Les jardins d'Hélène

L'enfant réparé - Grégoire Delacourt

2 Janvier 2025, 10:22am

Publié par Laure

C’est un récit très personnel que livre ici Grégoire Delacourt, un retour sur son enfance, ses parents, son mariage, ses histoires d’amour et comment ce noyau familial parental a imposé à lui ses romans. Malgré quelques poncifs, il y a aussi quelques fulgurances, des phrases qui font mouche et touchent. Si l’on pourrait croire que l’auteur fait d’abord ici sa psychanalyse (il la fait d’ailleurs, et la raconte), il va au-delà dans la douleur de l’enfance qui marque à vie et l’on ne peut qu’avoir envie de (re)lire ses romans à l’aune de ce nouvel éclairage.

J’étais restée sur une image extrêmement négative de cet écrivain, rencontré dans un salon du livre au moment de la sortie de l’enfant réparé justement. Je lui avais dit que parmi tout ce que j’avais lu de lui, mon préféré était « on ne voyait que le bonheur », il m’avait répondu sèchement qu’il ne me demandait pas ce que j’avais aimé, mais d’acheter son livre. Ce que je n’ai pas fait, pendant qu’’il vociférait sur la libraire ou bénévole du stand qui lui servait un verre de Jasnières, comment pouvait-on oser lui servir du blanc local, je m’étais alors demandé s’il était déjà bourré ou s’il était juste odieux et j’avais alors quitté le salon (j’allais le voir à la base juste pour lui transmettre un message d’une collègue éloignée)

Ce qui me conforte dans l’idée que je préfère m’en tenir à la lecture.

Ce texte me réconcilie un peu avec lui, ce livre est profondément triste.

 

Extraits :

p.66 Sur l’écriture d’un court-métrage : « Pour la première fois, j’avais écrit pour moi, osé la fiction, ce mensonge qui dit la vérité, en racontant une enfance qui ne se réalise pas. »

p. 221 « Les mots ne guérissent pas. N’effacent pas. Ils tracent juste d’autres vies. »

p. 181 : « Jusqu’à ce livre-ci, écrire était une fête. C’est l’urgence cette fois qui commande. Les silences dégueulent, je dois les contenir ; parfois retenir la colère. Tout remonte. Tout s’assemble. Mon histoire est banale, c’est ce qui la rend triste. »

 

Grasset, septembre 2021, 231 pages, prix :19 €, ISBN : 978-2-246-82884-6

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Grasset / bandeau : collection particulière

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Les fruits du myrobolan - Marco Martella

1 Janvier 2025, 16:26pm

Publié par Laure

 

Écrivain-jardinier d’origine italienne, Marco Martella s’est installé dans la campagne briarde il y a plus de vingt ans, et c’est un récit tout en délicatesse qu’il en présente : dix chapitres à la rencontre des hommes et des arbres, de la nature et des myrobolans en particulier.


Ce qui en surgit, c’est une sérénité paisible dans le foisonnement du monde, le cheminement d’une pensée qui s’intéresse au vivant, qu’il soit végétal ou humain. La langue est superbe, poétique, classique, soignée.


Une parenthèse hors du temps, apaisée et apaisante.

 

extraits:
p. 24-25 : “Je cueillis un fruit et je le portai à ma bouche, méfiant, comme c’est souvent le cas quand on mange un fruit poussant spontanément dans la nature. Je ne peux pas dire que sa saveur un peu âcre me plut. Il fallut que j’en mange un autre, puis encore un autre avant de comprendre : le goût du fruit du myrobolan était celui qu’ont les choses libres et sauvages, un goût austère mais doux, réconfortant même et étrangement familier.
Mon ami me regardait en souriant. A un certain moment je l’entendis marmonner quelque chose, le genre de phrases énigmatiques qu’il prononçait parfois pour lui-même. “Les fruits du silence… Les seuls qui comptent”, ou quelque chose comme ça.”

p. 59 : “Je sais que dans le monde qui vient de naître, ce monde technologique, virtuel et tellement bavard qui n’est pas celui dont on rêvait, la littérature ne sert plus à rien. Si l’homme qu’elle présupposait et auquel elle s’adressait n’est plus, elle n’a plus de raison d’être.”

p. 172 : “Je songeais à tout ce qui nous reste de beau et de précieux dans le désert que devient le monde, à quel point il importe de le reconnaître comme tel, même s’il n’y a plus que des restes, et le mettre à l’abri.”

 

Actes Sud, coll. un endroit où aller, mai 2023, 183 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-330-17994-6
 


 

 

Crédit photo couverture : © éd. Actes Sud

 

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Une très belle année 2025 à tous !

1 Janvier 2025, 16:19pm

Publié par Laure

Qu'elle vous soit la plus douce possible et riche de ce que vous souhaitez 🤗

Mon bilan lectures 2024 arrivera bientôt, (peut-être, je pars d'abord quelques jours en vacances, dans le froid de l'autre côté de la frontière 😉)
Un aperçu en images sur insta ou facebook en attendant !

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Décembre 2024 en couvertures...

31 Décembre 2024, 20:27pm

Publié par Laure

En décembre j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Célèbre - Maud Ventura

29 Décembre 2024, 17:28pm

Publié par Laure

Première expérience de lecture audio, et quel calvaire ! Non pas pour l'audio, tout va bien et la voix de la comédienne lectrice, Suzanne Jouannet, est agréable et adaptée à ce récit à la première personne du personnage de Cléo Louvent.

Chanteuse, star franco-américaine, elle dort vit et mange par et pour la célébrité, n'hésitant pas à tout détruire sur son passage. Elle est détestable, insupportable, odieuse, égocentrique, capricieuse, arrogante et j'en passe, vous avez compris le tableau. 09h30 d'écoute, ou 550 pages en version papier, que c'est long quand c'est interminablement répétitif , ça ne cesse de s'étirer pour redire toujours la même chose. Et c'est cela qui pêche, car l'histoire en soi et les liens avec la réalité du star system sont plutôt justes.
J'ai commencé à y trouver un soupçon d'intérêt à la piste 31 ou 32 (quand elle tombe amoureuse de John), sur 40 (38 pour le roman + 2 pour les références et les remerciements), il était temps !
J'ai trainé ce livre comme un boulet, n'avais pas lu "Mon mari" donc n'avais pas de comparaison avec son précédent roman, je voulais aller au bout de cette première lecture audio, mais 250 pages auraient suffi à dresser le même portrait. La fin sauve un peu l'ensemble. Mais pas le plaisir de lecture dont je ne retiendrai que la longueur.

 



 

 

L'Iconoclaste, août 2024, 558 pages, prix : 21,90 €, ISBN: 978-2-37880-450-3

audio : Lizzie, octobre 2024, durée : 9h et 30 minutes, prix : 23,99 €

 

 

crédit photo couverture : éd. L'Iconoclaste

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Minuit passé - Gaëlle Geniller

27 Décembre 2024, 10:40am

Publié par Laure

Guerlain Drosera, la trentaine, papa d’un petit garçon de 7 ans prénommé Nisse, retourne vivre dans le manoir abandonné de son enfance, où il installe son atelier de restaurateur d’art. Sa femme est absente mais leur téléphone souvent, de même que ses trois sœurs qui ont occupé une place centrale dans son enfance.

Passé minuit, l’insomnie le prend, rêves et cauchemars, à moins que la maison ne soit réellement hantée. Que ou qui représentent ces trois corneilles noires qui ne quittent pas la maison ? Et ces bruits, ces fantômes ou hallucinations ? Pourquoi Nisse est-il si serein et s’intéresse-t-il tant au spiritisme ?

Dans un décor magnifique, le scénario oscille entre présent et passé, jusqu’à la libération finale. L’ensemble est somptueux, tant dans le scénario minutieusement travaillé que dans le dessin exceptionnel, dans le détail des costumes, le choix des couleurs, jusqu’au jaspage de la tranche du livre qui contribue à la beauté et à la cohérence de l’objet, dans un esprit Art déco.

L’autrice-illustratrice intercale des pages documentaires avant l’épilogue, expliquant ses choix de couleurs, la genèse du scénario et son attention portée sur les costumes. Cet extra est vraiment intéressant.

Si d’un premier abord j’avais des doutes sur la fin (que l’on pourrait interpréter de différentes façons), la relecture de quelques pages m’a fait trancher pour une réponse, car je fais partie de ceux qui détestent les fins ouvertes en littérature.

 

Autre titre de Gaëlle Geniller : les fleurs de grand frère

 

 

Éditions Delcourt, coll. Mirages, octobre 2024, 206 pages, prix : 25,50 €, ISBN : 978-2-413-07894-4

 

 

Crédit photo couverture : © Gaëlle Geniller et éd. Delcourt

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L’hypermarquête – Gilles Bachelet

20 Décembre 2024, 15:20pm

Publié par Laure

Quand Gilles Bachelet joue avec les codes de la société de consommation et met en scène les personnages de ses propres albums, ça donne un album bourré de fantaisie, d’humour, et d’explosion graphique qui mêle dragons et chevaliers, lapins, licornes et autruches.
L’illustration fourmille de détails, et on adore les clins d’œil à ses collègues auteurs-illustrateurs, comme celui de Charles le dragon au cœur d’une double page (Alex Cousseau et Philippe-Henri Turin) ou encore le jeu sur le code-barres à la Ponti.
Vous verrez le supermarché d’un autre œil la prochaine fois que vous y emmènerez votre enfant, qui risque de vous demander le rayon des transports, animaliers ou amoureux.

Un album savoureux dans lequel l’adulte lecteur ne s’ennuie pas une seconde, et même si l’enfant (à partir de 6 ans) n’a pas toutes les références (comme la foire à l’empoigne pour une promo de pâte à tartiner), il y fera sa propre lecture emplie de magie et d’imaginaire.

Sans compter les visages très expressifs des personnages : un coup de cœur !

 

 

Seuil jeunesse, octobre 2024, prix : 15,00 €, ISBN : 979-10-235-1637-1

 

 

Crédit photos : © Gilles Bachelet et éd. Seuil jeunesse

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Novembre 2024 en couvertures...

30 Novembre 2024, 23:18pm

Publié par Laure

En novembre, j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

Et j'ai commencé plein d'autres trucs toujours en cours 😁

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Go fast, go slow - Sylvie Allouche

9 Novembre 2024, 14:55pm

Publié par Laure

Toujours aussi fan des polars de Sylvie Allouche, et même s’ils sont publiés chez un éditeur pour ados (parce que les intrigues et les personnages sont souvent en lien avec des ados ou de jeunes adultes, des sujets en rapport avec les drogues etc.) c’est du vrai bon polar qu’on ne peut pas lâcher.
Je ne les ai pas forcément lus dans l’ordre (au gré de mes trouvailles sur les rayonnages de bibliothèque), mais je retrouve toujours la commissaire Clara di Lazio, son équipe, et sa nièce Lilo avec beaucoup de plaisir.

Dans go fast, go slow, il va être question de transport de drogue bien sûr, mais de bien plus évidemment, impliquant la famille de Clara.
Camille Delvaux a dix-sept quand son petit copain Tommy lui promet que cette fois c’est le dernier go slow, qu’après ils mèneront une vie tranquille avec l’argent gagné. Mais c’est celui de trop, car malgré le stratagème qui consiste à rouler normalement et à ressembler à la famille tout-le-monde en mettant un faux bébé dans le siège-auto, c’est celui qui va mal tourner. Tommy va tirer sur un flic et se faire abattre.
Camille est incarcérée pour sept ans, et c'est en prison qu’elle apprend qu’elle est enceinte. Elle confie sa fille, Romy, à sa mère adoptive Janou.

Sept ans plus tard à sa sortie de prison, Camille va très vite être rattrapée par le dealer chef de gang qui se fait appeler l’Indien, et Clara est appelée par sa sœur qui pense avoir retrouvé leur frère Vincent disparu depuis quinze ans, en une personne inconnue dans le coma à l’hôpital, seule la médaille VDL (Vincent di Lazio) permettrait de penser qu’il s’agit de lui.

Les deux affaires vont bien sûr s’imbriquer, l’écriture est nerveuse comme la commissaire qui ne connaît pas les temps morts, on imagine très bien une adaptation en série télé 🙂
Les personnages positifs et empathiques font du bien, l’équilibre est bien trouvé, bravo !

 

éd. Syros, mars 2022, 331 pages, prix : 16,95 €, ISBN : 978-2-74-853062-9
 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Syros

 

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Octobre 2024 en couvertures...

31 Octobre 2024, 23:10pm

Publié par Laure

En octobre, j'ai lu :

- Dans le cadre du Prix Landerneau 2024 des lecteurs :

 

 

 

 

 

et j'ai abandonné car j'ai du mal avec la langue foisonnante, luxuriante et baroque, combien de fois j'ai eu envie de lui dire "viens-en au fait" (je le reprendrai peut-être) :

 

 

 

 

 

J'ai voté pour Cabane. Le lauréat 2024 est Houris, de Kamel Daoud. Un très beau roman, bien écrit, peut-être un peu trop redondant, comme ressassant, à la chronologie éclatée, clairement pas grand public (là c'est la bibliothécaire qui parle).

Dans Cabane, j'ai aimé le côté romanesque de la vie recréée des personnages (4 jeunes chercheurs à Berkeley, 2 Américains, 1 Français, 1 Norvégien) , le "que fait-on" alors que l'on sait, en 1973 que la poursuite de la croissance sans limites conduira à un effondrement mondial au milieu du XXIe siècle, on y est, le monde n'a rien fait, et chacun des personnages a réagi différemment. J'ai aimé le ressort de l'enquête journalistique pour retrouver le 4e chercheur.

 

Les 4 romans sont excellents, différents, choisir et voter fut difficile.

 

Je n'ai pas lu grand-chose d'autre (1500 pages en 21 jours n'était pas si simple) :

 

 

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