Les jardins d'Hélène

Philippe - Camille Laurens

8 Mars 2008, 21:51pm

Publié par Laure

Il n'est pas dans mon habitude de mettre ici de vieux commentaires écrits longtemps avant l'ouverture de ce blog. Mais puisqu'on cherchait mon avis sur ce livre, je suis allée le récupérer sur zazieweb où je l'avais posté le 17 mars 2004. A l'époque je croyais ce livre épuisé chez l'éditeur et avais cessé d'espérer le trouver un jour. Véro ne pouvait pas me faire plus plaisir en me l'offrant. Parce que la polémique ne m'intéresse pas, et parce que ce livre m'est trop intime pour que j'en parle en mots raisonnés, je ferme ici les commentaires. Pour lire l'intéressante analyse comparée de Thom, voir ici

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Le 7 février 1994 Camille Laurens donne naissance à Philippe, qui meurt deux heures plus tard. Terrible récit d’une mère qui voit en si peu de temps naître et mourir son enfant. Le texte se compose de quatre parties, quatre étapes nécessaires au deuil : souffrir, comprendre, vivre, et écrire. J’ai vécu, dans des circonstances différentes, ce qu’a vécu l’auteur. Qu’une mère perde son enfant pendant la grossesse, à la naissance, à deux, sept ou encore vingt ans, la douleur est la même. Non, il n’y a pas de gradation dans la souffrance. Et cela, Camille le dit très bien, tout comme elle parle des amis qui disparaissent soudain, ou des maladroits qui vous disent « c’est pas grave, vous en aurez d’autres ». Mais je pourrais citer chaque phrase de ce court récit. Du début à la fin de ces 72 pages, chaque phrase est terriblement juste, chaque mot douloureusement exact. Bien qu’elle ait l’envie légitime de hurler sa rage face au médecin incompétent, elle cite simplement des extraits du rapport d’enquête. Ce n’est pas la mère effondrée qui condamne, mais l’instance obstétricale supérieure. Cette froide distanciation est d’autant plus efficace pour la force du récit. Dans ce texte plus qu’ailleurs, elle révèle son talent d’écriture, où chaque mot est celui qu’il faut. A ma dernière lecture de son dernier roman, je disais « merci Camille », je le redis cette fois encore. Merci, Camille, pour tant de résonance, Philippe aura toujours sa place dans ma bibliothèque. Note : sur le même thème, on peut lire aussi le très beau « A ce soir », de Laure Adler.

POL, 1995, 74 pages, prix actuel : 10 €
Ma note : 5/5
Crédit photo couverture : éd. POL


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Enfin veuve, un film d'Isabelle Mergault (2008)

5 Mars 2008, 06:07am

Publié par Laure

Avec Jacques Gamblin, Michèle Laroque
 
enfin-veuve.jpg

Le synopsis d’allociné
 :
« Anne-Marie vient de perdre son mari dans un accident de voiture. Elle est enfin libre d'aimer celui qu'elle voit en cachette depuis deux ans. Mais elle n'a pas prévu que sa famille, pétrie de bons sentiments, a décidé de rester à ses côtés pour la soutenir dans son chagrin. Anne-Marie se retrouve alors encore plus prisonnière que lorsqu'elle était mariée... »
 
Allez, une petite comédie, ça ne mange pas de pain… Des débuts un peu brouillons, des traits un peu forcés, on rit quand même bien vite, pour mieux plaindre cette pauvre Michèle Laroque qui n’a rien à pleurer vu qu’elle en aime un autre depuis belle lurette et qui n’arrive pas à se dépêtrer de son encombrante famille trop bien intentionnée. C’est donc un film sur le courage d’aller au bout de ses désirs et de ses rêves, et tant pis pour les bien-pensants. Alors oui comme par hasard nos héros n’ont pas de problèmes d’argent ou autre soucis, tout est finalement rigolo dans leur vie, même l’Alzheimer du grand-père. Une comédie, j’vous disais.
Qui sait jouer sur les sentiments du spectateur quand l’amour est contrarié, avec un happy end, évidemment. Mais qui ne vient pas tout de suite non plus, faut quand même pas pousser.
Bien sympathique, pour une soirée détente, même si parfois on aurait aimé plus de finesse…
 
Ma note : 3,5/5

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Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill - Jean Regnaud et Emile Bravo

3 Mars 2008, 09:48am

Publié par Laure

maman-en-amerique.jpgTout paraît enfantin dans cette BD : la couverture, le graphisme, les personnages, le texte facile à lire, en assez gros caractères, et pourtant… quelle tempête sous nos crânes à la lecture !
Jean entre au CP, la maîtresse n’est guère avenante, une vieille Mme Moinot qui veut tout savoir de la profession de ses parents. Son père c’est facile, il est patron d’entreprise, il travaille beaucoup et rentre tard, mais sa mère… elle est secrétaire en voyage ? ça fait si longtemps qu’il ne l’a pas vu qu’il ne se souvient plus bien d’elle. Son petit frère et lui sont surtout élevés par la gentille et jeune Yvette, leur baby-sitter.
Alors quand sa voisine lui lit des cartes postales envoyées par sa mère, c’est le bonheur. Mais pourquoi c’est pas lui qui les reçoit ces cartes postales ? Le lecteur sent bien et très vite qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire. Ah le secret de famille qu’on tait pour protéger, pensant bien faire…. 
Une très belle BD, sensible, cruelle aussi. Qui mérite sans doute un accompagnement auprès des plus jeunes. Mais je vous rassure, on rit aussi !
 
Ils l’ont lu : Philippe, Gachucha, Kidélire, ...
 
Gallimard Jeunesse, mai 2007, 122 pages, prix : 14 €
Ma note : 4,5/5
Crédit photo couverture : © Emile Bravo, éd. Gallimard

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En images

1 Mars 2008, 20:32pm

Publié par Laure

Parce que ...  Mosquito


Mosquito



Parce que ça se fête...

gâteau chocolat 7 ans



Parce que son grand frère mange pour douze, et pour qu'il y en ait pour tous les goûts...


gateau yahourt



Parce que j'en avais envie...

tulipes



Et parce qu'après une longue pêche à la ligne avec une tribu de filles de 7 ans, le chat a dit "ça suffit"

caramel

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Garden of love - Marcus Malte

1 Mars 2008, 08:37am

Publié par Laure

garden-of-love.jpgL’histoire :site de l’auteur) :

« Troublant, diabolique même ce manuscrit qu’Alexandre Astrid reçoit par la poste ! Le titre : Garden of love. L’auteur : anonyme. Une provocation pour ce flic sur la touche, à la dérive, mais pas idiot pour autant. Il comprend vite qu’il s’agit là de sa propre vie. Dévoyée. Dévoilée. Détruite. Voilà soudain Astrid renvoyé à ses plus douloureux et violents vertiges. Car l’auteur du texte brouille les pistes. Avec tant de perversion que s’ouvre un subtil jeu de manipulations, de peurs et de pleurs.

Comme dans un impitoyable palais des glaces où s’affronteraient passé et présent, raison et folie, Garden of love est un roman palpitant, virtuose, peuplé de voix intimes qui susurrent à l’oreille confidences et mensonges, tentations et remords. Et tendent un redoutable piège. Avec un fier aplomb. »

 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008, sélection polars.

 

Ce roman est pour moi LA REVELATION de la sélection depuis le début de l’expérience du Prix, une lecture éblouissante de talent, de maîtrise de l’écriture qui s’efface pourtant totalement pour offrir au lecteur une histoire aussi étrange que captivante, flirtant entre amour, meurtres et schizophrénie.

Pour apprécier pleinement ce roman, il faut accepter d’être un peu dérouté, de ne pas tout comprendre tout de suite, de se sentir égaré parmi les changements de points de vue, pour assembler peu à peu les pièces du puzzle savamment construit par l’auteur. Au-delà d’une histoire magnifiquement menée, c’est d’abord un style parfait, où chaque mot est le bon, une écriture qui permet ainsi de laisser toute sa place à l’intrigue, un tout indissociable. Policier, roman noir, ce pourrait être un roman « tout court », en tout cas bravo à l’auteur, qui m’a donné la curiosité d’aller lire ses précédents romans !

 

Un roman aux récompenses multiples 
L’article sur Encres vagabondes
Cathe a rencontré l’auteur 

Zulma, 2007, 317 pages, prix : 18,50 €
Ma note : 19/20
Crédit photo couverture : éd. Zulma

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Le baiser d'Isabelle : l'aventure de la première greffe du visage - Noëlle Châtelet

29 Février 2008, 13:00pm

Publié par Laure

baiser-d-isabelle.jpgVoici un livre que je naurais pas eu lidée de lire si je ne lavais reçu pour le Prix Elle. Jimaginais sans doute un récit racoleur, manquant de pudeur : il nen est rien.

Noëlle Châtelet a su retracer avec précision et humanité cette extraordinaire aventure médicale avec toujours un grand respect (et une écoute attentive) pour Isabelle, la receveuse défigurée.

1ère greffe mondiale de la face, cet événement a fait lactualité de tous les journaux, mais ce livre ma agréablement surprise par le travail d’équipe quil raconte. Ce nest pas seulement lexploit dun chirurgien, mais le travail de tout un réseau médical et paramédical dune bonne cinquantaine de personnes qui est décrit. Le challenge « scientifique » purement médical pouvant apparaître comme un défi technique à relever est contrebalancé par les passages en italique : la parole donnée à Isabelle par le biais de son journal rend le  récit plus humain.

Si ce document a évité l’écueil du sensationnalisme, je nen perçois pas encore bien la réelle motivation. Offrir au grand public le récit « vulgarisé » de cette première greffe qui est de toute évidence dans toutes les annales des publications médicales réservées aux professionnels ? Javoue être encore un peu gênée par cet intérêt que je cerne mal.

De même lusage des initiales ma souvent gênée dans ma lecture : tous les protagonistes sont nommés par leur prénom suivi de linitiale de leur nom de famille. A la longue cest fatiguant et lon ne sait plus très bien qui est qui. Tous ces personnages n’étaient pas anonymes lors des faits relayés par les médias, alors pourquoi ce choix de linitiale qui alourdit inutilement la lecture puisquils sont de toute façon identifiables ? 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008, catégorie Documents.

Seuil, oct. 2007, 317 pages, prix : 18 €
Ma note : 14/20
Crédit photo couverture : Didier Gaillard et éd. Seuil.

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Le renard et l'enfant, un film de Luc Jacquet (2007)

27 Février 2008, 23:02pm

Publié par Laure

renard-et-l-enfant.jpg 

Le synopsis d’Allociné : « Un matin d'automne, au détour d'un chemin, une petite fille aperçoit un renard. Fascinée au point d'oublier toute peur, elle ose s'approcher. Pour un instant, les barrières qui séparent l'enfant et l'animal s'effacent. C'est le début de la plus étonnante et de la plus fabuleuse des amitiés. Grâce au renard, la petite fille va découvrir une nature secrète et sauvage. Commence alors une aventure qui changera sa vie, sa vision et la nôtre... »
 
Quel beau film et quelle nature splendide! Une parenthèse hors du temps, bien sûr c’est plus proche du conte car la forêt n’est plus tout à fait comme cela et une fillette d’aujourd’hui ne côtoierait pas ainsi loups et ours, mais il suffit seulement de regarder, et d’écouter cette belle histoire pour se laisser émerveiller. Et même si l’on s’apprivoise, ne pas confondre aimer et posséder… Avec Mosquito, on a pleuré à la fin… chut … ! 

Ma note : 5/5

Bertille Noël-Bruneau
© Eric Caro / Bonne Pioche Galerie complète sur AlloCiné

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Zoli - Colum McCann

26 Février 2008, 13:53pm

Publié par Laure

zoli.jpgSi ce roman me tentait par bien des aspects (notamment l’histoire et les coutumes du peuple tzigane), je m’y suis aussi assez vite ennuyée. Comme s’il manquait un rythme, ou une densité aux personnages. Je suis restée extérieure à l’histoire, parfois un peu longue, sans vibrer avec Zoli ni les autres personnages, un peu déçue par cette lecture, donc. [Abandonné p. 127 puis feuilleté en diagonale.]

Lu (à moitié) dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2008, sélection romans.

Belfond, juillet 2007, 328 pages, prix : 21 €
Ma note : 10/20 (parce qu'il fallait bien en mettre une)
Crédit photo couverture : éd. Belfond et Amazon.fr

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Le garçon dans la lune - Kate O'Riordan

25 Février 2008, 12:49pm

Publié par Laure

garcon-dans-la-lune.jpgRepéré sur une critique engageante d’un mensuel féminin (Avantages), je lisais quelques jours plus tard une critique tout aussi motivante chez Cathulu. Et comme elle est super gentille, elle en a fait un livre voyageur. Qui est d’abord passé chez Cuné (une critique à son retour ?) pour arriver chez moi, et qui va repartir vers Amanda, etc.
 
Julia et Brian sont mariés depuis 10 ans et parents d’un petit garçon, Sam. Julia est une épouse tyrannique, qui dirige son foyer d’un ton sarcastique et exigeant sans même s’en rendre compte. Les premières pages du roman donnent un ton aussi fort que détonnant, c’est bon, très bon. Je citerai le même passage que Cathulu, tout simplement parce que c’est un des meilleurs du livre :
« Je viens », haleta Brian.
Elle pensa : je ne voudrais pas t’en empêcher, chéri.
Il se dit : Je me demande pourquoi je ne vais pas baiser un mouton mort à l’abattoir du coin.
Il cligna des yeux. Elle se contracta. Il bâilla. Elle éternua. Il jouit. Pas elle.
Ils se pelotonnèrent. Elle tendit la main vers un paquet de mouchoirs.
Il se dit : Je pourrais divorcer pour moins que ça.
Elle pensa : En plus, il faut changer les draps.
Au cours d’un séjour en Irlande, c’est le drame : leur petit garçon meurt accidentellement. Le couple explose, comme souvent dans ces cas-là. Curieusement, c’est dans la maison de son beau-père que Julia va tenter de se reconstruire. Et découvrir par la même occasion le passé douloureux de son mari, où dans une famille nombreuse la violence paternelle et l’humiliation étaient omniprésentes. 
Le problème avec ce roman, c’est que le premier tiers est excellent, du 10/10 sur l’échelle du talent littéraire, et que le reste est subitement lent, long et ennuyeux. A tel point que j’ai failli abandonner ma lecture. Car on comprend assez vite le fin mot de l’histoire, tout le reste ne sert finalement qu’à délayer un peu trop un secret de famille trop enfoui. Sous couvert d’analyse psychologique, on s’égare dans les détails des moutons et de la pâture irlandaise.
Un contraste étonnant pour un livre qui s’annonçait si fort, si percutant, mais si réussi. Au final, une déception, donc.
 
Merci encore à Cathulu pour le prêt !
 
Ed. Joëlle Losfeld, janvier 2008, 273 pages, prix : 21 €
Ma note : 3/5
Crédit photo couverture : © Andrew G. Hobbs/Getty Images et éd. J. Losfeld.

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Little children, un film de Todd Field (2007)

24 Février 2008, 14:50pm

Publié par Laure

Avec Kate Winslet (Sarah Pierce), Patrick Wilson (Brad Adamson), Jennifer Connelly (Kathy Adamson), Gregg Edelman (Richard Pierce)

Synospis :

"Little Children entrecroise les vies, les destinées contrariées, les secrets, les rêves, les fantasmes et les angoisses de personnages dans la quiétude trompeuse d'une banlieue bourgeoise de la côte Est."

little-children.jpgJe reste très mitigée sur ce film. Si la première moitié est plutôt bonne, tout finit par s'enliser un peu et traîner en longueur (2h11 quand même!). Plusieurs destins s'entrecroisent et la description moralisatrice d'une certaine Amérique est assez bien vue. Au parc où elle amène sa fille tous les jours, Sarah rencontre Brad, père au foyer. Comme elle vient de surprendre son mari en fâcheuse position devant des images sexy sur le net, elle prend conscience de la platitude son couple. Deux couples en proie à leurs désillusions qui finissent par s'entrechoquer : Brad et Sarah deviennent amants. Des personnages secondaires occupent l'écran alentour : un homme qui a purgé sa peine pour pédophilie est toujours confronté à la peur et à la vindicte populaire de cette banlieue bienpensante, pendant qu'un agent de sécurité complètement bargeot le harcèle. Voilà qui met un peu d'animation dans l'adultère, mais ne suffit pas à rendre dynamique ce film un peu trop long. 

Ma note : 2,5/5

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