Les jardins d'Hélène

Abandons massifs

12 Avril 2009, 15:48pm

Publié par Laure

Parfois ça ne prend pas, comme ça, d'emblée, sans que je puisse vraiment l'expliquer.
J'abandonne désormais assez vite.

C'est le cas de Avis de tempête, de Susan Fletcher, repéré chez
Cathulu
et des Naufragés de l'île Tromelin, d'Irène Frain,












 proposé par J'avais accepté leur offre car je pensais que c'était un roman qui se situait sur l'île Tromelin, juste à côté de la Réunion dont je revenais tout juste, mais c'est plutôt un doc ultra détaillé qui m'est vite tombé des mains.... tant pis... Il y a trop à découvrir pour s'attarder sur ce qui ne prend pas...

Voir les commentaires

Que reste-t-il de la culture française ? – Donald Morrison, suivi de Le souci de la grandeur – Antoine Compagnon

11 Avril 2009, 15:52pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Michel Bessières.

 

La polémique est née d’une couverture de Time magazine de novembre 2007 annonçant la mort de la culture française. Le journaliste américain, Donald Morrison, vivant en France depuis 5 ans, a déclenché un tollé général avec son article, qui loin de vouloir enterrer la spécificité culturelle de la France, en démontrait simplement l’affaiblissement de sa portée sur le reste du monde.

Il revient ici sur cet article et ses arguments, explique qu’il n’a pas choisi le titre qui a fait scandale en une, qu’il n’en a même pas eu connaissance avant parution, et redéploie dans cet essai son jugement : « il règne bien en France une extraordinaire vitalité culturelle, ce qui a changé, c’est qu’elle ne rayonne plus guère à l’étranger »

Loin de moi l’idée d’opposer des arguments à l’auteur, bien d’autres bien mieux placés et bien plus compétents l’ont fait. Néanmoins Morrison ne fait que relever ce qui me paraît des évidences, et le scandale n’est que le résultat d’un pays (le nôtre !) qui ne tolère pas la critique. Vous savez, le village de petits gaulois qui résiste…

Je me suis intéressée tout particulièrement à la question de la littérature française (davantage qu’au cinéma, théâtre, arts et architecture aussi évoqués dans ce livre) et y ai noté des choses intéressantes, là encore, pas révolutionnaires, que Morrison relève avec humour.

 

p. 42 : « En moyenne, chaque année, les 10 000 éditeurs que compte le pays (d’après le Syndicat national de l’édition) mettent en circulation 60 000 nouveaux titres dans tous les genres. Toutefois, la presse et le public vont s’intéresser aux 1000 à 2000 romans publiés au cours de ces deux rentrées, et à un nombre équivalent d’autres nouveautés – principalement des essais – en dehors de ces deux périodes. On peut considérer que ce corpus constitue la littérature française contemporaine. En France, ces livres vont trouver des lecteurs, susciter des discussions dans les émissions télévisées, les magazines et les dîners. Hors de France, ils vont laisser à peu près tout le monde indifférent

Seule une fraction de cette production sera susceptible d’éveiller la curiosité des éditeurs étrangers et moins d’une dizaine de ces romans paraîtront aux Etats-Unis. »

 

p. 48 : « L’Amérique est le pays d’origine d’un tiers de l’ensemble des traductions vendues en France ».

 

p. 50 : « 27% des livres qui sont publiés dans le monde le sont en anglais, 12% en allemand, et 8% en français. »

 

p. 51 : « plus de 900 prix littéraires sont attribués chaque année en France. » (Comment voulez-vous vous y retrouver ?!)

 

p. 52 : « Le problème tient à la littérature française elle-même, devenue ésotérique, distante du monde réel et donc difficile à exporter. »

 

p. 56 : « L’autofiction est un vaste problème en France, m’avouait François Busnel, directeur éditorial du magazine Lire, en 2007 dans son bureau envahi par les livres. « J’estime que 70% des 727 romans de cette rentrée relèvent de cette démarche. Si la littérature ne doit pas se cantonner à mes problèmes personnels, alors elle devient un exercice ardu, qui implique des recherches, le développement de personnages universels. Mais si je peux raconter une histoire d’amour, mes trajets en métro, ma rupture, alors tout devient plus facile. Avec le structuralisme et le nouveau roman, la littérature est devenue une sorte de thérapie. Si bien que tout le monde estime pouvoir écrire aujourd’hui. » (Il est bien ce Busnel quand même !) « Anne Carrière, directrice de la maison d’édition qui porte son nom, dresse le même constat : « le premier conseil que j’aimerais donner aux jeunes auteurs est : « arrêtez de confier vos misères à la plume », écrivait-elle dans Lire en avril 2007. Les trois quarts des manuscrits que je reçois sont des psychothérapies, non des romans. Et, franchement, vos petits problèmes personnels n’intéressent personne. »

 

p. 65 : (en littérature comme dans le cinéma) : « trop d’emphase intellectuelle, de manque d’action, la priorité est accordée aux relations entre les individus aux dépens des interrogations sociales ou politiques. »

 

p. 103 : « le déclin culturel français a une autre cause : le système scolaire. Naguère réputé pour sa rigueur, il est aujourd’hui sous le feu des critiques. On lui reproche d’accorder la priorité à l’épanouissement individuel aux dépens de l’acquisition des connaissances. »

 

Le souci de la grandeur est une réponse (qui va surtout dans le même sens) du professeur au Collège de France, Antoine Compagnon. Il m’a fait sourire avec ce paragraphe :

 

p. 140 : « de retour à Paris après la bataille, je trouvai dans mon courrier pas mal de lettres – bien plus nombreuses que lorsque je m’exprime dans les journaux sur les universités, la recherche ou l’école - , qui s’en prenaient à ma tribune du Monde. Pour la plupart, les auteurs étaient animés par un antiaméricanisme assez franc, endémique en France. Une de mes phrases les avait spécialement fâchés, celle où, donnant acte à Donald Morrison de l’attrait modeste du roman français contemporain, j’avouais que je lisais « le dernier Philip Roth, Pynchon ou DeLillo plus volontiers que la dernière autofiction germanopratine, facétie minimaliste, ou dictée post-naturaliste. » La moutarde en était montée au nez de mes interlocuteurs, mais c’était surtout l’allusion à Philip Roth qui les avait indignés – je fais l’hypothèse que les deux autres noms ne leur disaient rien- , et ils m’opposaient tel ou tel écrivain français rare, gentil et inoffensif au nom de la défense de la langue française : « je donnerais tous les pavés indigestes de Roth, dont je n’ai jamais pu finir aucun, pour quelques pages touchantes de Paul Maçon sur un crépuscule de Châteauroux », m’écrivait l’un deux. » (C’est sûr qu’avec ça, la littérature française va rayonner hors de nos frontières !)

 

Ceci dit Compagnon ayant un peu moins d’humour sur la longueur que Morrison, son article m’a paru un brin soporifique au final. Pauvres universités françaises laissées à l’abandon, langue française en recul dans le monde, culture liée à l’Etat (subventions) ce qui est un plus grand mal qu’un bien, etc. souvent des redites de Morrison. La culture française n’est pas morte, il faudrait juste qu’elle accepte d’être un peu secouée de temps en temps. Sinon tout le monde ronfle à l’intérieur des frontières, alors à l’extérieur pensez donc, on nous laisse dormir.

(Quel écrivain français aujourd’hui, écrivant en français, a réellement du souffle pour séduire un public international ?)

 

Denoël, septembre 2008, 204 pages, prix : 13 €

Ma note :

Crédit photo couverture : éd. Denoël


Voir les commentaires

Le retour à la terre tome 5 : les révolutions - Ferri & Larcenet

10 Avril 2009, 07:05am

Publié par Laure

La petite Capucine grandit, Manu ne se reconnaît plus, surtout depuis que Mariette a repris ses études à la fac. Dans ses nombreuses activités de père au foyer (enfin, il dessine toujours, mais comme il le fait à la maison, c’est lui qui garde Capucine), Manu a entrepris la construction d’une chatière, pour que Speed puisse aller et venir à sa guise. Mais comme il n’y a pas plus têtu qu’un chat, à peu près tout le monde utilisera cette chatière sauf son destinataire : Speed le chat ! La mère Mortemont (et son patois imbuvable) est toujours là, et la préparation des élections municipales fait grand bruit ! L’épicier lutte à sa manière contre l’invasion des hypermarchés, mais quand Manu veut lui acheter des carottes : « ah les carottes, je vous les conseille pas, elles sont pourrites ».

Quand il se fâche avec Mariette, Manu fait le repassage la nuit devant des docus animaliers à la télé et pour accueillir son copain Ferri qui vient travailler à la BD chez lui, il porte son poncho en pure chèvre de Patagonie siglé La Redoute.

Bref du délire, un 5ème tome réjouissant pour cette série qui ne faiblit pas et m’amuse toujours autant ! Un tome 6  quand vous voulez J

 

Dargaud, coll. Poisson Pilote, nov. 2008, 48 p. , prix : 10,40 €

Ma note :

Crédit photo couverture : © manu larcenet et éd. dargaud

Voir les commentaires

Les parents de Mélie - Corinne Albaut

9 Avril 2009, 07:39am

Publié par Laure

En 2002 paraissait le titre Mal à ma mère, sous le nom de Clara Vidal. Ce titre m’avait profondément émue, pour des raisons toute personnelles. Vous trouverez ici mon commentaire de l’époque.

Aujourd’hui, Corinne Albaut republie ce livre sous son vrai nom cette fois, et le prolonge d’une seconde partie : Paix à mon père.

Mal à ma mère décrivait la descente aux enfers d’une enfant (puis adolescente) victime de la violence psychologique de sa mère, Paix à mon père décrit la colère et l’incompréhension de cette enfant devenue adulte devant la faiblesse et la lâcheté de son père. Pourquoi n’intervenait-il pas ? Pourquoi préférait-il fuir et la laisser ainsi dans sa souffrance et son désarroi, elle sa fille ? S’il était aussi victime de la tyrannie de sa femme, il était adulte et pouvait (devait) réagir. C’est devant son lit de mort que Mélie revisite son enfance avec ce père trop souvent absent, à qui elle en veut terriblement. Mais sa veillée funéraire lui permettra, même en l’absence de réponse, de mieux le comprendre et de lui pardonner. Pour trouver enfin la paix.

Un texte rare sur un sujet rare, mais si juste du début à la fin.

 

Je ne saurais dire à l’auteur combien ce livre a une place précieuse dans mon cœur.


Dès 13 ans
 

Ed. Syros, coll. les uns les autres, août 2008, 169 pages, prix : 10 €

Ma note :

Crédit photo couverture : © Mathilde Aubier et éd. Syros

Voir les commentaires

La libraire a aimé - Sophie Poirier

8 Avril 2009, 07:55am

Publié par Laure

Tous les soirs à la même heure, ils sont là, à la terrasse d’un café. Ils boivent un whisky et parlent de livres. Ils sont libraires mais ne se connaissent pas plus que cela. Rien sur leur vie personnelle. Mais un beau jour Paul ne vient plus. Corinne s’inquiète. Plus encore lorsqu’elle pense voir son visage dans une expo photos, car il s’agit de visages de morts. Corinne réalise qu’elle ne savait rien de Paul, et part à sa recherche. Chez un oncle étrange, puis à New-York où elle rencontre Paul Auster et sa femme, etc. jusqu’au dénouement que je vous laisse découvrir.

 

Je croyais que ce livre parlait de livres. En fait pas tellement. Il est surtout la quête de plus en plus fantaisiste de Corinne vers cet homme qu’elle aime. Le début m’a beaucoup plu, et l’intrigue vous attire … mais la quête est trop imaginaire pour moi, trop fantaisiste. Plus on approche de la fin et plus non, on n’y croit pas. Pourtant il y a quelque chose de plaisant : c’est bien écrit, c’est hors du commun, c’est original, mais pour moi la fin n’a pas fonctionné, et trop de questions restent sans réponses… Un avis mitigé donc.

 

Merci à Liliba qui en a fait un livre voyageur…

  

Le blog de l’auteur, qui me plaît beaucoup !

 

 

Ana éditions, avril 2008, 71 pages, prix : 9,50 euros

Ma note :

Crédit photo couverture : © encore lui ?

Voir les commentaires

Honteuse - Karin Alvtegen

7 Avril 2009, 07:33am

Publié par Laure

 

Traduit du suédois par Philippe Bouquet


Du thriller 100% psychologique qui pousse au plus loin l'analyse de ses personnages et de leurs failles, de la culpabilité à la compassion, c'est un roman qu'on peine à lâcher l'auteur sait y faire !


Monika est médecin, et ne se remet pas de l'accident dans lequel a péri son frère alors qu'ils étaient adolescents. Lorsqu'un collègue rencontré dans un séminaire périra à sa place dans un accident de la route (c'est elle qui aurait dû repartir dans cette voiture), sa culpabilité atteint des sommets et elle va par tous les moyens tenter d'aider la veuve et l'orpheline. En parallèle, l'histoire de Maj-britt, une femme qui vit seule avec son chien et ne sort plus de chez elle, atteinte d'obésité morbide. Aidée par des aides à domicile, elle se plaît à les humilier, jusqu'à ce qu'une d'entre elles, Ellinor, s'accroche un peu plus que les autres et tente de percer sa carapace. Et lorsque sa meilleure amie perdue de vue lui écrit... de prison, c'est tout son passé qui lui revient.

Destins qui s'entrecroisent, terreurs du passé, culpabilité enfouie, volonté de se racheter, l'intrigue est menée de main de maître par l'auteur : complexe (au sens d'intéressante) et maîtrisée !

Si le personnage de Monika m'a parfois énervée, la manipulation est telle que de toute façon, il faut aller au bout !

Une auteure que j'avais découverte avec Recherchée, et que je compte bien continuer à lire !


Plon, septembre 2006, 303 pages,

ou Points, mars 2008, 347 pages, prix : 7 €

Ma note :

Crédit photo couverture : éd. Points / Seuil

Voir les commentaires

Mon voisin - Milena Agus

6 Avril 2009, 10:59am

Publié par Laure

 

Traduit de l'italien par Françoise Brun


Courte nouvelle de 51 pages, mon voisin nous plonge dans la moiteur lourde de Cagliari, village sarde, et la déprime languissante d'une mère : elle vit seule avec son petit garçon de deux ans qui ne marche toujours pas, pas plus qu'il ne parle d'ailleurs. Elle rêve au suicide parfait qui ferait croire à l'accident, ne la condamnant pas ainsi aux yeux du voisinage. Mais son voisin apparaît, ainsi que son fils turbulent, de l'autre côté du mur mitoyen surmonté de tessons de bouteilles. Peu à peu, les tessons disparaissent et la vie réapparaît...

D'emblée, je n'ai pas aimé ce personnage féminin, son attitude, et du coup n'ai pas su apprécier ce court texte, pesant, lourd, même s'il s'éclaircit sur la fin. Je n'y ai pas été sensible, c'est tout !

A moins que ce ne soit la forme trop courte ? Donc non, tant pis.


Merci quand même à Cathulu pour le prêt surprise !


Liana Levi, coll. Piccolo, janvier 2009, 51 pages, prix : 3 €

Ma note :

Crédit photo couverture : © Denis Hoch et éd. Liana Levi

Voir les commentaires

J'aime pas les autres - Jacques A. Bertrand

5 Avril 2009, 15:23pm

Publié par Laure

 

Anatole Berthaux mène une enfance ordinaire et timide sous la coupe d'un père instituteur au caractère rigide. C'est son parcours initiatique que nous narre avec humour, finesse et ironie l'auteur. Autobiographie romancée ? Jacques A. Bertrand en offre d'ailleurs une intéressante perspective :

p. 39-40 : « Tout discours critique sur l'autobiographie, l'autofiction, le narcissisme et le nombrilisme, opposés au prétendu vrai roman, relève de la plus haute fantaisie. L'imagination des plus grands créateurs, si ce n'est celle du Créateur lui-même, est très limitée. Elle consiste essentiellement à réunir deux ou trois éléments qui n'ont pas l'habitude de se côtoyer pour créer une idée, une image, une molécule, une sensation nouvelle. On peut tirer quelque chose de distrayant et d'instructif en juxtaposant deux mots qui, séparément, sont à peine crédibles dans les dictionnaires. Mais l'essentiel est ceci : tout roman est nécessairement biographique, fondé sur des éléments d'expérience ou d'observation transposés. Inversement, l'écriture n'étant jamais qu'une forme de transposition, toute biographie est un roman. Et l'autobiographie est vraisemblablement la forme de littérature la plus romanesque ».


On suit donc Anatole jusque dans ses études supérieures et ses premières amours, sa (double) vie de couple inattendue et son détour par le défunt service militaire. C'est tout simple, mais c'est un vrai plaisir. Un très agréable moment de lecture.


p. 70 « Je me suis toujours tenu à l'écart des clans. Je détestais déjà ce que Romain Gary appellerait quelques années plus tard « l'appartenance ». Qu'on me dise : « Vous les jeunes » (ma mère), « Vous les garçons » (les filles) ou « Vous les écrivains » (les critiques) me met en rage. Je ne crois qu'aux individus. »


éd. 10/18, mars 2009, 122 pages, prix : 6,50 €

Ma note :

Crédit photo couverture : éd. 10/18.

Voir les commentaires

Boomerang - Tatiana de Rosnay

3 Avril 2009, 16:43pm

Publié par Laure

Antoine, architecte, divorcé et père de trois enfants, un peu dépassé par ses ados, offre un week-end à Noirmoutier à sa sœur cadette Mélanie, qui fête ses 40 ans, elle aussi divorcée mais seule. Noirmoutier, l’île où ils passaient leurs vacances d’été lorsqu’ils étaient enfants. Ils n’y sont pas retournés depuis 1973, leur mère étant décédée juste après. Au retour, alors que Mélanie s’apprête à lui révéler un souvenir qui la hante depuis leur séjour sur l’île, c’est l’accident. C’est à l’hôpital qu’Antoine va s’interroger sur ce secret familial que voulait lui révéler sa sœur, s’inquiétant de son rétablissement, et en faisant la connaissance d’Angèle, une embaumeuse sexy qui ne manque pas d’initiative. Cette belle plante audacieuse réussira-t-elle à lui faire enfin tourner la page de son divorce malheureux ?

Mais inutile d’en dire plus, il faut accompagner Antoine dans son voyage intérieur, la très belle couverture du livre vous y invite, et les 400 pages qui suivent sauront vous faire oublier la réalité qui vous entoure, car vous aussi lecteurs, vous êtes pressés de le découvrir, le secret de Clarisse Rey !

Boomerang est une histoire d’amour, et d’amours au pluriel, entre des couples, entre des parents et leurs enfants, entre frère et sœur, l’histoire d’un secret familial aussi, qui se dénoue au fil des pages dans une tension accrue quand approche la fin. Mais c’est aussi l’histoire du quotidien, un quotidien aisé certes, bourgeois, mais remarquablement traduit par l’auteur dans sa vraisemblance et sa modernité : famille divorcée, attitude des enfants adolescents (on a tous les mêmes à la maison !), vitesse filante du monde dans lequel on vit.

Il m’a semblé parfois que ce roman était banal, presque sans surprises, que tout s’y déroulait naturellement, dans un enchaînement fondu d’avance. Mais sans aucune gêne car cela en fait sa force aussi : il est tout à la fois riche de quantité de choses, rebondissements et personnages qui ont une vraie profondeur, on les côtoierait presque dans la vie. Le suspense est plus retenu que dans d’autres romans de l’auteur, le dosage entre amour et enquête psychologique y est subtil, on se laisse juste emporter par l’histoire de cette tribu qui comme beaucoup, a ses secrets enfouis. Ceux qu’il faut dénicher afin de pouvoir s’en libérer, et avancer dans la vie. Et c’est un beau voyage, qui s’achève à regrets, car on voudrait qu’il dure encore. Même s’il est un chemin vers le bonheur, sans doute.


La lecture de Cuné
Celle de Clarabel

Pour lire un extrait  (cliquer sur l'onglet "extrait" pour ouvrir un fichier pdf, sur le site de l'éditeur.)
 

Ed. Héloïse d’Ormesson, avril 2009, 376 pages, prix : 22 €

Ma note :



Crédit photo couverture : © Stéphanie Têtu / Rapho / Eyedea et éd. EHO.

Voir les commentaires

De quoi j'me mêle ?

31 Mars 2009, 20:52pm

Publié par Laure

Ici et là naissent des polémiques sur ce que devrait être ou ne pas être un blog littéraire, et je suppose que par littéraire on entend ce qui est comptabilisé, évalué, malmené et observé attentivement dans le classement Wikio rubrique Littérature. Classement qui fait lui-même débat, surtout auprès des aigris et autres jaloux. Comme tous ces débats sur les SP (pour les non initiés qui passeraient par là : services de presse envoyés par les attachées de presse ou les éditeurs eux-mêmes), les jeux concours, les opérations promotionnelles des éditeurs relayées en direct ou par le biais d’entreprises sous-traitantes. Idem pour les commentaires : seraient montrés du doigt ceux qui ne répondent pas systématiquement aux commentaires laissés sur leur blog par leurs lecteurs.

Je ne suis pas entrée dans ces débats, je n’ai pas laissé de commentaires à ce sujet sur les blogs qui en parlaient, je pourrais bien même continuer à garder le silence, par paresse essentiellement. Mais comme je suis solidaire de celles qui en privé pensent « fichez-nous la paix », j’y vais de mon « de quoi j’me mêle », puisqu’il faudrait passer son temps sur la blogosphère à se justifier. Se justifier de trop lire, se justifier d’avoir été classée là plutôt qu’ailleurs, se justifier de demander qu’on nous lâche un peu…


D’abord, le classement Wikio Littérature ne satisfera jamais personne tant qu’on continuera à y faire cohabiter des choses très différentes. Tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi, diront les aigris qui ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas à la hauteur qu’ils attendent.

Dans blog littéraire, il y a littérature. Il y a des blogs d’écrivains, d’auteurs publiés (ou pas), de gens qui écrivent, des blogs de création littéraire. Il y a de bons et de mauvais écrivains, des qui le sont et des qui aimeraient l’être, des bons et des mauvais blogs. Il y a aussi des blogs de critiques littéraires professionnels et de journalistes. On les met dans la même case, ils créent à leur manière, mais ils ne créent pas de la littérature. Ou alors de la paralittérature. Et puis il y a surtout cette sous-catégorie qui semble gêner tout le monde, que certains passent leur temps à décrier, lui refusant toute légitimité : les blogs de lecteurs. Des gens comme vous et moi qui lisent des livres, et disent tout simplement et sans chercher quoi que ce soit (autre que leur plaisir à le faire), ce qu’ils en pensent. En général des livres aimés, appréciés. Je rapproche ces blogs de lecture de tous les blogs de loisirs et de passions : tricot, broderie, loisirs créatifs, cuisine, pêche à la mouche, bref ce que vous voulez. Est-ce que les gens qui tiennent un blog de broderie sont aussi virulemment critiqués que ceux qui tiennent un blog de lecture ? Et je dis bien lecture, pas littérature.

Mais qu’on nous fiche la paix bon sang, ou alors allez emm… de la même manière ceux qui tiennent un blog de pêche à la mouche. On n’a rien à faire dans la catégorie Littérature ? Ben mettez-nous ailleurs. Ou vous voulez. Dans la catégorie « Nullités » si vous voulez, là plus qu’ailleurs on sera lus, pas besoin de temps de cerveau disponible pour ça. Si vous voulez me mettre dans la rubrique physique quantique à la 97 865ème place ou à la rubrique nouvelles technologies à la 98251ème place, faites. Ceux qui se soucient de ne pas être dans les 10-50-100-1000 premiers n’ont sans doute pas grand-chose d’autre à faire dans la vie (ou un ego surdimensionné, c’est encore autre chose)

Ce mois-ci je suis 40ème en Littérature il paraît. Oui. Et alors ? ça change quoi ? Pour qui ? Pour quoi ? Pour moi ? Rien. Ma vie s’arrêtera si je passe 578 ème demain ? Ma place n’est pas justifiée en Littérature ? Ce n’est pas moi qui l’ai demandée cette catégorie ! J’ai juste reçu un mail de Wikio un jour me disant que j’étais là. Ah bon.

 

Autre sujet qui fâche : les SP. Est-ce que je reçois des SP et est-ce que ça me pose problème ? Oui je reçois des SP, pas des masses, une dizaine par an, toujours sur proposition de l’éditeur ou de l’attachée de presse. Je ne les demande pas. Mais je réponds positivement quand on m’en propose. Est-ce que ça me pose problème ? Déontologiquement non. En pratique oui. Parce que je ne les lis jamais tout de suite, souvent avec 6 mois ou 1 an de retard par rapport aux dates de sortie en librairie, ce qui n’est pas intéressant pour les éditeurs. Ils ont d’ailleurs bien compris que j’étais un mauvais choix sur ce plan-là, néanmoins ceux qui continuent à m’en envoyer le font par amitié. (Ou soyons pragmatiques : parce qu’ils ne vont pas tous vérifier si j’ai publié ou non un billet sur leur livre).


Est-ce que je participe à des actions promotionnelles ? Oui parfois, mais là aussi, je suis rarement dans les délais. Quand le livre ne m’intéresse pas, je décline tout simplement. J’ai déjà assez de trucs à lire pour ne pas m’encombrer de livres inutiles (pour moi), fussent-ils gratuits. En 2008, j’ai participé à deux jurys de lecteurs : celui du Prix des Lectrices de Elle, et celui du Prix des Lecteurs du Livre de Poche. Est-ce que j’ai fait une publicité gratuite pour ces institutions à l’insu de mon plein gré ? Si on veut voir de la promo partout, on peut la voir là aussi. Est-ce que les tout frais jurés 2009 du Prix Inter font en réalité la promo gratuite de Radio France ? Vous allez me répondre que non bien sûr là on aime la littérature, que vous pensiez plutôt aux opérations de chez les filles et autres approchantes. Qui va réellement sur le site de chez les filles après avoir vu une critique d’un bouquin offert par eux ? Les bouquins offerts par chez les filles ont-ils réellement besoin de visibilité tant ce sont en général des mastodontes de l’édition qui ont les moyens d’offrir 100 SP ?


Est-ce que les blogs de lecture font vendre ? Bien sûr que non, ils ne sont pas faits pour ça. Les écrivains qui l’ont cru jadis ont vite compris leur erreur. Les blogs de lecture font partager, discuter, échanger, enrichissent la Poste et fréquenter davantage les bibliothèques publiques. Ceux qui achètent des livres le faisaient déjà, avec ou sans blog. Et continuent. D’en acheter encore plus. Parce qu’ils aiment ça. Les livres. Quelqu’un qui tomberait par hasard sur un blog de lecture courrait-il en librairie le lendemain ? L’exception doit bien exister, mais elle n’est pas la règle.


Est-ce que je participe aux jeux des blogueuses, swaps et défis lecture ? Non, plus maintenant. J’ai fait un swap il y a longtemps. C’était sympa et amusant. J’avais réellement apprécié l’expérience. Depuis j’observe, et je n’aime pas ce que je vois. Des critiques partout : ça va du billet qui dit ouvertement que le cadeau reçu était nul à la polémique qui dénonce une tendance à la surenchère : certaines en mettraient trop dans leur colis pour épater la galerie et se faire mieux aimer ? Il y a bien des tentatives ponctuelles pour règlementer tout ça : des tailles de colis à respecter ou des montants en euros à ne pas dépasser, mais là encore tout le monde triche. Parce que le plaisir d’offrir n’aime pas les lois. Et que fait la Cnil quand des blacklistes circulent (tiens ça circule aussi dans les blogs de loisirs créatifs, tapez blackliste swap dans un moteur de recherche, vous verrez comme elle est belle la nature humaine), balançant à tout va les noms des mauvaises joueuses qui n’envoient rien ou postent leur colis avec une journée de retard ? C’est ça le plaisir du swap ? Jouer au gendarme et ficher les gens ? Joli jeu ! Oui je sais, pour le joueur honnête c’est pas juste, parce que vous croyez aux règles, vous envoyez un colis, et à cause des mauvais joueurs, vous ne recevez rien. C’est grave. Vous ne survivrez pas. Mortelle déception. Vous envoyez trop ? On vous accuse de surenchère. Là encore, il est beau le jeu ! J’en suis donc revenue à la bonne vieille méthode : j’offre ce que je veux à qui je veux quand je veux, pas besoin du net pour ça. De même que j’ai régulièrement la surprise de trouver des cadeaux dans ma boîte aux lettres, sans que personne ait décidé que je devais ouvrir mon colis le 1er avril à 00h28 min.


Les clubs de lecture ? oui, non, je ne supporte plus les lectures imposées, j’ai trop donné pour les jurys dans ce domaine-là. Et j’avoue que lorsque je trouve 20 billets sur un livre identique le même jour, je n’en lis aucun. Peut-être parce que ça fait lire 20 fois le quasi même résumé, et que ça ne permet pas l’échange motivé d’une vraie rencontre. Et qu’on ne peut même pas faire tourner la boîte de chocolats pendant ce temps-là.


Comme tous ces griefs ne faisaient pas encore assez dans la jolie blogosphère, on pointe maintenant du doigt les blogueur/euses qui ne répondent pas systématiquement aux commentaires que les lecteurs laissent sur leur blog. C’est pas bien, c’est pas poli. On vous fait l’immense honneur de vous lire alors que vous écrivez de la bouse qui ne mérite pas la catégorie Littérature du Dieu Wikio et vous avez le culot d’ignorer le courageux passé par-là qui en plus est assez givré pour vous dire qu’il aime votre bouse !! J’avoue je ne réponds pas systématiquement aux commentaires. Pourtant je ne méprise pas mes lecteurs. Je ne prends même pas le prétexte du (manque de) temps, argument souvent faux-cul entendu ici et là. Vous avez le temps d’écrire vos articles, décortiquer vos stats,  lire vos commentaires, mais pas d’y répondre ? Laissez-moi rire. Soyons plus honnêtes : tous les commentaires n’appellent pas de réponses. Que voulez-vous répondre à « ça a l’air sympa, je note » ou « ça va encore faire augmenter ma PAL / LAL » ? Vous aimeriez comme réponse systématique (automatique ?) : « oui c’est sympa vas-y note ! » ou «  oui pauvre PAL ! ». Je peux hein, si c’est ce que vous trouvez intéressant dans un blog. Moi pas. Je ne lis quasiment jamais les commentaires. Parce que je lis souvent les articles via bloglines, sans aller sur le blog propre, sauf quand l’article vraiment m’intéresse, parce que les commentaires (y compris chez moi) sont souvent des private jokes entre copines qui excluent la masse, parce que quand fait rarissime je laisse un commentaire chez quelqu’un, je ne pense jamais à aller voir la réponse. Comment font celles qui laissent un comm sur chacun des 150 blogs qu’elles lisent quotidiennement ? Elles retournent 150 fois 2 ou 3 dans la journée voir les réponses ? Chanceuses, ou elles ne travaillent pas, ou pauvrettes, elles s’ennuient vraiment au boulot ! Sans parler de ceux qui usent du commentaire pour le clic qui fait remonter dans les classements, là on est revenu au Wikio du départ, c’est pathétique.


Alors oui je suis une sauvage, je ne garde de ce monde des blogs que mon plaisir personnel à parler de mes lectures, et de ce qui en agace d’autres, faisant un blog hybride, mes enfants, mes bestioles, mon job.. Ça vous irrite ? Ben c’est être maso que de venir me lire alors, non ? ! D’aucuns diront sans doute aussi qu’à me mettre à l’écart comme cela, c’est moi l’ego surdimensionné. Si ça vous fait plaisir. J’ai le dos large.

Alors pourquoi je continue de bloguer ? Parce que les liens qui se sont créés sont réels et sincères, parce que j’ai toujours plaisir à le faire pour ces fidèles-là (et pour tous les silencieux que je ne connais même pas !), parce que c’est toujours un plaisir de recevoir un mot inattendu d’un auteur ou d’un illustrateur, de noter chez les autres des titres de livres à lire même si j’en ai déjà 450 empilés là, parce que la passion de la lecture ne s’émousse pas. C’est celle du web qui parfois s’use. Avec l’impression de toujours devoir s’y justifier.

 

 

 

Voir les commentaires