Les jardins d'Hélène

2 femmes 2 hommes 4 névroses - Martina Chyba

15 Octobre 2006, 14:53pm

Publié par Laure

Martina Chyba, d’origine tchèque, vit et travaille en Suisse, où elle est journaliste. 2 femmes 2 hommes 4 névroses est son premier roman, qui m’apparaissait fort tentant au vu des résumés et critiques de presse que je vous livre ci-après :

 

Le début de la quatrième de couv : 

Aujourd’hui, on ne dispose que de 15 ans pour réussir sa vie. Entre 25 et 40 ans il faut du fric, du cul, des gosses, une carrière, du fitness, des voyages, des soirées échangistes, trouver un sens à sa vie, du shopping à new York, etc.  

Si vous êtes tout en bas de l’échelle de Richter de l’épanouissement personnel et de la reconnaissance sociale, il faut vous reprendre. C’est exactement ce que tentent de faire deux femmes et deux hommes. 

Premier roman et pari réussi pour ce livre hilarant, dont l’objectif est de décrire les errances névrosées d’une génération désespérément privilégiée sur le monde de la comédie grinçante.

 Quelques critiques des médias suisses romands

Migros Magazine  4 septembre 2006 

 « Un premier roman zinzin et névrosé »  

« Un ovni total, un objet virtuellement littéraire à l’écriture vive, explosée, sonore »   

 

« Drôle de chez drôle »

 Le Matin  9 septembre 2006  

 

« L’auteur manie la plume avec salacité pour évoquer les obsessions et autres états d’âme de ses personnages »  

 

« Un exercice de style un rien potache, un soupçon Almanach Vermot remastérisé »

  « Très moderne »

   Le Matin Dimanche  10 septembre 2006  

 

 « Fiction déjantée et enlevée, truffée de calembours et de plaisanteries »  

 

Coopération  12 septembre 2006

 « Acidulé comme un bonbon »  

 

« Le premier roman de Martina Chyba fait (très) fort »

 24 Heures  23 septembre 2006  

 

« Une première fiction délurée »  

 

« Un collage de textes hybrides à l’humour potache »

Cette lecture fut éprouvante pour moi. Car si je suis d’accord avec la plupart des critiques citées plus haut, je crois identifier ma difficulté : je n’arrive pas à lire ce livre comme un roman. D’abord, dans sa présentation graphique tout simplement : des paragraphes de 3 à 4 lignes, rarement plus ; beaucoup de sauts de lignes, des tableaux, de l’italique pour les propos ou pensées des personnages, du caractère normal pour les passages narratifs. Cette présentation conduit à une lecture hachée qui ne permet pas l’unité romanesque. De par le fond ensuite, il s’agit pour moi d’une juxtaposition de bons mots, de propos délirants, virulents, chaque phrase est une vanne qui me fait penser à Laurent Ruquier, et j’ai plutôt l’impression de lire un recueil de pensées déchaînées, de calembours, et de ce point de vue là, l’auteur a fait très fort ! Car se renouveler sur chaque phrase, ça ne doit pas être évident !

Je vous livre en vrac, quelques passages, notés au moment où j’avais un carnet à côté de moi, mais j’aurais tout aussi bien pu relever d’autres paragraphes, tout est de cet acabit : 

 

p.74 : « Violette entra finalement dans un magasin chic et cheap et n’éprouva pas la bouffée compulsive qu’elle ressentait d’habitude. Pour une jeune femme bien sous tous rapports (y compris sexuels), pénétrer dans un magasin, c’est déjà un orgasme.

Et ressortir sans avoir rien acheté, c’est un coïtus interromptus.

Violette s’offrit un survêtement neutre ce qui pour un survêtement suisse est une qualité non négligeable. » 

 

p. 78 : « les femmes qui portent la culotte sont toujours épanouies à l’étage des slips. » 

 

p.80 : « N’importe quel gamin de l’école élémentaire (mon cher Watson) pouvait le faire, mais les seniors/es avaient du mal » [Il s’agit d’acheter un ticket de bus à une borne automatique] 

 

p.84 : « Je n’ai pas de boulot en vue à part entamer un brillant master en histoire de l’art pour compléter ma licence es lettres. Et accessoirement (j’adore les accessoires) dépenser ce qu’il y a sur la Gold, ce qui contrairement à mon milieu n’est pas aisé, parce que la carte de crédit, c’est comme une flûte de champagne pendant un cocktail : il y a toujours quelqu’un qui la remplit sans qu’on s’en aperçoive ». [Elle a bien de la chance parce que ma carte de crédit, personne ne me la remplit, à moi !]

p. 85 : « Jean opina (pardon c’est comme ça qu’on dit mais on peut proposer une version moins sexuée). Donc : Jean donna son assentiment. » 

 

p.86 : « le déformaticien est de moins en moins net. 

Ben oui, c’est moi. 

Celui qui s’appelle Mac et qui n’a plus le droit de coucher avec son PC.

Mais qui doit trouver une femme bien (payée). »

 

 p. 90 : « Même s’il ne jure que par la bourse, il n’a pas de couilles » 

 

p.93 : Inutile de préciser que l’entretien d’évaluation de Jean se passa :

a – de manière catastrophique

b – de commentaires

[…] D’abord pour être performant, il faut être mince. Sinon vous risquez gros. » 

 

p.111 : « A la Saint-Valentin, si elle te caresse la main, réjouis-toi de la sainte Marguerite… » 

 

p. 156 : « le virtuel, c’est comme l’ordinaire : c’est bien à condition d’en sortir. D’ailleurs n’importe quel pékin (la Chine est à la mode dans le monde global et blogal) qui tient son blog rêve d’être édité par une grande maison parisienne et de voir son livre entre les rayons charcuterie et papeterie d’un supermarché. N’importe quel clampin qui fait de la télé sur internet rêve d’être diffusé sur une grande chaîne du canal hertzien entre deux blocs de publicité.

Alors parfois, on devrait savoir la mettre en veille (euse) avec nos nouvelles technologies et se les carrer quelque part. »

J’arrête là mes citations, pour vous parler de l’histoire. C’est là que le bât blesse. Cette avalanche de bons mots (qui n’a rien de surprenant quand on lit au dos que l’auteur est chroniqueuse à la Télévision Suisse Romande) étouffe dans l’œuf l’unité narrative. Je suis incapable de vous faire un résumé de l’intrigue. A chaque reprise du bouquin, j’avais oublié qui était qui, qui couchait avec qui, et où il en était de son projet de TCCC (thérapie cognitive comportementale entre copains). En gros il s’agit de Very Important Petasses (et leur pendant au masculin) qui ont des soucis de gosses de riches. Heureusement il y a des parties bien définies : Problèmes, Solutions simples, Solutions compliquées, Problèmes résolus, Epilogue. Pour les 4 personnages, il y a Armand Maunoir, 35 ans, ex-banquier, homme de TV, qui doit se faire épiler les couilles pour essayer de bander à nouveau (passionnant programme). Il y a Violette G. Edelweiss, clonasse belle et rebelle (et pas débile). Son problème : euh, ben ch’ais plus ! (quand je vous dis que j’ai eu du mal !). Puis vient Jean Mac Arthur, déformaticien divorcé point net. Vous plantez pas, il bosse sur PC. Et pour finir, Marguerite Richard-Conne, ménagère manager cuculpabilisée. Elle non plus je ne sais absolument plus quel était son problème.

Alors roman, non. Ovni, oui. Critique de notre société de consommation moderne à la dérive, assurément, mais à quel degré ? Je ne trouve pas la distance. Une fois encore l’écriture adoptée noie l’ambition romanesque : on n’en retient que l’humour quasi toujours en dessous de la ceinture et les jeux de mots multiples qui à la longue sont franchement usants.

Et la blogueuse que je suis sur mon temps de loisir n’a aucune, mais absolument aucune, prétention à être éditée dans une maison parisienne cf citation de la page 156. Lectrice je suis, et lectrice je resterai. 

 

 

Ed. Favre, août 2006, 225 p. ISBN 2-8289-0921-2, prix : 17 €

www.editionsfavre.com

 

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Ma 25 ème heure

14 Octobre 2006, 20:09pm

Publié par Laure

Ah comme j'aimerais qu'elle existe(ât?) cette 25ème heure ! Elle serait dédiée à la lecture, hors du temps et de mes 24 heures déjà trop remplies...

Au Mans nous avons un salon littéraire annuel, qui se déroule pendant Lire en fête. Il s'appelait d'abord les 24 H du livre (au Mans, quoi de plus normal), avant d'être rebaptisé la 25ème heure.

Cette année, la préhistoire est au programme. Vendredi 13 accueillait les scolaires, fillette y a participé avec sa classe, toute fière et émue de ses rencontres. Le week-end est ouvert au tout public.

Je ne trouve plus guère de plaisir à ces salons qui ne sont souvent que de plus ou moins grandes foires. Aux heures d'affluence on piétine on se bouscule on a chaud et on ne voit rien. Aux heures creuses les tables des libraires étiquettent des noms d'auteurs derrière lesquels ne sont que des chaises vides.

Mais bon, j'y suis allée... et j'ai acheté ! (les cadeaux à faire sont toujours un bon prétexte n'est-ce pas ?) Alors pour Anne-Claire, un roman dédicacé d'Evelyne Brisou-Pellen, le même (un si terrible secret)  + un autre pour l'anniversaire de sa copine la semaine prochaine, tant qu'à faire signer la dame...

Pour Mosquito, un album d'Anne Jonas qui avait l'air drôle (et beau !) illustré par Emile Jadoul, qui lui a fait un dessin adorable !

 

Pour moi... 4 romans pour un total de 6 € ... sur le stand du Secours Populaire ! Romans que je n'aurais pas forcément achetés ailleurs, mais à ce prix-là ! dont mon Gavalda fétiche que je possède déjà : mais à 1 €, je me suis dit que je pourrais toujours faire plaisir à quelqu'un !

 

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365 pingouins - Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet

11 Octobre 2006, 15:54pm

Publié par Laure

 

 

 

 

Ktl en avait parlé, Olga aussi, et j’avoue j’étais sceptique : la couverture me plaisait moyen, couleurs et dessins tout en noir/blanc/bleu/orange/ idem, mais je ne l’avais pas encore lu ! Depuis je veux le vendre à tout le monde (et je ne suis pas libraire !!!), je le raconte à tous ceux qui passent me voir (du coup mes collègues du centre culturel ont eu droit à leur heure du conte !) et hier soir, c’est la première fois que mes 3 loups à moi, y compris l’ado mâle bientôt ingrat de 12 ans, buvaient mes mots et dévoraient les images, bien groupés autour de moi sur le lit de Mosquito. 

365 pingouins, c’est une histoire tordante pour jouer avec les mathématiques sans s’en rendre compte, se familiariser avec le temps (1 semaine = 7 jours, 31 jours en janvier + 28 seulement le mois suivant = ?, vous saviez vous que le 100ème jour de l’année était le 10 avril ?) et l’écologie (ah la leçon de l’oncle Emile-Victor à la fin !) 

 Imaginez, un matin, le 1er janvier, un livreur vous apporte un colis qui contient… un pingouin. Pas d’adresse ni de nom d’expéditeur, seulement ce mot : « je suis le numéro 1, nourrissez-moi quand j’ai faim ». Le 2 janvier, driiiing, 2ème colis, « je suis le n°2 et comme 1, j’ai besoin de vos soins » et ainsi de suite. Mais les pingouins, au bout d’un certain nombre, ça devient encombrant, envahissant, et compliqué à gérer. Le papa déborde d’idées de rangement, mais toujours éphémères, le nombre croissant sans cesse. Je vous laisse découvrir le reste, mais je vous garantis qu’on rit, on s’amuse, à tout âge ! Un album riche de jeux (ah oui, j’ai oublié : sur les 365, il faut trouver celui qui a les pattes bleues !), et d’exploitations possibles, qui peut sans problème se lire à 8 -10 ans. 

Les enfants de grande section l’apprécient aussi pour le cocasse de la situation, mais sont moins sensibles à l’aspect mathématique et à la théorie d’Emile-Victor. 

 Et pour finir, quel que soit l’âge, tous adorent la chute, qui promet une nouvelle année encore plus encombrée ! La planète a bon dos ;-) 

Un bémol ? pourquoi avoir fait imprimer ce bouquin à Singapour ? (bon j’imagine bien, mais dommage)

Naïve, sept. 2006, ISBN 2-35021-048-0, prix : 15 € 

Ma note : 4,5/5

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La promesse d'Oslo - Gilles Rozier

10 Octobre 2006, 16:11pm

Publié par Laure

Sharon, 42 ans, vit à Jérusalem, où elle est cuisinière dans une maison de retraite. Elle a un fils de 20 ans, Eli, qui meurt dans un attentat. Comment survivre à cette absence ? Sharon est divorcée aussi, car dans la tradition juive, on se doit d’avoir plusieurs enfants (« la Loi dit Croissez et multipliez »). Comme elle n’a jamais donné la vie après Eli, son mari est allé voir ailleurs. Sharon va déménager, quitter son quartier ultra orthodoxe pour un autre petit appartement, dans un immeuble où elle va sympathiser avec sa nouvelle voisine, Magda. 

Je me suis longtemps demandé où l’auteur voulait en venir… Il nous fait tout simplement partager le quotidien d’une femme juive qui vit sa religion dans le respect le plus strict des lois, et qui rencontre des personnages qui eux s’accordent des libertés avec celles-ci ! Il y a de l’humour, et on s’attache assez vite à ce personnage de femme qu’on sent à la fois « corsetée » par sa religion, mais satisfaite tout de même de ce « cadre ». Et puis quand sa voisine Magda, la quarantaine aussi, donne naissance à un petit garçon grâce à la fécondation in vitro, pourquoi n’essaierait-elle pas, elle aussi, de donner une nouvelle fois la vie ? Pas pour remplacer Eli, non, mais pour prolonger son existence justement, en parlant de lui à une fratrie. Mais voilà, pour respecter les lois de la Torah, seule la procréation avec donneur anonyme non juif est possible (si le père est juif, il faut qu’il y ait mariage, et Sharon ne veut pas de mariage !). Sur le conseil de son rabbin, ce sera Oslo, où le nombre de juifs est très faible, donc le risque que le donneur soit juif quasi nulle. Elle s’invente une vieille tante en Norvège pour s’absenter une semaine. Le temps aussi de réaliser que son pays lui manque, sa voisine et son collègue de travail aussi. Plus on avance dans le livre et plus on aime cette femme qui se débat entre ses envies et le respect des Lois. Aussi la fin qui se veut d’une grande simplicité (c’était pas si compliqué de faire quelques arrangements !) est un bonheur simple, pour le lecteur et pour le personnage de Sharon. 

J’ai aimé découvrir ces traditions juives que je ne connaissais pas, mais aussi l’ouverture d’un peuple dans sa façon de vivre sa religion, ainsi que le cadre du conflit israélo-palestinien, même si chez Rozier on apprend moins que chez Zenatti de ce point de vue-là. C’est un roman prenant et attachant sur la façon de vivre sa judaïté, une réflexion personnelle sur l’amour, le couple, la maternité et le risque dans un pays en conflit permanent, où prendre le bus peut vous faire perdre la vie à tout instant. La fin aborde aussi l’homosexualité de façon très sereine et détachée, comme une évidence que l’on ne lit pas si souvent !

Denoël, août 2005, 186 p., ISBN 2-207-25702-9, prix : 15 € 

Ma note : 3,5/5

 

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Puisque rien ne dure - Laurence Tardieu

9 Octobre 2006, 13:51pm

Publié par Laure

En janvier 1990, une petite fille de 8 ans, Clara, disparaît sur le chemin du retour de l’école. Ses parents, Vincent et Geneviève, sont effondrés, bien sûr. Le temps passe et l’on ne retrouvera pas l’enfant. A chacun sa façon de réagir, de se replier sur soi ou d’avoir besoin d’écrire pour survivre, le couple s’éloigne et se sépare. Quinze ans plus tard, Vincent reçoit une courte lettre de Geneviève. Malade, elle l’appelle à son chevet pour lui parler une dernière fois. Aussi longtemps que dure le trajet en voiture, Vincent se bat contre ses souvenirs qu’il ne veut pas faire ressurgir, et puis dans la maison de la femme qu’il a aimée, ils se retrouvent, parlent de leur fillette à jamais perdue.

D’une grande tristesse certes, ce roman est pourtant d’une grande douceur, d’une grande pureté, d’une grande beauté. Des phrases simples qui composent comme une délicate mélodie apaisante, un dernier souffle d’amour avant la mort. Chacun réussit à trouver la paix dans ces derniers moments. C’est beau, tout simplement.

Stock, août 2006, 127 p., ISBN 2-234-05927-5, prix : 13 €

Ma note : 4,5/5

 

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Mort in vitro - Martin Winckler

9 Octobre 2006, 10:09am

Publié par Laure

Bien connu pour sa Maladie de Sachs qui a eu le Prix Inter en 1998 et son étude des séries américaines (les Miroirs de la vie, en 2002), Martin Winckler est l’écrivain médecin dont on rêve tous, tel que nous apparaît son personnage romanesque de médecin généraliste attentif, à l’écoute et d’une humanité généreuse. En 2003, en coédition Fleuve Noir et la Mutualité Française, il se lance dans le Polar Santé. Ainsi naît Mort in vitro, enquête-réalité sur les industries pharmaceutiques. Roman inspiré de la réalité, on retrouve le couple d’enquêteurs que forment le juge d’instruction Jean Watteau et le médecin généraliste Charly Lhombre, déjà apparus dans la série du Poulpe : Touche pas à mes deux seins. Ici l’enquête est double : un professeur de pharmacologie meurt dans un accident de voiture alors que l’enquête révèle qu’il a reçu une balle dans la tête avant de prendre le volant ( !), tandis qu’une jeune femme enceinte décède d’une complication rare : un placenta accreta. Et si le professeur avait découvert le trafic d’un gynécologue véreux corrompu par les labos ? Et si les femmes enceintes curieusement décédées avaient toutes pris ce même médicament ? Enquête au pays de la procréation médicalement assistée, et des enjeux économiques des laboratoires pharmaceutiques.

J’ai eu un peu de mal avec ce bouquin. D’abord, on devine assez facilement tous les ressorts de l’intrigue, mais la dénonciation de ces procédés étant peut-être l’objectif premier de l’auteur, on ne pourra lui en vouloir pour cela. Je n’ai pas aimé la narration éclatée qui fait qu’alternent des épisodes différents  à des dates différentes, des extraits d’articles de presse ou des émissions de radios, des scènes personnelles de patientes ou des phases de l’enquête juge/médecin. Pour ne pas s’y perdre, il faudrait lire le roman d’une seule traite. Pas toujours possible ! Au lecteur donc de reconstituer la chronologie narrative et au départ j’ai eu du mal à mémoriser tous les personnages ! (Même à la fin je ne suis pas certaine d’avoir vraiment compris qui était à la tête de quel labo et les fusions et autres rachats : tous dans le même panier de crabes !)

J’ai aimé par contre ces allusions récurrentes chez Winckler : tout se passe toujours à Tourmens, cette ville imaginaire contraction de la ville de Tours et de la ville du Mans (maintenant que j’habite la région, on me l’a expliqué !), les références à Sachs et toujours cette préoccupation du généraliste en campagne, qui est humain avant d’être tiroir-caisse.

A lire de préférence si vous avez une journée entière devant vous. Toujours dans la veine polar médical, son dernier roman publié s’appelle Camisoles et reprend les mêmes personnages que Mort in vitro.

 

Libra Diffusio, janv. 2004, 212 p. ISBN 2-84492-145-0 (éditeur au Mans, livre en gros caractère). Parution initiale chez Fleuve noir puis en Pocket.

Ma note : 3/5

 

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Des chats, des filles, les 10 ans de ma fille...

8 Octobre 2006, 16:00pm

Publié par Laure

J'ai beau coller des affichettes partout, je crois je vais être condamnée à garder 4 chats...

Ils ont 3 mois, ils grandissent, ils sont mignons, mais personne n'en veut !!!

  

Avez-vous vu Tigrou tout en haut ? Ah que c'est confortable la vie de chat ! Noiraud, moins visible, est pourtant là, à gauche sur la photo, sous la patte blanche de sa mère !

Tigrou et Noiraud sont deux chatons très éveillés et qui font plein de bêtises. Vachette est plus calme, souvent dans le giron de sa mère :

Lorsque je décharge les photos de l'appareil numérique, il m'arrive d'en découvrir des surprenantes, prises par les enfants, comme celle de Mosquito endormie dans un endroit...insolite !

 

Aujourd'hui, Anne-Claire a 10 ans. déjà ! Hier, elle avait invité quelques copines, mais comme hélas je travaille le samedi, je n'ai suivi la fête que par photos interposées.

Cela m'a fait chaud au coeur quand même qu'elle me réclame MON gâteau au chocolat (alors que j'avais franchement pas le temps et lui proposais de passer chez le pâtissier, bien sûr que je le lui ai fait quand même !) et qu'elle explosait de joie tout simplement parce que j'avais acheté des bougies magiques : "wouah, génial, merci maman !"

   

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Celui d'en face - Gabrielle Ciam

6 Octobre 2006, 08:52am

Publié par Laure

Une femme se raconte à un homme, inconnu. Sur le divan d’un psy ?

 

La quarantaine, Gabrielle a décidé qu’elle en avait fini avec le sexe, et que la solitude confortable de son appartement parisien lui convenait. Jusqu’à ce qu’elle aperçoive la silhouette puis le regard du voisin d’en face. Commence alors le jeu délicat, sensuel et élégant du chat et de la souris, dans sa déclinaison érotique. Chacun va s’offrir au regard de l’autre, et la relation « virtuelle » va monter crescendo, jusqu’à faire naître jalousie, sentiments, et désir de rencontre. Gabrielle Ciam nous offre un roman simple et beau, sans vulgarité aucune, avec une chute insolite qui répond à la question que se pose le lecteur : à quel homme s’adresse-t-elle lorsqu’elle se confie ?

 

J’ai longtemps hésité à « caser » ce roman dans la catégorie « roman français » ou « littérature érotique », over-blog ne permettant d’attribuer qu’une seule option. Je penchais pour le roman, et puis la 4ème de couv défend le genre érotique, alors allons-y. Ouvertement érotique certes, mais un érotisme sobre et classieux, comme seules les femmes savent l’écrire ?

 

Voir aussi les critiques de Clarabel et Tatiana !

Arléa, sept. 2006, 122 p. ISBN 2-86959-748-7, prix : 15 €

 

Ma note : 4/5

 

 

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Journal d'Hirondelle - Amélie Nothomb

3 Octobre 2006, 08:50am

Publié par Laure

Ne revenons pas sur le rapport texte / espace dans la page, ni sur les 136 pages lues en 1h30 pour 14,50 € -  quand même. Cela a été dit et redit. Alors Nothomb 2006, bon cru ou mauvais cru ? Je dirais que ses histoires sont de plus en plus éloignées de mon monde, souvent proches de l’absurde, en tout cas pas réalistes, et ça j’aime pas. Non pas que ce journal d’Hirondelle soit mauvais, mais il est loin de moi, il me semble inachevé, malgré une fin « fermée », elle arrive de façon trop rapide. Ceci dit toute la deuxième moitié du roman, lorsque le comportement du héros (qui s’est choisi Urbain pour prénom) change ne m’a pas intéressée. Je suis allée au bout parce que c’est vite lu. Mais bof, moyen, quoi. Et puis cette version 2006, je la trouve limite vulgaire. En effet, Urbain, après avoir perdu toutes sensations, devient tueur à gages. Il fait suivre chaque meurtre d’une « séquence onaniste » (je cite). Cette jouissance déplacée (et répétitivement décrite) et cette pub non stop (une page sur deux) pour les CD de Radiohead m’ont agacée.

 

Amélie me lasse. Pourtant je la lis. Espérant chaque année trouver une petite pépite. En vain ces dernières années. Mais je l’emprunte à la bibliothèque. Pas question de risquer 15 € pour 136 pages vite oubliées. Et puis Albin Michel a certainement les moyens de se payer des correcteurs, alors les coquilles sur 130 pages, ça suffit. Chaque année je les souligne, ça ne change jamais. Dans celui-ci encore une phrase où il manque un mot, une relative sans son pronom. Ça fait désordre.

L'avis plus conciliant d'Anne : ici

Albin Michel, août 2006, 136 p. ISBN 2-226-17335-8, prix : 14,50 €

 

Ma note : 2/5

 

 

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Elle s'appelait Sarah - Tatiana de Rosnay

2 Octobre 2006, 10:51am

Publié par Laure

Ce dernier roman de Tatiana de Rosnay est un concentré d’émotions, un roman magnifique malgré toute l’horreur du sujet, bref mon dernier coup de cœur de lecture.

L’histoire commence à Paris en juillet 1942. La petite Sarah, 10 ans, enferme son petit frère dans un placard au moment où la police française vient les chercher, sa mère et elle. Elle a terriblement peur, ne sait pas ce qui se passe, mais ça ne doit pas être bien grave puisque c’est la police française… elle le croit en sécurité et lui promet de revenir très vite. Hélas, comme beaucoup d’autres familles ce 16 juillet 1942, c’est l’enfermement inhumain au Vélodrome d’Hiver, avant le départ vers les camps. En parallèle, il y a l’histoire de Julia Jarmond, américaine qui a épousé un français et vit à Paris de longue date. Elle est journaliste et son chef lui donne un papier à écrire sur le 60ème anniversaire de la Rafle du Vel d’hiv. Bien sûr les deux histoires vont se rejoindre.

Tatiana a l’art de faire monter la tension pour scotcher son lecteur aux pages : impossible de s’arrêter, car on veut savoir la suite ! J’ai presque été tentée de lire les chapitres en alternance pour vite connaître l’issue de l’histoire de Sarah, et puis non, j’ai joué le jeu et suivi la narration choisie par l’auteur, mais j’avoue : elle a joué avec mes nerfs !

C’est un roman courageux, aussi. Sur l’Histoire, bien sûr, car même si ce n’est pas un roman historique, l’auteur revient avec brio sur ces faits noirs de la France. Difficile de rester insensible face à l’horreur décrite, et obligation de féliciter l’auteur pour ce remarquable devoir de mémoire. Un roman courageux aussi sur la crise du couple de Julia, car là non plus, l’auteur n’a pas choisi une fin mielleuse où l’on pourrait croire que tout est bien qui finit bien. Pourtant ce n’est pas un roman triste : j’y ai ressenti de l’espoir, une grande foi en la vie, et coûte que coûte, les personnages vont au bout de ce en quoi ils croient. C’est un beau roman, fort, très fort, et longtemps riche en rebondissements. (chut, je l’ai fini les larmes aux yeux…)

A noter : Tatiana a écrit ce roman dans sa langue maternelle, c’est-à-dire en anglais, alors qu’elle a toujours écrit jusqu’à présent directement en français. J’en ai été très surprise lorsque j’ai découvert la mention de traduction en page de titre. Je ne connais pas la version originale mais la traduction d’Agnès Michaux est parfaite, puisque dans cette langue-là, j’ai aimé le roman ! Tatiana s’en explique sur le blog de Majanissa : voir ici. Pour ma part, aucun des passages qui se voudrait critique sur la réputation des Français ou des Américains ne m’a choquée, j’y adhérais même totalement, ils ne m’ont pas marquée non plus, je me suis beaucoup plus attachée aux émotions du récit, tant sur l’histoire de Sarah que sur celle de Julia.

Un coup de coeur !

France Loisirs (avant-première), août 2006, 443 p. ISBN 2-7441-9420-4

Paraîtra aux éditions Héloïse d’Ormesson au printemps 2007.

Ma note : 5/5

 

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