Les jardins d'Hélène

Deux filles nues - Luz

19 Avril 2025, 13:22pm

Publié par Laure

C’était sans doute le risque avec cette BD multi primée (dont le Fauve d’Or à Angoulême en 2025), ce ne fut pas le coup de cœur attendu.

C’est néanmoins un excellent album, original, intelligent, intéressant. Il est d’ailleurs toujours difficile d’être critique sur une œuvre réussie, qui vous apprend des choses, sur l’art et par le biais de l’art.

Un siècle d’histoire allemande vue par un tableau, de sa création par son artiste, Otto Mueller, à ses ventes, pendant la montée et l’arrivée du nazisme au pouvoir. Spoliation, art dégénéré, bûchers d’œuvres d’art, sauvetages, jusqu’à l’exposition au musée Ludwig à Cologne (Köln), c'est riche et documenté. L’ouvrage s’enrichit d’ailleurs d’une postface de la directrice adjointe du musée, de courtes biographies, d’une chronologie, etc.

 

L’originalité vient bien sûr du point de vue choisi : l’œil du lecteur est celui du tableau : c’est un peu déroutant au départ, surtout dans les premières pages, ce n’est parfois pas droit, parfois dans le noir, parfois en mouvement, Luz a fait très fort sur ce point.

 

 

Albin Michel, octobre 2024, 196 pages, prix : 24.90 €, ISBN : 978-2-226-48957-9

 

 

Crédit photo couverture : © Luz et éd. Albin Michel

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La parenthèse d’oubli (Les carnets de Cerise #tome6) – Joris Chamblain, Aurélie Neyret (ill.)

16 Avril 2025, 09:32am

Publié par Laure

Quelle joie de retrouver Cerise après quelques années, dans un si bel album, réussi tant du point de vue du scénario que des dessins, vraiment sublimes !

Cerise va sur ses 13 ans, et c’est une année particulière dans sa vie : celle d’un voyage d’un an autour du monde, en minimisant au maximum son empreinte carbone (pas d’avion sauf nécessité absolue), en famille avec sa maman, Stéphane son compagnon, et Valentin, le fils de ce dernier.

L’album fait une large place à l’écriture, par le biais des carnets de Cerise, mêlant journal de bord et aquarelles, qui alternent avec des planches de BD classiques. La beauté de l’illustration ne peut que séduire d’emblée. C’est splendide.

De l’Angleterre au nord de l’Amérique du Sud en passant par l’Europe et l’Afrique du Nord, le périple loin du quotidien permet l’éveil, au monde, à la famille recomposée, à l’avenir de ces deux thématiques, sans oublier la difficulté d’être loin de ses amis. Hormis le message écologique un peu trop convenu (et vu comme un message obligé) c’est un tome qui donne envie de saisir les petits bonheurs du quotidien, et pourquoi pas, de les écrire. Peut-être fera-t-il même naître des vocations auprès des jeunes lecteurs.

Un très beau 6e tome.

 

Les autres tomes dans les jardins :

Les carnets de Cerise #tome5

Les carnets de Cerise #tome3

Oxymore éditions, collection métamorphose, décembre 2024, 75 pages, prix : 16,50 €, ISBN : 9782385610722

 

 

Crédit photo couverture : © Aurélie Neyret et Oxymore éditions.

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Mon Père - Grégoire Delacourt

11 Avril 2025, 15:58pm

Publié par Laure

C’est l’histoire d’un père qui a n’a pas vu l’horreur que son fils vivait entre les mains du Père. Une histoire de pédophilie et de viols dans l’Église catholique, la douleur d’un enfant et de son papa qui réalise, et laisse exploser sa violence et sa haine à la cure, enfermé avec le prêtre coupable du vendredi soir jusqu’à la messe du dimanche matin. Un huis-clos mâtiné de parallèles aux textes bibliques et au naufrage du couple parental et de leur mariage.

La construction est habile entre temps de l’innocence et temps de la révélation ; et la fin rebat les cartes de manière inattendue, dans un nouveau temps du récit à des jours de là.

J’ai lu en début d’année le roman suivant de G. Delacourt, l’enfant réparé (2021), qui laissait entendre des liens avec celui-ci. Oui l’un peut éclairer l’autre. On notera d’ailleurs que dans mon Père, publié en 2019, l’abbé Pierre y était encore innocent : p. 136 « A la fin de sa vie, l’abbé Pierre confessait que la plénitude de Dieu n’avait pas toujours comblé sa solitude terrestre, que parfois la chaleur, les bras et la volupté de l’autre lui avaient manqué. Cela en a-t-il fait pour autant un prédateur ? Cela a-t-il fait triompher l’ennemi en lui-même ? ». On sait aujourd’hui que oui. La réalité dépasse parfois la fiction.

Un roman bref sur un sujet délicat, qui aurait mérité de mettre peut-être davantage à l’écart le mal-être du narrateur anéanti d’être trompé par sa femme, se plaçant ainsi trop au centre du récit.

 

 

JC Lattès, février 2019, 219 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-7096-6533-9

 

 

Crédit photo couverture : © Mrs/Moment/Getty Images / et éd. JC Lattès

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Juste avant que - Joanne Richoux

8 Avril 2025, 18:24pm

Publié par Laure

Dans un futur proche, le monde s’est délité : climat, émeutes, plus rien ne tient et c’est d’ailleurs la panne générale des réseaux sociaux et de l’internet. Autant dire l’apocalypse. Les gyrophares et les alarmes retentissent partout, mais ils sont là, amoureux dans une chambre, à vivre leur désir, juste avant que…

Quel texte splendide, qui n’épargne pas sur la réalité sociale du monde actuel. On ne connaîtra pas les prénoms des deux protagonistes. Elle est un peu à l’écart, car c’est son frère addict qui a occupé les devants de la scène familiale : cliniques, avocats, thérapeutes. Son meilleur ami est dépressif, en souffrance aussi face à la solitude de sa mère, père absent, envolé avant la naissance.

L’expression du désir est très bien rendue, avec force et délicatesse à la fois, la tension se manifeste tant dans l’intime que dans le monde extérieur, avec des mots justement choisis.

C’est une lecture qu’on ralentit pour ne pas la refermer, qui n’épargne pas le lecteur par son acuité glaçante sur le monde, mais qui étreint par son urgence à (s’)aimer.

 

p. 53 : « Les réseaux, ça leur servait à tout, ils promouvaient leurs idées sur Twitter, ils communiquaient via Facebook, ils sculptaient leur narratif sur Instagram. Puis y a eu les influenceurs. D’abord des idiots de téléréalité qui fourguaient des produits à leurs followers, discrètement. Ça a contaminé le public, on a estimé que recevoir du mascara gratos et donner son avis dessus, c’était un métier, que poster des vidéos d’une minute nécessitait un salaire. Ces influenceurs ont pullulé, sans impératif de qualité ni d’originalité, sans législation. Ils se prétendaient authentiques, des « comme vous », à ceci près qu’ils étaient friqués, superficiels, interchangeables. Surtout, ils avaient des produits à vendre. Au-delà d’un catalogue de pub international, les réseaux tenaient lieu de tribune. »

 

p. 80 : « Vivez votre vérité, sans désir qu’elle soit approuvée par quiconque. Vous n’avez ni raison ni tort, et vous n’avez pas à justifier ou à négocier vos ressentis. En échange, autorisez les autres à avoir leur version de l’histoire. Tant pis si le rôle qu’on vous y prête ne vous convient pas. »

 

 

 

 

Ed. Thierry Magnier, coll. L’ardeur, janvier 2024, 118 pages, prix : 13,90 €, ISBN : 979-10-352-0703-8

 

 

Crédit photo couverture (qui soit dit en passant est sublime) : Modèle : Arthur Roussel, Photographe : Clémence Demesme @Le Crime / éd. Thierry Magnier

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Le jardin, Paris - Gaëlle Geniller

6 Avril 2025, 14:53pm

Publié par Laure

De Gaëlle Geniller j’avais beaucoup aimé les fleurs de grand frère et Minuit passé, c’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers sa précédente BD.

Le jardin est un cabaret parisien où toutes les danseuses y portent un nom de fleur, y compris Rose qui est un jeune garçon qui a grandi là et qui s’essaie à la scène, vêtu en femme, avec talent et y prenant un tel plaisir qu’il devient vite la star du lieu.

Le charme androgyne du personnage opère, et le dessin, dans un décor années 1920 est sublime. 

J’ai regretté peut-être que la relation de Rose et d’Aimé ne soit pas plus aboutie dans le désir qui transparaît, et le choix fait dans son devenir, mais la beauté de l’ensemble me laisse indulgente !

 

 

Delcourt, coll. Mirages, janvier 2021, 224 pages, prix : 25,95 €, ISBN : 978-2-413-02253-4

 

 

Crédit photo couverture : Gaëlle Geniller et éd. Delcourt

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Les bouchères - Sophie Demange

5 Avril 2025, 13:58pm

Publié par Laure

Un premier roman délicieusement tranchant !

Dans un quartier bourgeois de Rouen, trois jeunes femmes cabossées par la vie reprennent la boucherie du père de l’une d’entre elles, porté disparu depuis longtemps.

Elles modernisent, aiguisent, coupent, vendent, séduisent une clientèle aussi curieuse de bonne chère que de ragots locaux. 

Elles ont du caractère ces bouchères, et ne se laissent pas faire : le patriarcat n’a qu’à bien se tenir ! D’ailleurs quand il se tient mal, son malheur n’est pas loin. Si la première scène du genre est assez frappante, le lecteur se prend au jeu : c’est noir et mordant ! Car peu à peu des hommes du quartier disparaissent, le lecteur sait tout de leur sort et de ses causes, la police et les habitants un peu moins : ce point de vue place le lecteur dans une position privilégiée.

Ce roman dénonce les violences faites aux femmes, du sexisme ordinaire au viol, déroulant le passé douloureux des trois protagonistes, le présent laissant place à une vengeance… saignante. Tous les hommes ne sont pas des brutes et agresseurs, l’autrice a su composer également des personnages masculins plus “aimables”.  

 

Écouté dans la version audio lue par Rachel Arditi, j’ai beaucoup aimé le rythme et les intonations donnés par la comédienne.

 

 

 

 

Éditions de l’Iconoclaste, janvier 2025, 310 pages, prix : 20,90 €

Version audio éditée par Lizzie, texte lu par Rachel Arditi

 

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Mars 2025 en couvertures...

31 Mars 2025, 22:49pm

Publié par Laure

En mars, j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

En mars, j'ai vu :

 

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La très catastrophique visite du zoo - Joël Dicker

18 Mars 2025, 14:40pm

Publié par Laure

Je l'avoue, je n'avais jamais lu Joël Dicker, qui n'avais pas besoin de moi pour être lu.
Pour ce dernier opus, Livres Hebdo l'annonçait en jeunesse, rien ne le laissait présager sur la couverture ou le format, ma collègue voulait le classer en adultes, peut-être parce que c'est là que les lecteurs iraient le chercher, alors pour trancher je l'ai lu, et soyons clairs : c'est un roman jeunesse qui s'adresse aux 8-11 ans.


Joël Dicker l'explique sur les plateaux de télévision et en postface du livre : il essaie à sa mesure de sortir les gens, petits ou grands, des écrans, et a pensé son texte comme une lecture intergénérationnelle, un roman policier qui puisse être lu de 7 à 112 ans (sic). 7 ans, pour un bon lecteur, oui, 8 ans davantage. 

Au-delà de 11 ans, ça reste mignon, c'est bien conçu, c'est une enquête policière menée par des enfants, ça tient la route, et ça offre une belle leçon de démocratie (l'exemple de la pizza et du brocoli est vraiment à retenir pour inciter les gens à voter !), c'est plein d'humour et ça se lit tout seul, corps de police de caractère assez grand, marges aérées, interlignage aussi, feuille blanche (soit 2 pages) par titre de chapitre, bref c'est un peu là où le bât blesse : le procédé éditorial est malhonnête, jouant sur un format strictement identique à ses précédents romans. 

Le lecteur adulte qui attend un bon roman à rebondissements de l'ordre de la vérité sur l'affaire Harry Québert ou la disparition de Stéphanie Mailer, une brique qui l'accompagnerait quelques heures, sera forcément déçu.


C'est un roman jeunesse, sympathique, mais jeunesse. Il eût été préférable de le vendre comme tel.

 

 

Rosie & Wolfe, mars 2025, 252 pages, ISBN : 978-2-8897307-4-2, prix : 19 €


 

Crédit photo couverture : (c)  David de las Heras et éd. Rosie & Wolfe

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Il tombe des lapins - Huifang Zheng

12 Mars 2025, 21:26pm

Publié par Laure

 

Alex est bien au chaud sous sa couette et n'a aucune envie de se lever par cette froide journée d'hiver. Sa maman l'appelle, elle a fait des crêpes pour le petit déjeuner : rien n'y fait, jusqu'à ce qu'elle s'exclame "Il tombe des lapins !" - "Des lapins ? Fais voir !" Alex sort illico de son lit, et constatant la réalité des choses, s'empresse de s'habiller pour aller les voir. Il y en a partout : sur les toits, sur les voitures, surs les lampadaires, et ils tombent de plus en plus nombreux, de plus en plus vite, jusqu'à recouvrir Alex presque en entier.


Vous l'aurez compris, la magie de l'hiver, l'imaginaire et la fantaisie sont bien là : c'est un album tout doux que propose la franco-chinoise Huifang Zheng, lecture idéale au coin du feu ou sous un plaid douillet, en attendant Noël.
Les illustrations blanc-bleuté sont apaisantes, le format à l'italienne laisse toute la place au dessin : c'est beau !


Et cerise sur le gâteau, la quatrième de couverture vous le dit : à peine fini, vous recommencez la lecture car un jeu de cherche et trouve se glisse dans l'illustration. Un peu de féérie dans la neige hivernale :-)

 

Dès 4 ans

 

Éditions Thierry Magnier, octobre 2024, prix : 18,50 €, ISBN : 979-10-352-0766-3


 

Crédit photo couverture : Huifang Zheng et éd. Thierry Magnier

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Février 2025 en couvertures...

28 Février 2025, 16:55pm

Publié par Laure

En février, j'ai lu :

 

En février, j'ai vu :

 

"Et si on levait les yeux ? Une classe face aux écrans" (Public Sénat)

 

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