coups de ciseaux dans sa chevelure et dans ses fringues par sa copine Fanny. A 25 ans, il faut bien l’avouer, Mélanie n’a pas de petit ami. Va pour le site rondeDesRencontres.fr et les mensurations qui plaisent à ces messieurs-là : 1,58 m – 85 kg – 100 E. De rencontres en rencontres, l’amour se présente finalement sous les traits de Pascal. A 35 ans, pas de bébé, plus de règles, le corps a encore pris de la place et fait des siennes. C’est alors que Mélanie postule à une émission de télé-réalité : Relooking Extrême ! Je vous laisse lire l’engrenage aussi stupide que bien décrit : on s’y croirait ! du régime aux opérations de chirurgie plastique en passant par le sport, Mélanie gagne son challenge. Mais à quel prix ?
N’allez surtout pas lire les deux dernières lignes du roman avant d’y arriver, ça gâche pas mal de choses (ça m’est arrivé sans le vouloir, en le feuilletant pour retrouver ma page).
Un roman qui se lit tout seul par sa simplicité d’écriture (ça coule tout seul), sa critique bien vue de la télé-réalité (même si d’autres s’y sont déjà essayé, ça reste à lire), l’engrenage des diktats de la minceur… Je regrette juste une fin qui vient un peu trop vite…
Elles l’ont lu :
Ephémerveille, Clarabel, Gawou
Critiques presse sur le site de l’éditeur : là
Ed. Le Dilettante, janv. 2008, 221 pages, prix : 17 €
Ma note : 3,5/5
Crédit photo couverture : © Alice Charbin et éditions le Dilettante
Il n'est pas dans mon habitude de mettre ici de vieux commentaires écrits longtemps avant l'ouverture de ce blog. Mais puisqu'on cherchait mon avis sur ce
livre, je suis allée le récupérer sur zazieweb où je l'avais posté le 17 mars 2004. A l'époque je croyais ce livre épuisé chez l'éditeur et avais
cessé d'espérer le trouver un jour. Véro ne pouvait pas me faire plus plaisir en me l'offrant. Parce que la polémique ne m'intéresse pas, et parce que ce livre m'est trop intime pour que j'en
parle en mots raisonnés, je ferme ici les commentaires. Pour lire l'intéressante analyse comparée de Thom, voir ici.
Le 7 février 1994 Camille Laurens donne naissance à Philippe, qui meurt deux heures plus tard. Terrible récit d’une mère qui voit en si peu de temps naître et mourir son enfant. Le texte se
compose de quatre parties, quatre étapes nécessaires au deuil : souffrir, comprendre, vivre, et écrire. J’ai vécu, dans des circonstances différentes, ce qu’a vécu l’auteur. Qu’une mère perde son
enfant pendant la grossesse, à la naissance, à deux, sept ou encore vingt ans, la douleur est la même. Non, il n’y a pas de gradation dans la souffrance. Et cela, Camille le dit très bien, tout
comme elle parle des amis qui disparaissent soudain, ou des maladroits qui vous disent « c’est pas grave, vous en aurez d’autres ». Mais je pourrais citer chaque phrase de ce court récit. Du
début à la fin de ces 72 pages, chaque phrase est terriblement juste, chaque mot douloureusement exact. Bien qu’elle ait l’envie légitime de hurler sa rage face au médecin incompétent, elle cite
simplement des extraits du rapport d’enquête. Ce n’est pas la mère effondrée qui condamne, mais l’instance obstétricale supérieure. Cette froide distanciation est d’autant plus efficace pour la
force du récit. Dans ce texte plus qu’ailleurs, elle révèle son talent d’écriture, où chaque mot est celui qu’il faut. A ma dernière lecture de son dernier roman, je disais « merci Camille », je
le redis cette fois encore. Merci, Camille, pour tant de résonance, Philippe aura toujours sa place dans ma bibliothèque. Note : sur le même thème, on peut lire aussi le très beau « A ce soir »,
de Laure Adler.
POL, 1995, 74 pages, prix actuel : 10 €
Ma note : 5/5
Crédit photo couverture : éd. POL
Ce deuxième roman de l’auteur est une sélection 2008 pour le prix des Lecteurs du Livre de Poche. Bien qu’il
ait été généralement très apprécié au vu de ce que j’ai pu lire sur le net, j’ai pour ma part assez vite pris ce bouquin en grippe. (Difficile de vous dire pourquoi sans dévoiler l’intrigue, en
gros parce que le [semi]-fantastique, c’est pas mon truc)
7 amis rendent visitent régulièrement à Fauvette et Etienne à Ker Ael. Ils aèrent la maison, changent les draps, mettent des fleurs fraîches, etc. L’ambiance
est étrange dès le départ, car l’on a d’une part la conversation du couple (et Fauvette toujours à chercher les définitions de ses mots croisés) et d’autre part, la lassitude des amis qui ne font
même plus semblant : ils vont jusqu’à la maison et s’en retournent sans même entrer, du moins pour certains. Parmi eux, un seul y croit fermement et mène le groupe, il s’agit du bosco, le
patron du bistrot et frère d’Etienne. Mais au bout de 10 mois de ce manège, il voit bien que son groupe en a assez, qu’il est temps de rompre cette fameuse promesse.
En dire plus serait vous gâcher la lecture, car même si je n’ai pas aimé (peut-être d’ailleurs parce que j’ai lu tout de suite le pourquoi du comment dans tous les résumés sur le net au lieu de laisser le mystère se lever au fil des pages), il y a des rites, une légende et une histoire familiale qui se reconstruit dans ce récit. La fin apporte une dimension inattendue à cette promesse, mais l’ensemble n’a pas suffi à me charmer. Pas séduite du tout, la Laure. Tant pis.
Livre de poche, janvier 2008, 217 pages, prix : 5,50 €
Ma note : 2/5
Crédit photo couverture : © Robert O’Dea /Getty Images
Vieilles peaux est un recueil
de trois longues nouvelles, très différentes les unes des autres.
Dans la première, Postérité, une écrivain, Cressida Bloom, se met en quête d’un exécuteur testamentaire, quelqu’un qui s’occupera de ses archives, de ses inédits, et de son œuvre après sa disparition. Elle a une idée précise du profil de poste : un homme nécessairement, jeune…Mais les candidats ne sont jamais à la hauteur…
La seconde nouvelle, Marthe et Fernand, nous raconte le quotidien d’un couple marié depuis plus de 40 ans, quasi enterrés vivants dans leur routine, leurs habitudes monotones, avec la toute-puissance tyrannique de Madame sur Monsieur. Puis c’est la mort de l’un. Un jeune couple habite ensuite la maison. Même s’ils sont à peine trentenaires, ils suivent déjà le même chemin… C’est la nouvelle qui m’a le plus touchée, intimiste et mordante, piquant sans gêne les travers du couple.
La dernière nouvelle est atypique, Pas Moi. Une succession de fragments où l’écrivain se met dans la peau d’hommes ou de femmes divers et variés, qui commencent tous par je suis… Capacité extraordinaire du romancier à se jouer de nous en inventant tout ce qu’il veut. La conclusion est très belle : « Vous m’écoutez écrire, je vous regarde penser. Je ne suis pas moi. Je suis tous les autres. Les autres sont moi. Donc, il n’y a personne. Que moi. Et vous, peut-être. » Un exercice intéressant…au début, car j’avoue que j’ai trouvé cette nouvelle un peu trop longue, vite lassante.
Un tout qui mitige donc mon appréciation finale, mais qui se lit quand même rapidement et avec plaisir.
Lu aussi par : le buzz, Sébastien, Clarabel, Cuné
Le Dilettante, mars 2007, 222 pages, prix : 16 €
Ma note : 3,5/5
Crédit photo couverture : éd. Le Dilettante et Fnac.com
Crédit tout court : merci Clarabel !