Les jardins d'Hélène

Bouquet de tulipes

18 Février 2006, 22:18pm

Publié par Laure

La couleur délicate d’un bouquet de tulipes sur un bureau, il suffit de peu pour apporter un peu de douceur dans une semaine de travail. 3 modestes euros et le plaisir de contempler ma fleur préférée, les commentaires enthousiastes ou admiratifs de tous ceux qui sont passés par là, ceux qui ont touché doutant de la véracité...Je laisse ce soir et pour quelques jours encore les belles dans leur vase s’épanouir cette fois dans ma demeure…

 

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La femme de Gilles - un film de Frédéric Fonteyne

18 Février 2006, 22:12pm

Publié par Laure

J’ai beaucoup aimé ce film pour l’atmosphère qu’il dégage. Un triangle amoureux singulier entre Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac et Laura Smet, tous trois très brillants dans leurs rôles. Elisa (E. Devos) aime Gilles d’un amour sans faille, ils ont déjà deux petites filles et elle attend leur troisième enfant. Mais son mari s’est pris d’une passion trouble et violente pour sa jeune belle-sœur, Victorine, jouée par Laura Smet. Elisa va accepter et même encourager cet adultère, tout en souffrant énormément. Très peu de dialogues dans ce film, mais une intensité telle dans les regards, les silences et les mimiques d’Emmanuelle Devos, que nul besoin de bavardage. Quelle abnégation dans ce personnage féminin ! C’en est troublant. A cela s’ajoute les couleurs, le déroulement des saisons (et donc du temps) magnifiquement rendu et une bande son parfaite.

Quant à la fin (que je ne dévoile pas !), bien sûr elle m’a un peu peinée, oh non pas tout ça pour ça, non… mais c’est une fin courageuse de la part de l’auteur, qui ajoute à la force du personnage et au poids du film, et pour cela bravo !

Une vraie  belle découverte qui me donne envie… d’aller lire le livre éponyme de Madeleine Bourdouxhe !  

 

Vu le 18 février 2006 

 

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Les loups - Emily Gravett

18 Février 2006, 21:35pm

Publié par Laure

Les loups d’Emily Gravett est une nouvelle acquisition de la bibliothèque municipale « Les levrauts »… ainsi commence l’histoire. Un lapin va à la bibliothèque et choisit précisément ce livre-là. On trouve même dans une pochette la fiche de prêt de l’ouvrage – avec la vraie cote Dewey s’il vous plait ! - laquelle est tachée d’un rond de tasse de café et sur la page d’à côté la traditionnelle fiche « date de retour ». Lapin s’en va cheminant en lisant son bouquin et apprend plein de choses sur la vraie vie des loups, comme ce qu’ils mangent vraiment : pas des chaperons rouges, hein, mais par exemple … des lapins. S’ensuivent alors deux fins au choix : l’une normale et l’une moins cruelle pour les lecteurs les plus sensibles. Puis l’on tourne la dernière page du livre et là on découvre en illustrations des courriers non ouverts adressés à notre petit lapin, ainsi qu’une vraie enveloppe à décacheter, avec à l’intérieur, une lettre de la bibliothèque : « Cher lecteur, sauf erreur de notre part, le délai de prêt…, … pénalités de retard… » etc. Quel régal !

Peu de couleurs : du crème, du gris, du rouge, de grandes pages claires, un dessin épuré, et beaucoup d’humour et de jeu dans ces constructions en fac-similé et de livre à l’intérieur du livre. Difficile peut-être pour l’enfant de comprendre ces niveaux de lecture dans la fiction, mais je peux vous dire que l’adulte lecteur partage un vrai moment de bonheur, et l’enfant adore découvrir ce qu’il y a dans les pochettes, ouvrir les enveloppes et… expliquer la fin !!!

Un bon investissement et/ou une bonne idée cadeau !

Kaléidoscope (EDL), janvier 2006, ISBN 2-87767-470-3, prix : 15 

  

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Deux fois par semaine - Christine Orban

17 Février 2006, 23:12pm

Publié par Laure

Deux fois par semaine, l’auteur se rend chez un psychanalyste de renom, qui lui a été recommandé par … sa gynéco ! (seul médecin qu’elle consultait jusqu’alors). Elle a tout juste vingt ans quand elle apprend que son mari souffre d’un cancer. A la question « combien de temps encore », on lui répond : « un an, ou peut-être deux ». Le monde s’écroule autour d’elle et en elle, on lui dit qu’elle ne surmontera pas cette épreuve toute seule, qu’elle devrait prendre rendez-vous pour se faire aider... Voici les causes de son entrée en analyse. (Une psychothérapie n’aurait-elle pas été plus utile dans ce cas-là ? bref…)

C’est donc le récit détaillé de ces deux rendez-vous par semaine que nous propose ce roman, avec tout le doute, le mal-être, l’artifice qui règne autour du divan. Le psy aussi est décrit avec ses clichés habituels, derrière elle, elle l’entend se limer les ongles ou se racler la gorge, et quand il est loquace, elle a droit à un « hum » synonyme d’encouragement à parler. Il y a la phase de résistance et la phase d’attachement (le transfert ?), les descriptions répétitives des chaussures ou de sa jupe, et toujours l’impossibilité à parler. Si le lecteur cherche à savoir comment elle sort du gouffre ou comment elle exprime la souffrance de l’accompagnement du mari qui se meurt, c’est peine perdue : il n’y a rien là-dessus. Seulement une description minutieuse - et je l’avoue très réussie – de ce qu’est le début d’une analyse chez un psy, le déroulement immuable et bien réglé des séances. La fin me laisse un peu sur ma faim : une larme d’émotion pour l’homme habituellement de marbre, une modeste compassion, mais poursuivra-t-elle sa cure, comment surmontera-t-elle le deuil ?  Comme un goût d’inachevé…

 

 Les passages que j’ai aimés :

p. 35 : « Je viens d’acheter une parcelle de temps à un homme.

Disons plutôt que je viens de louer, louer deux fois par semaine, les trois quarts d’une heure à un propriétaire de temps, docteur en psychiatrie.

[…] je loue un espace de temps pour le remplir de mots. »

Voilà qui définit bien le binôme temps/argent : les séquences bihebdomadaires au tarif de 500 F les 45 minutes, l’importance du contrat et de la régularité quasi immuable. Sur 11 mois (il y a un mois de repos), faites le calcul annuel. (44 000 F, oui à l’époque c’était des francs, bon allez, en gros, 6 700 €). Je persiste à penser que seuls les riches peuvent se payer le divan, du moins celui-ci.

p.92 : « Parfois je me demande s’il n’existe pas méthodes plus efficaces. On appuie sur le ventre des femmes pour les accoucher, sur les blessures pour en extraire le pus, il n’appuyait nulle part. Comment parvenir à un résultat ? Il ne dit rien, et moi, je suis trop blessée pour donner. Je pourrais recevoir des mots si on me les administrait comme un médicament. Je ne sais pas aller les chercher. Surtout pas les bons. »

Albin Michel, sept. 2005, 191 pages, ISBN 2-226-16809-5, prix 15.90 €

 

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Happy end - Bertrand Ferrier

17 Février 2006, 22:52pm

Publié par Laure

S’il fallait encore le prouver, la littérature pour ados est dure, violente et réaliste, il faut arrêter de vouloir protéger ces chers bambins. On est loin du rose guimauve de la couverture ! Mais tout comme la couverture le montre également, c’est un vrai coup de poing que ce livre-là. Une violence larvée qui enfle et qui finira par exploser. Le héros a 14 ans et pas d’histoires, jusqu’à celle-ci. Ses parents n’ont pas de prénom, le père, c’est le Frappeur, la mère, c’est l’Autre. Voilà qui plante le décor pour un engrenage dans la violence physique et psychologique. Tout est prétexte à tabasser le jeune garçon, et pourtant celui-ci « ne lance pas de SOS parents tarés », il se mure dans le silence et la solitude. Il vole des livres qui ne l’intéressent même pas. Parfois il y a l’hôpital ou encore le libraire à qui il avoue qui tentent de lui tendre la main, en vain. La pression continue de monter, et comme une cocotte minute sans soupape de sécurité, on se doute bien que la marmite va exploser. On devine donc la fin, et malgré tout, on ne peut la condamner.

A lire donc, avec cette mise en garde : c’est un livre terrible, fort et qui marque.

  Rouergue, coll. DoADo, sept.2002, 121 pages, ISBN 2-84156-480-0, prix 7.50 €

 

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La lumière volée - Hubert Mingarelli

17 Février 2006, 22:48pm

Publié par Laure

Court récit d’Hubert Mingarelli publié dans une collection pour ados, page blanche chez Gallimard. C’est une histoire étrange que celle d’Elie, jeune garçon (si je n’avais pas lu la 4ème de couv, je peinerais à croire qu’il a 11 ans, je lui en aurais donné plutôt 16) qui campe jour et nuit dans le cimetière du ghetto de Varsovie. A l’extérieur, la police allemande mitraille et rafle les juifs. Elie passe son temps à sommeiller, à rêver, et à parler à Joseph Cytrin, le vieux là, enterré sous la tombe contre laquelle il se réfugie. Jusqu’à ce qu’il fasse la connaissance de Gad, un szmugler qui vit de marché noir au péril de sa vie lorsqu’il sort et regagne le ghetto. Une amitié parfois malmenée va naître entre les deux garçons réfugiés dans cet endroit étonnamment calme, alors que règne la fureur et l’horreur partout autour. C’est ce qui frappe dans ce récit de Mingarelli : une paix et des rêves d’ados, comme une bulle de douceur dans un univers tragique. Elie écrit des poèmes dans sa tête et promet à Gad qu’ensemble ils habiteront Paris, sous une verrière, pour voir partout la lumière. Réaliseront-ils leur rêve ?

Encore un roman dit pour ados que je trouve dur et triste, mais qui s’attache à relater une part réelle et sombre de l’Histoire et tout en réussissant à y glisser une étincelle de beauté.

 

 

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Les poupées russes - Cédric Klapisch

17 Février 2006, 22:46pm

Publié par Laure

Aussi curieux que cela puisse paraître, je n’ai jamais vu [encore] l’auberge espagnole. Pas de comparaison pour moi donc, ni de retrouvailles particulières avec les personnages. Je regarde ce film d’un œil neuf. Parce qu’à force d’en entendre parler hein… et pourtant je ne suis pas spécialement fan de Romain Duris. J’aime la construction du film, les flash-back, les TGV qui traversent la Manche, l’auteur qui écrit sa vie comme il peut (hmmm tapoter sur son portable pendant que file le train… mais si possible ailleurs qu’aux ch… quand même !), mais quand même, je trouve que ça manque un peu de pêche tout ça. Je m’ennuierais presque. Et puis quand Kelly Reylly entre davantage dans l’histoire, ça y est, je m’attache aux personnages, et suis presque déçue qu’au bout de 120 minutes, ce soit fini. Quant à savoir combien de poupées russes il faut déboîter avant de trouver la femme de sa vie… je laisse la question aux hommes du film. Un cinéma français léger et sympathique, qui dresse un nouveau portrait assez bien vu de cette génération trentenaire désabusée.

 

 

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A présent - Brigitte Giraud

17 Février 2006, 22:15pm

Publié par Laure

Avec des mots simples et graves, Brigitte Giraud raconte le bouleversement soudain du décès d?un proche. Alors qu'elle rentre sereine d'un rendez-vous parisien avec son éditeur, son compagnon, Claude, se tue dans un accident à moto. De l'hôpital à l'enterrement, en passant par l'organisation des obsèques, les courriers, le déménagement qui était prévu bien avant dans une nouvelle maison, c'est une semaine hors du temps et du monde que nous raconte l'auteur. Sans jamais verser dans le sentimentalisme, elle utilise les mots justes, elle affronte comme machinalement les rituels qu'il faut accomplir, comme si elle était dans le déni, se disant « non, je vais me réveiller, ce n'est pas vrai, quand je rentrerai il sera là ». Et pourtant elle le sait bien, que c'est ainsi et qu'il faut continuer à vivre, pour le petit garçon né de cette union, mais pas seulement. Ce récit ne peut laisser indifférent car cela peut nous arriver à tous, comme cela, du jour au lendemain. Et il faudrait avoir l'assurance d'une même force qui pourtant ne nie pas la douleur. Bravo pour cet écrit !

 

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Brooklyn follies - Paul Auster

17 Février 2006, 21:18pm

Publié par Laure

Je ne saurais faire de comparaison de ce dernier opus d'Auster avec les précédents car il y a bien longtemps que je n'avais rien lu de lui, depuis la trilogie new-yorkaise, c'est dire ! J'ai trouvé un bonheur simple dans la lecture de brooklyn follies, des personnages attachants qui savent à présent où est l'essentiel dans leur vie, d'autres plus loufoques ou moins rangés, ou encore un peu cabossés par la vie, mais tous débordent d'un optimisme contagieux quand il s'agit de nous embarquer dans leurs aventures et leurs rêves d'hôtel Existence où vivre loin du tourbillon new-yorkais et du monde devenu fou. On peut regretter peut-être une fin un peu facile, comme l'impression pour moi que ce 11 septembre 2001 sert bien de prétexte à ceux qui ne veulent pas que leur livre se finisse bien. En même temps j'aime bien les fins où justement, ils ne vécurent pas heureux et n'eurent pas beaucoup d'enfants, parce que vie et contes de fées, c'est pas tout à fait la même chose.

Et tout comme Clarabel, j'ai aimé les écarts sur les petites histoires littéraires, autour de Poe ou Hawthorne. De quoi vous réconcilier avec la littérature...

 

Extrait : p.24 « La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur ».

 

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