Novembre 2024 en couvertures...
En novembre, j'ai lu :
Et j'ai commencé plein d'autres trucs toujours en cours 😁
Quinqua, bibliothécaire, avec thé et chats. Je dépose ici les marques que mes lectures ont tracées.
En novembre, j'ai lu :
Et j'ai commencé plein d'autres trucs toujours en cours 😁
Toujours aussi fan des polars de Sylvie Allouche, et même s’ils sont publiés chez un éditeur pour ados (parce que les intrigues et les personnages sont souvent en lien avec des ados ou de jeunes adultes, des sujets en rapport avec les drogues etc.) c’est du vrai bon polar qu’on ne peut pas lâcher.
Je ne les ai pas forcément lus dans l’ordre (au gré de mes trouvailles sur les rayonnages de bibliothèque), mais je retrouve toujours la commissaire Clara di Lazio, son équipe, et sa nièce Lilo avec beaucoup de plaisir.
Dans go fast, go slow, il va être question de transport de drogue bien sûr, mais de bien plus évidemment, impliquant la famille de Clara.
Camille Delvaux a dix-sept quand son petit copain Tommy lui promet que cette fois c’est le dernier go slow, qu’après ils mèneront une vie tranquille avec l’argent gagné. Mais c’est celui de trop, car malgré le stratagème qui consiste à rouler normalement et à ressembler à la famille tout-le-monde en mettant un faux bébé dans le siège-auto, c’est celui qui va mal tourner. Tommy va tirer sur un flic et se faire abattre.
Camille est incarcérée pour sept ans, et c'est en prison qu’elle apprend qu’elle est enceinte. Elle confie sa fille, Romy, à sa mère adoptive Janou.
Sept ans plus tard à sa sortie de prison, Camille va très vite être rattrapée par le dealer chef de gang qui se fait appeler l’Indien, et Clara est appelée par sa sœur qui pense avoir retrouvé leur frère Vincent disparu depuis quinze ans, en une personne inconnue dans le coma à l’hôpital, seule la médaille VDL (Vincent di Lazio) permettrait de penser qu’il s’agit de lui.
Les deux affaires vont bien sûr s’imbriquer, l’écriture est nerveuse comme la commissaire qui ne connaît pas les temps morts, on imagine très bien une adaptation en série télé 🙂
Les personnages positifs et empathiques font du bien, l’équilibre est bien trouvé, bravo !
éd. Syros, mars 2022, 331 pages, prix : 16,95 €, ISBN : 978-2-74-853062-9
Crédit photo couverture : © éd. Syros
En octobre, j'ai lu :
- Dans le cadre du Prix Landerneau 2024 des lecteurs :
et j'ai abandonné car j'ai du mal avec la langue foisonnante, luxuriante et baroque, combien de fois j'ai eu envie de lui dire "viens-en au fait" (je le reprendrai peut-être) :
J'ai voté pour Cabane. Le lauréat 2024 est Houris, de Kamel Daoud. Un très beau roman, bien écrit, peut-être un peu trop redondant, comme ressassant, à la chronologie éclatée, clairement pas grand public (là c'est la bibliothécaire qui parle).
Dans Cabane, j'ai aimé le côté romanesque de la vie recréée des personnages (4 jeunes chercheurs à Berkeley, 2 Américains, 1 Français, 1 Norvégien) , le "que fait-on" alors que l'on sait, en 1973 que la poursuite de la croissance sans limites conduira à un effondrement mondial au milieu du XXIe siècle, on y est, le monde n'a rien fait, et chacun des personnages a réagi différemment. J'ai aimé le ressort de l'enquête journalistique pour retrouver le 4e chercheur.
Les 4 romans sont excellents, différents, choisir et voter fut difficile.
Je n'ai pas lu grand-chose d'autre (1500 pages en 21 jours n'était pas si simple) :
En septembre, j'ai lu :
et j'ai été très déçue par les 3 romans du milieu, je me suis ennuyée ferme dans les détails et dans les tartes aux pommes (alors que j'aime bien ce que fait Siaudeau d'habitude, mais c'est son premier roman je crois, il s'est bonifié avec le temps) et j'ai trouvé pénible les choix d'écriture des mains pleines et le personnage du petit-fils.
Bref, un mois pas terrible... mais j'entame octobre avec la sélection des lecteurs du Prix Landerneau 2024, et ça s'annonce plutôt bien 🙂
Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet
Cette maison idéale, a good house for children dans son titre original, est un manoir imposant qui a pour nom « le Reeve », situé dans le Dorset, au sud-ouest de l’Angleterre. Idéal pour l’épanouissement familial, vraiment ?
Ce premier roman de l’autrice raconte l’histoire d’une maison, à travers deux familles, en 1976 et en 2017, avec des retours plus loin dans le temps également, le manoir en bord de falaise s’avérant plus hanté qu’idyllique.
En 1976, c’est Lydia qui est embauchée comme garde d’enfants d’une famille nombreuse pour aider Sara, la mère tout juste veuve, dépassée par son chagrin. En 2017, c’est Orla, une mère de famille, artiste peintre, qui élève ses jeunes enfants (dont l’aîné ne parle pas) dans cette grande maison choisie (et imposée) par son mari qui n’y vit guère, travaillant et restant à la ville la semaine.
La psychologie des personnages est intéressante, les phénomènes mystérieux qui se produisent contribuent à une atmosphère un peu angoissante, tout comme le climat, le voisinage… L’alternance des époques et des vécus familiaux fonctionne, mais il manque un petit quelque chose : le roman n’en reste pas moins attendu, avec une impression de déjà lu, et d’inabouti dans le traitement du léger surnaturel.
Ce n’est pas un mauvais roman, mais il manque quelque chose pour qu’il soit pleinement réussi.
A lire si vous aimez les histoires de fantômes, de maisons hantées, de destins tragiques qui se répètent, les ambiances gothiques et psychologiques.
Extrait p. 194-195/229 (numérique) : « La maison exigeait trop d’elle. Elle avait essayé de l’aimer, de réparer ce qui était cassé en elle, de panser ses plaies. Et pourtant, ça ne suffisait pas. Le Reeve l’appelait, avait besoin d’elle, la réclamait comme le ferait un enfant, et Orla savait qu’elle aurait beau lui donner tout ce qu’elle pouvait, ce ne serait jamais assez, car un enfant n’aspire qu’à s’approprier totalement sa mère. Les siens la dévoraient s’ils en avaient la possibilité, afin qu’elle vive en eux pour toujours. Et c’était ce que voulait la maison : la faire sienne à jamais.
Elle était devenue la mère d’un monstre. Le Reeve lui avait parlé, avait chuchoté à son oreille, et elle l’avait écouté.
Une mère doit se sacrifier pour ses enfants. Orla le savait et en avait déjà accepté la nécessité au plus profond de son cœur. »
Éditions Les escales, septembre 2024, coll. Littérature étrangère, 400 pages, prix : 23 €, ISBN : 978-2-36569-836-8
Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations
La cabane bleue est une petite maison d’édition indépendante installée à Rezé près de Nantes, qui défend un fort engagement écologique et environnemental.
Cet album défend les mêmes valeurs dans son histoire, celle du nouveau lit de Valentine, qui grandit. Son papa lui en a ainsi fabriqué un nouveau avec le bois du poirier du jardin, malade et fatigué, qu’il fallait couper.
Chaque soir, l’arbre-lit lui raconte des histoires, celles des enfants qui sont passés sous ses branches. Importance de la nature et de la vie (planter un nouvel arbre) ; réemployer plutôt que détruire, transmission des histoires dans la tradition du conte oral sous le baobab sont les thèmes abordés dans ce récit accessible dès 3 ans.
Les illustrations sont belles et chaleureuses, emplissant les pages de leurs aplats de couleurs.
Le bleu nuit du soir, les cheveux roux de la petite fille qui se marient avec le bois du lit et de l’arbre, j’aime beaucoup !
(dès 3 ans)
La cabane bleue, mai 2020, 32 pages, 17 €, ISBN : 978-2-491231-04-0
Crédit photo couverture : © Gilles Freluche et éd. La Cabane bleue
Un très bel album sur le principe d'une page "seul, on..." avec une découpe qui met l'accent sur un détail qui révèle la scène entière en pleine double page suivante avec "ensemble, on..."
Par exemple : "Seul, on grandit; ensemble, on s'épanouit", "Seul, on réfléchit; ensemble, on construit" etc.
Un texte et de très belles illustrations au trait fin dans lesquelles les couleurs primaires dominent (bleu, rouge, jaune) pour représenter l’intérêt et le bien-être que l'on peut tirer du vivre ensemble.
La Martinière Jeunesse, mai 2024, 52 pages, prix : 17,50, ISBN : 979-10-401-1723-0
Crédit photos : Amandine Piu et éd. La Martinière Jeunesse
En août, j'ai lu :
Alex, seize ans, a pris l’habitude de gérer sa vie seul bien malgré lui : son père est dans le coma depuis de nombreux mois, sa mère a refait sa vie et son beau-père l’horripile, sa grand-mère est morte, sa sœur aînée est en prison et son grand-frère Tony est devenu Tanya. ça fait un peu beaucoup, trop peut-être, pour le personnage comme pour le lecteur…
Heureusement il y a le psy devenu ami, à qui Alex peut se confier.
Le roman s’ouvre à l’hôpital avec une bonne nouvelle : son père est sorti du coma. Mais la mauvaise nouvelle est qu’il est condamné à court terme : il lui reste trois mois à vivre.
Il faut encaisser la nouvelle, et Alex se demande comment ne pas brusquer son père face à tous les changements qui sont intervenus dans la famille pendant son coma. Et s’il lui cachait la vérité ?
Il se prend alors à rêver de reproduire une scène d’enfance, souvenir agréable d’une famille unie et au complet. Le projet est insensé mais Alex va convaincre les siens.
Le lecteur peine à croire au scénario. Ce qui m’a incitée à poursuivre ma lecture, c’est de savoir si le père allait être dupe ou pas et comment tout cela allait finir.
C’est un roman d’apprentissage délicat, sur le passage - un peu forcé ici par les circonstances - de l’adolescence à l’âge adulte.
Hélas, je n’ai pas été vraiment touchée par cette histoire, pas assez réaliste à mon sens, trop extravagante et trop chargée dans les éléments casés (la transidentité, le premier amour, le deuil, la peur de la mort, le lien parental, etc. )
Peut-être ce roman saura-t-il séduire davantage les adolescents à qui il est prioritairement destiné ? (dès 14 ans)
Actes Sud jeunesse, août 2024, 336 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-330-19474-1
Crédit photo couverture : © Actes Sud Jeunesse
C’est le nom de l’autrice, que je connaissais en jeunesse, qui m’a attirée plus que le titre, que je trouvais bien long et qui ne me parlait pas. Bien m’en a pris de tenter la lecture, car quelle claque ! Un vrai beau coup de cœur pour ce roman sensible et dur, qui touche par sa justesse, sa poésie et la beauté de sa narration.
Astrid, la quarantaine, a acheté une maison dans un hameau du Mercantour sans même la visiter. Elle fuit une vie perdue. On comprend très vite que ses deux enfants et son mari sont morts, sans savoir comment (on aura la réponse à la fin) ; on partage d’emblée sa souffrance. Peu après son installation, elle découvre dans la neige une jeune femme incapable de se relever, enceinte et épuisée. Soraya a à peine dix-sept, a fui la Syrie, et connaît le parcours atroce des migrants. O combien ce roman est plus parlant que bien des documentaires ou articles de presse !
Les deux femmes vont se reconstruire l’une l’autre, s’ouvrir peu à peu, ce n’est pas simple, ça demande du temps, de la patience, de l’humilité, de la bienveillance, mais tout cela sonne si juste dans ce roman de Marie Pavlenko ! La poésie, par les extraits cités en exergue des chapitres ou par les titres achetés par Astrid, apporte une vraie profondeur, beauté et douceur au texte.
C’est splendide, bouleversant.
J’ai craint un instant que l’intrigue ne bascule dans la facilité (l’écriture pour la jeunesse ado n’est pas loin, en particulier dans ce que va vivre Soraya avec un personnage), mais l’autrice a l'intelligence de ne pas céder au feel-good dans ce roman publié en littérature générale.
On voudrait ne pas finir la lecture pour ne pas quitter les personnages, tout en lisant quasi d’une traite pour vivre pleinement avec eux. C’est cela un roman réussi, non ?
Un vrai beau roman qui m'a émue et contenue dans sa bulle terriblement réaliste et représentative de ce dont l’humanité est capable, en bien comme en mal.
Extraits :
P. 30/269 (numérique) : “Sois sage ô ma douleur, elle comprend maintenant, oui, tranquille, tranquille. Il n’y a que a qu’elle arrive à lire. De la poésie, des éclats de lumière qui résonnent comme de gros gongs frappés en elle.
Il faut qu’elle trouve une librairie.
Astrid traverse un nouveau pan de forêt.
Le silence est plein d’yeux.”
P. 197/269 : “Écouter, prévoir, mesurer, soupeser, anticiper, attendre, réagir, dorloter, donner. De l’attention, de l’amour, de la patience, de l’énergie. Donner. Donner encore.”
Les Escales, domaine français, 22 août 2024, 352 pages, prix : 21 €, ISBN : 978-2-36569-807-8
Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations et éd. Les Escales.