P'tit coup de charme
Merci à J. !
Quinqua, bibliothécaire, avec thé et chats. Je dépose ici les marques que mes lectures ont tracées.
Merci à J. !
Avec Marc Lavoine, Bernard Campan, Gérard Darmon, Jean-Pierre Darroussin
Le cœur des hommes (1), 2003 :
Synopsis
Alex, Antoine, Jeff et Manu, quatre amis à la fois solides et immatures, sont au tournant de leur vie d'adulte. Ils se voient régulièrement, aiment tchatcher, s'engueuler et rire ensemble. Issus de milieux populaires, ils ont atteint leurs objectifs professionnels : Alex et Jeff ont créé un petit groupe de presse sportive qui marche bien, Antoine est prof de gym dans un grand lycée parisien, Manu a une boutique de charcutier-traiteur qui ne désemplit pas. Ce printemps-là, une série d'événements, la mort d'un père, l'infidélité d'une femme, le mariage d'une fille, les touche et les rapproche encore davantage. Confrontés à des situations qu'ils ne maîtrisent pas, ils se font des confidences, s'expliquent, s'aident, s'affrontent et se remettent en question. Leur rapport aux femmes est au coeur de tous leurs problèmes, de toutes leurs conversation, de tous leurs conflits...
Parfois, la télé fait bien les choses : j’ai revu ce film hier soir juste avant d’aller voir la suite au cinéma aujourd’hui. Je n’ai pas retrouvé le même plaisir que la première fois sur
grand écran, moins touchée, trouvant le début un peu longuet à se mettre en place, mais au final quand même, un film bien sympathique.
Le cœur des hommes 2, 2007 :
Synopsis : Alex, Antoine, Jeff et Manu, quatre amis, quatre ans plus tard. Leurs rapports avec les femmes, leur amitié, leurs secrets partagés, leurs sentiments de culpabilité, leur volonté de changer, de s'améliorer...
Revoilà
nos 4 amis 4 ans plus tard, avec une ouverture toute semblable à la fin du premier : les pieds dans la piscine, Jeff (Gérard Darmon) en préretraite qui quand même, en a marre de regarder
marcher les fourmis, décide de revenir sur la capitale avec un nouveau projet : écrire un dictionnaire sur le sport et les sportifs, en collaboration avec ses potes. Les situations
amoureuses ont changé, mais toujours se ressemblent, dans leurs chassés-croisés, leurs mensonges et leurs faux-semblants. Le réalisateur semble vouloir nous dire que les amours se suivent, et
qu’aujourd’hui, il n’y a plus d’amour éternel, depuis que l’espérance de vie a dépassé 35 ans ! Tous les couples connaîtront le divorce, et/ou l’adultère, tous aimeront, tous souffriront… (oui,
c'est pas si original que ça !) Nos 4 amis prennent une claque chacun à leur façon, la chance des uns a tourné, et l’on peut parier sans trop se mouiller qu’un cœur des hommes 3 pourrait bien voir le jour, histoire de voir où en est le pari d’Alex et la passion secrète de Manu, tout comme celle affirmée d’Antoine. Un
petit film pour un moment sympa, qui se termine, tout comme le premier, les pieds dans la piscine, après un repas autour d’une grande tablée, et les mêmes chants des grillons..
Ah pis j'oubliais... une partie du film est tournée dans le Grand Hôtel de Cabourg, et sur la digue, tout pareil que sur les photos de Cuné, j'ai même reconnu le petit coin réception à côté du tourniquet ;-))
Ma note : 3,5/5
Traduit de l’américain par Sylvie Schneiter
Will a 47 ans, une carrière de psychanalyste, une épouse, Carol, et une petite fille, Samantha. Ensemble, ils ont perdu un premier fils, Luke. Tout commence à la
25ème rencontre annuelle de la promo 1979, où les anciens élèves se retrouvent. Will y va seul, Carol ne s’intéresse pas à ce genre de réunion. Sur place, tout le monde s’enquiert d’un
absent : le frère jumeau de Will, Mitch, un sportif champion en natation. Mais Will n’a pas davantage d’informations, il ne l’a pas vu depuis 15 ans.
C’est une rencontre avec Elizabeth, une ancienne petite amie, et la lecture de l’annuaire de l’Ecole qui font tout naître : et si Jennifer, la fille d’Elizabeth, était celle de Will ? Les dates sont troublantes. En proie à cette question, Will l’est aussi avec sa sexualité. Désirs, fantasmes, envies, quand il reçoit ses patientes. Aussi quand l’une l’approche d’un peu trop près s’empresse-t-il de la confier à un autre thérapeute. Et pourquoi ces désirs ? N’est-il pas heureux avec son épouse ? Un couple peut-il continuer à s’aimer normalement après le décès d’un enfant ? Son épouse lui impose un rituel qui ne le satisfait pas.
Une quantité d’ingrédients mis en place, qui s’enchevêtrent pour peu à peu se démêler de façon assez magistrale. Une introspection poussée à l’extrême pour percer à jour des secrets de famille, et mieux comprendre son fonctionnement personnel.
Envie n’est pas un roman érotique, contrairement à ce que le titre et la couverture pourraient laisser imaginer. Quelques scènes certes, aussi explicites que bien menées, ponctuent le roman, mais toutes se justifient au rythme de l’intrigue où chaque détail préalablement semé compte.
On pourra reprocher peut-être une intellectualisation poussée du désir masculin mais les surprises que révèle peu à peu l’enquête sur soi ajoutent à la qualité du récit.
Bref, un roman bien construit, aux rebondissements nombreux, qui lassera peut-être ceux l’analyse ennuie, et qui plaira sans doute à ceux qui aiment décortiquer le pourquoi du comment, en matière d’amour comme de frustration.
Jean-Claude Lattès, octobre 2007, 332 pages, prix : 19 €
Ma note : 3,5/5
Crédit photo couverture : éd. JC Lattès, Amazon.fr
C’est un plaisir inattendu qui
m’a saisie
à la lecture de ce
récit, que pour ma part
(si ce n’était
autobiographique) je qualifierais volontiers de roman, tant la langue y est agréable,
précise, élégante et
ciselée. A sa libération, après 3 ans de détention au Liban, Jean-Paul Kauffmann
s’achète une maison de campagne dans les Landes.
Un ancien bordel de la Wehrmacht sous l’Occupation. Une maison qui nécessite des travaux, dont on suit
l’évolution par le
regard de Kauffmann sur ses deux ouvriers surnommés Castor et Pollux. Ce qui fait le bonheur
de ce livre, c’est son
avant tout son écriture.
Kauffmann sait écrire,
et s’il revient parfois
pudiquement sur sa captivité, il est ici surtout question de retour à la vie, de redécouverte de la nature, du vent et de la
liberté. Un bon vin,
Haydn et un recueil de Virgile, l’auteur dit souvent et avec bonheur son amour de la littérature et de la musique. On
perçoit
l’homme
cultivé, qui pourtant ne
cherche aucunement à « faire savant », tout au contraire,
c’est une reconstruction
des sens qui passe par la simplicité, celle des odeurs, des couleurs, des bruits… Une belle surprise que cette maison du retour (écrite près de 20 ans « après »).
Lu fin octobre dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008, sélection "documents" du mois de novembre.
Les avis de : cathe, cathulu, Incoldblog, Philippe
Nil éditions, fév. 2007, 295 pages, prix : 19 €
Ma note : 15/20
Crédit photo couverture : éd. Nil et Amazon.fr
J’ai vécu cette lecture de façon exceptionnelle, et il y a longtemps qu’un roman ne
m’avait pas autant « chamboulée ». Pour en garder le souvenir, je laisse intact mon parcours. Exceptionnellement, il n’y aura pas de résumé, juste de
l’affect :
Vendredi 02 novembre, 23h30. Je viens de lire 135 pages du premier roman de Solenn Colléter. Je ne peux pas dormir. Un besoin irrépressible de prendre l’air. Je savais que ce livre dénonçait le bizutage et c’est en ce sens que je voulais le lire, espérant un engagement fort (contre, évidemment). Je me répète depuis les premières pages que c’est un roman, une fiction, ce n’est pas la réalité, Laure, reprends-toi, même si hélas c’est trop proche de la réalité, de tous ces dérapages lus dans les journaux, ça ne peut pas être vrai, ce n’est pas un témoignage, Laure, c’est un roman, une fiction.
Je me martèle ces mots dans le crâne depuis 135 pages. J’ai un besoin physique et nerveux d’aller lire la fin tout de suite, je veux croire au happy end, il faut que je sache tout de suite que justice sera faite. Je lis quelques pages de la fin en diagonale. Je reste sans mots, effondrée, tétanisée, je veux hurler ma rage, j’écris à chaud. Arrête ton film, Laure, c’est un roman, rien qu’un roman. Tu sais, une histoire inventée. C’est marqué sur la couverture : ROMAN. Je sais déjà que je serai incapable de parler de ce livre. Je ressasse sans fin les mots : roman, fiction, pas vrai. Je suis consciente de mon ridicule mais je ne peux pas faire autrement. Ah elle est forte cette Solenn, regarde ce qu’elle est en train de faire de toi avec son ROMAN, sa petite histoire. Tu marches pas, tu cours ! C’est pathétique. Reprends tes esprits ma vieille, regarde Mosquito dormir, change de bouquin, arrête cette horreur.
Déjà tu sais que tu le mettras au premier rang de ton best of annuel, cette petite tradition bloguesque, parce que seuls les livres qui te secouent à ce point le méritent. Arrête ton film, Laure, c’est un roman. Relis le commentaire posé de Cuné, est-ce qu’elle est devenue folle, elle, à la lecture de ce livre ? Non.
Quitte à ne pas dormir, autant rouvrir le livre. Reprendre à la page 136. Je suis
maso. Je hais soudain la littérature et ma sensibilité risible.
1 h du matin. Prendre de la distance avec le texte. Se dire que l’auteur a volontairement accumulé tous les extrêmes de ces conneries. Malgré tout, ce sentiment de malaise qui enfle : se sentir abjectement voyeuse de toutes ces abominations, les lire sans rien faire. Non vraiment, je ne peux plus lire ce livre. Page 212, l’insoutenable est franchi.
Savoir qu’hélas tous ces faits existent. Faut-il alors applaudir ce livre pour son courage de dénonciation (et sa force narrative ?) ou se réfugier derrière la violence d’une fiction artificiellement construite ? S’interroger sur la manipulation du lecteur ? C’est la première fois que j’ai cette répulsion pour un livre. Sans fascination malsaine pour autant. Mais ce qu’il décrit me révulse et me met hors de moi. Se dire que l’auteur a pris l’ensemble des pires dérapages de bizutage et les a assemblés en une seule histoire ? Malaise. Mal à l’aise. Ouvrir la fenêtre en grand et respirer les zéro degrés de la nuit.
Samedi 03 novembre, 23h.
Une journée loin de la maison ne m’a pas permis de lire avant ce soir. Je viens de finir le roman de Solenn Colléter, et à présent je souris franchement. D’avoir été si bien menée en bateau. Car la dernière partie est franchement romanesque, au sens d’une construction de l’intrigue purement fabriquée, pour le bien fondé du suspens et la logique de l’histoire. Je ris aussi parce que le hasard a voulu que les passages de la fin que j’avais lus avec anticipation m’ont confortée dans l’hypothèse que je m’étais forgée, alors qu’il en était tout autre ! L’auteur m’a manipulée, m’a conduite exactement là où elle voulait que j’aille, pour finalement me montrer qu’elle s’était jouée de moi, et ça, c’est tout bonnement du génie, mes braves gens. Et pour tout dire, j’adore ça. Certes la fin est moins réaliste, plus « fabriquée », proche du polar, trop d’éléments forts qui finalement annulent (un tout petit peu) l’ensemble, c’est bien alors un ROMAN, mais quel ROMAN, grands dieux ! et un PREMIER roman !
Je me suis fait avoir, et franchement, j’ai adoré ça. Merci, Solenn…
L’avis de Stéphanie
Albin Michel, août 2007, 359 pages, prix : 19,50 €
Ma note : 19/20 (soyons fous, Philippe ;-))
Crédit photo couverture : éd. Albin Michel et Amazon.fr
La petite Marion vit seule avec sa mère
Fanny. De père, il n’y a plus. Derrière le silence se cache une paternité « allemande », pendant la guerre, et de cela, on ne parle pas. Et puis, ce père est mort à Stalingrad. Fanny
restera à tout jamais la femme de l’Allemand, est-ce cet événement dans sa vie qui fera décompenser sa maladie, une psychose maniaco-dépressive ? Si au début Marion ne voit pas trop la folie
de sa mère, elle devient plus évidente et plus lourde à gérer en grandissant. Quel déchirement pour la jeune fille devenue adolescente que de trahir sa mère en la confiant à des instituts aux
soins spécialisés, quelle souffrance que de s’opposer ainsi à elle. Mais il n’y a pas d’autre réponse que la fuite pour se libérer de cette douleur et de cette folie pour laquelle elle ne peut
rien.
Un très beau roman sur la difficulté des origines, le poids des regards sur ces filles mères ayant flirté avec l’ennemi pendant la guerre, les secrets qui peu à peu se dévoilent, et l’ambivalence qui toujours vous torture quand il faut choisir entre l’amour maternel et écouter et sauver sa raison. Ce roman, parfois un peu répétitif (à peine), traduit à merveille cet écartèlement de l’amour filial, les revirements entre les phases maniaques et celles dépressives de la maladie, et la violence toujours plus grande de cette mère qui n’est plus elle-même.
Elles l’ont lu : Flo , Clarabel
Lu début octobre dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008, sélection roman du mois de novembre.
Arléa, mars 2007, 242 pages, prix : 17 €
Ma note : 14/20
Crédit photo couverture : éd. Arléa et Amazon.fr
Traduit de l’anglais par Philippe Bonnet et Arthur Greenspan
Je ne ferai pas de résumé, car à ce sujet
la quatrième de couverture est parfaite, et avouons-le, plutôt engageante (en même temps, c’est son rôle !). La voici, donc :
« Traumatisée par un viol récent, Carol Jordan dirige une nouvelle brigade d'élite où chacun, la sachant fragilisée, met en doute ses capacités. Sa première enquête la conduit à traquer un violeur particulièrement pervers, pour qui rien n'est plus exquis que la souffrance des autres... L'aide de Tony Hill, psychologue profileur, lui sera indispensable pour démêler une intrigue qui repose sur la manipulation mentale ».
Mais la quatrième de couv disait aussi : « La reine incontestée du thriller psychologique joue avec nos nerfs dans un suspense démoniaque ». Et c’est là où je serai un peu plus tempérée.
Une enquête principale doublée d’une enquête secondaire, une chef flic au passé professionnel intimement douloureux et un psy profileur, l’auteur mène de main de maître avec la souffrance des autres une enquête propre, nette, carrée, bien ficelée. Dans le domaine du thriller psychologique, plus rien, hélas, ne surprend, les crimes sexuels les plus atroces sont devenus monnaie courante, ce n’est donc pas cela que je relèverai.
Je m’interroge davantage sur la nécessité d’avoir mêlé deux enquêtes, dont la seconde sur les meurtres pédophiles, paraît au final purement secondaire et inutile. L’alternance des paragraphes jouent toutefois [un peu] avec nos nerfs, c’est l’habituel ressort du thriller, puisque dès qu’un élément intéressant se profile, hop, on passe à autre chose, pour y revenir plus loin, histoire de bien nous garder jusqu’au bout. Toutefois dans ce roman, le procédé n’est réellement efficace que sur les 80 dernières pages où le rythme enfin s’accélère, les 300 premières m’ayant semblé bien plus longues, trop délayées, et manquant de rebondissements. Bref, pas si haletant… Prenant, mais qu’on peut lâcher chaque soir après quelques pages, sauf sur la fin.
Lu fin octobre dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle 2008.
Editions du masque, mars 2007, 382 pages, prix : 19,90 €
Ma note : 3,5/5
Crédit photo couverture : éd. du Masque et evene.fr
à bientôt...
S’il n’y avait ce seul mot à deux pages de la fin (et c’est bien la seule fois où il apparaît), « congélateur », on n’aurait peut-être mêlé Mazarine Pingeot et l’affaire
Courjault, on n’aurait peut-être pas essayé de faire vendre un livre sur du fait divers sensationnel, alors quoi, ça ne suffisait plus d’être fille
de, pour remplir les tiroirs ?
Oublions tout cela deux minutes car ce court roman a de réelles qualités d’écriture, et s’il traite de l’infanticide, il traite avant tout de la violence intime d’une femme et d’un couple. Car ce n’est pas dans la grossesse ou dans le drame qui l’a conduite au quartier des femmes de la prison qu’il faut chercher, mais dans l’enfance et dans le mariage de la narratrice. Au cours d’une longue lettre à son mari, long monologue ressassant et violent dans ce qu’il dénonce, une mère tente de sortir d’elle tout ce désamour enfoui, celui de sa mère d’abord, celui de son mari ensuite. Elle ne cherche pas le pardon, il n’est pas possible, elle explique avec ses mots à elle (et ils sont forts et bienvenus) son inexistence quotidienne, sa maltraitance routinière et ses seuls rayons de soleil : la vie de ses deux enfants bien vivants, qu’elle ne reverra jamais. Et son ultime tentative pour sauver son amour : tuer son enfant nouveau-né, afin qu’il ne connaisse jamais qu’elle, et rien de la vie qui inexorablement entache.
La fin de la 4ème de couverture reprend un passage du roman, qui arrive vers la fin aussi d’ailleurs, et qui dit ceci : « Aujourd’hui on me regarde, n’est-ce pas ? On me regarde quand je me suis retirée de la scène, lors même que je n’apparaîtrai plus. Tu ne peux plus détourner les yeux, tu ne peux plus faire semblant, aujourd’hui j’existe, mais hier ? » Toute la violence du geste est dans cette phrase. Ce n’est que le cri d’une femme qui a commis le pire parce qu’autour d’elle, on s’efforçait à toujours plus la nier et la détruire, et qu’elle n’était pas assez forte pour oser leur faire face.
Dommage que la presse se soit emparée de la triste réalité pour la mêler à ce qui est ici proprement littéraire.
Les lectures de Clarabel et Tatiana
Ed. Julliard, août 2007, 155 pages, prix : 17 €
Ma note : 4/5
Crédit photo couverture : éd. Julliard et Amazon.fr