Les jardins d'Hélène

L'enfant éternel - Philippe Forest

14 Octobre 2009, 09:01am

Publié par Laure

S’il est un livre incontournable de Philippe Forest, c’est bien celui-ci.
Si vous n’en avez jamais entendu parler, sachez juste que dans ce roman (oui, roman), Philippe Forest raconte la maladie et le décès de sa fille de 4 ans, Pauline, atteinte d’un cancer des os. C’est dur, violent, émouvant, juste, mais ce n’est pas que cela. Au-delà d’une histoire personnelle, Philippe Forest est un écrivain, universitaire enseignant de littérature, et cela donne une dimension supplémentaire au livre. On se replonge avec intérêt dans la poésie d’Hugo et Mallarmé, pères confrontés à la perte de leur enfant, on suit la boucle intime et universelle que prend l’histoire de Peter Pan de James Barrie dans la vie de Forest. Livre sur la vie, la douleur, la mort, Forest mêle le quotidien réaliste des traitements à une réflexion plus philosophique de ce qu’il est en train de vivre, au cœur de sa cellule familiale, mais au sein de la société également.

L’enfant éternel est un livre précieux, rare, intelligent, de ceux que l’on conserve précieusement pour en relire, ici ou là, quelques passages.

Une lecture à compléter par celle de son essai : Tous les enfants sauf un.

 

 

Gallimard, janvier 1997, 369 pages, prix : 19,82 €

Existe en Folio (poche)

Etoiles :

Crédit photo couverture : ed. Gallimard

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Louise / les ours - Karin Serres

13 Octobre 2009, 16:46pm

Publié par Laure

Je lis très peu de théâtre, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu’on n’apprend pas aux enfants ou même aux adultes à lire du théâtre pour le plaisir, autrement que pour un atelier ou un travail scolaire. Peut-être aussi parce que je crois que le théâtre est fait pour être vu, pas lu (par ceux qui ne le jouent pas donc), bref, je ne sais pas parler de théâtre. (Pas plus que d’autres littératures soit dit en passant, mais de théâtre, encore moins !)

J’ai eu l’occasion de rencontrer Karin Serres récemment dans un salon du livre, pour un très chouette roman jeunesse (Mongol, cherchez pas, je n’ai pas écrit de billet), et j’ai appris alors qu’elle écrit surtout du théâtre, pour adultes et pour les jeunes. Elle est aussi décoratrice et scénographe, bref, le théâtre, c’est son domaine.

Soyons fous, j’ai pioché dans ses textes de théâtre à l’école des loisirs, et pour le premier que j’ai lu, j’ai adoré ! L’impression de retomber dans le plaisir de l’enfance, de rêver avec une histoire dont on se demande sans cesse où est la vérité, si c’est fantastique ou imagé, où est la réalité, faut-il seulement la chercher, laissons-nous juste porter par le texte…

C’est l’histoire de Louise, 11 ans, qui vit au Canada avec son père Ian et sa sœur Elinor. Elinor, c’est la génération ado parfaite : seuls les garçons l’intéressent, et se moquer de sa sœur ! Alors quand un beau jour Louise rentre en expliquant qu’un ours blanc la suit, un ours transparent, derrière elle, et qu’il lui parle, forcément tout le monde la regarde bizarrement, car Louise est bien la seule à le voir, cet ours. Même quand ils se démultiplient, les ours transparents, accompagnant son père, sa sœur, et les gens dans la rue. Existent-ils vraiment ces ours ? Louise est-elle folledingue comme le pense Elinor ? Représentent-ils des anges gardiens ? Ou un ami confident quand on n’est plus tout à fait une enfant mais pas encore une adolescente, comme un doudou rassurant toujours là pour soi ? Faut-il se prêter au jeu comme le papa ?

Un vrai plaisir de lecture que ce texte étrange qui joue sans cesse avec la réalité très terre à terre de l’adolescence, de la famille, du langage familier, de la vie banale et quotidienne, et le fantastique, étrange, bizarre… L’envie d’y croire et de ne pas se poser de questions, de prendre le texte comme il vient, parce que c’est très bien ainsi ! Une jolie découverte, et comme j’ai acheté quelques pièces, vous entendrez sans doute encore parler de Karin Serres dans ces pages…

 

Ecole des Loisirs, coll. théâtre, décembre 2008, 64 pages, prix : 6,50 €

Etoiles : stars-4-0. V192553758

Crédit photo couverture : L’école des Loisirs.

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Le voyage d'hiver - Amélie Nothomb

7 Octobre 2009, 07:14am

Publié par Laure

Zoïle aurait dû s’appeler Zoé, mais voilà, il est né de sexe masculin, et ses parents ont bien dû aviser, en lui donnant le nom d’un philosophe grec phonétiquement proche. Zoïle travaille pour EDF-GDF, en proposant des solutions énergétiques à des gens qui viennent d’emménager et qui n’ont rien demandé. C’est ainsi qu’il va faire la connaissance d’Astrolabe et d’Aliénor, qui vont bouleverser sa vie. Zoïle va tomber amoureux d’Astrolabe, laquelle restera fidèle à Aliénor Malèze, écrivain autiste dont elle s’occupe au quotidien. Dans l’espoir de passer à l’acte avec Astrolabe, Zoïle va tout tenter, notamment un mémorable dîner de champignons hallucinogènes. Et pour qu’Astrolobe prenne conscience de la portée de son amour, Zoïle va l’impressionner en faisant exploser en vol un Boeing 747 avec un tesson de bouteille de champagne grand cru acheté en duty free après avoir passé les portiques de sécurité de l’aéroport…


Ne croyez pas que j’aie tout dit, il en reste encore à découvrir ! Vous vous posez des questions sur cet univers de fous aux prénoms décalés ? Pas d’erreur, vous êtes bien dans un roman d’Amélie Nothomb, roman qui répond aux critères habituels : lu en 1h30 environ, 2 heures grand maximum peut-être si vous êtes fatigué, les thèmes fétiches sont toujours là : la laideur et la beauté, l’écriture, l’anorexie, sa « culture » littéraire, musicale et artistique en fond, sa fantaisie proche du délire… Amélie Nothomb écrit bien du Nothomb, et ça ne surprend plus. Ça ennuierait presque. Oui c’est un peu n’importe quoi et ça tient malgré tout à peu près la route, mais après ? J’aimerais un roman qui me surprenne ou qui m’enchante, un truc qui me captive ou me rende admirative, au lieu de cela, j’ai juste un devoir annuel conforme au cahier des charges qui me laisse de marbre. J’aimerais tellement voir ce qu’Amélie a dans les tripes sur un pavé de 500 pages, ce jour-là peut-être, je redeviendrai fan…

 

Pas de doute, c’est du Nothomb : p. 103 : « […], on a besoin de grandeur parce que c’est absolu, c’est une question de taille et non de structure, si le baobab rapetisse prodigieusement, il devient un brocoli, le brocoli peut être mangé, le baobab est le brocoli cosmique dont parlait Salvador Dali, […] » moi je dis juste qu’il faut arrêter les champignons, Amélie…

 

Albin Michel, août 2009, 130 pages, prix : 15 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © studio Harcourt, Paris

 

p. 39 : « J’appréciais par ailleurs qu’il n’y ait pas de photo de l’auteur sur la jaquette, en cette époque où l’on échappe de moins en moins à la bobine de l’écrivain en gros plan sur la couverture. »   Elle a de l’humour, Amélie…

 

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L’amour est à la lettre A – Paola Calvetti

6 Octobre 2009, 11:54am

Publié par Laure

Traduit de l’italien par Françoise Brun

Emma, divorcée et quinquagénaire, tient une librairie milanaise spécialisée en romans d’amour : Rêves&Sortilèges. Elle se passionne pour son travail, le classement des différents genres amoureux, et le décor de ses vitrines. Un beau jour surgit au magasin un ex petit ami connu trente ans plus tôt, Federico, son grand amour de jeunesse resté pourtant toujours platonique. Marié et père de famille, il est architecte et part travailler sur un grand projet à New York. Ils décident toutefois de renouer une conversation secrète, par le biais de lettres envoyées poste restante, leur plaisir de se retrouver ne saurait faire bon ménage avec leur vie publique et les nouvelles technologies. Pas d’e-mails donc, mais de bonnes et longues lettres à l’ancienne. Et une fois par an, quelques jours de retrouvailles à Belle-Ile en Mer, île bretonne.

Voilà typiquement le genre de roman léger et agréable qui file tout seul, idéal pour la plage ou la chaise longue au soleil. On y trouve finalement ce qu’on y attend, sans grande surprise, tout s’y déroule toujours bien, un rebondissement contrariant (quand même) avant une fin heureuse, parfois un peu longuet ou répétitif mais on est là pour ça : le plaisir des lettres des amants qui se racontent leur quotidien, les collègues environnants qui évoluent dans leurs histoires d’amour, la librairie idéale, Mattia le grand fils adolescent qui vole vers l’indépendance et fait un beau cadeau à sa maman : quand la littérature contemporaine est souvent noire et triste, voici un roman qu’on peut conseiller aisément aux lecteurs en quête de légèreté et d’histoire pas déprimante, mais pas complètement guimauve non plus.

Ed. Presses de la Cité, avril 2009, 381 pages, prix : 20 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : © Leptosome et éd. Presses de la Cité

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Le tag de la dulcinée *

4 Octobre 2009, 18:00pm

Publié par Laure

* c'est là !

1. A quel livre dois-tu ton premier souvenir de lecture?

Je n'ai pas un titre en particulier mais j'aimais les Caroline et ses amis, avec son chien Youpi et ses chats Pouf et Noiraud, puis j'ai dévoré tous les Fantômette et tous les Alice, et tous les Comtesse de Ségur .


2. Quel est le chef-d'œuvre "officiel" qui te gonfle?

Là encore je n'ai pas de titre en particulier, je dirais Zola (Zola m'ennuie profondément) ou Ulysse de Joyce qui m'est toujours tombé des mains.


3. Quel classique absolu n'as-tu jamais lu ?

Bah, plein ! Joyce, tiens, encore.

4. Quel est le livre, unanimement jugé mauvais, que tu as "honte" d'aimer

euh... je vois pas... en général je n'ai pas honte de mes lectures ! (Sauf quand mon nom apparaît dans les gagnants des jeux fléchés de Voici au mois d'août ;-))


5. Quel est le livre que tu as le sentiment d'être la seule à aimer?

Probablement quelques titres confidentiels, pas d'exemple précis, ou trop liés à ma vie personnelle.


6. Quel livre aimerais-tu faire découvrir au monde entier?

La trilogie des jumeaux, d'Agota Kristof ? (m'inspire pas, cette question)


7. Quel livre ferais-tu lire à ton pire ennemi pour le torturer?

Tout Zola et Ulysse de Joyce, of course



8. Quel livre pourrais-tu lire et relire?

Celui que je serai en train d'écrire, avant le point final.


9. Quel livre faut-il lire pour y découvrir un aspect essentiel de ta personnalité?

La conversation amoureuse d'Alice Ferney, ou les nouvelles de Gavalda.


10. Quel livre t'a fait verser tes plus grosses larmes?

Fleurs de tempête, de Philippe Le Guillou


11. Quel livre t'a procuré ta plus forte émotion érotique?

La bicyclette bleue, de Régine Deforges, quand j'avais 14 ans, parce que piqué dans la bibliothèque de ma mère, ça me semblait sulfureux et le comble (interdit) de l'érotisme, et que je n'avais jamais rien lu de tel !

12. Quel livre emporterais-tu sur une île déserte?

Un kindle à batterie solaire rempli de milliers de titres, sait-on jamais, si le séjour doit être long...


13. De quel livre attends-tu la parution avec la plus grande impatience?

Philip Roth ? (mais ça répond à la question « de quel auteur ? »!) Et ceux des auteurs que j'ai eu l'occasion d'inviter dans le cadre de ma profession.


14. Quel est selon toi le film adapté d'un livre le plus réussi?

Je ne sais pas, soit je vois les fims sans avoir lu les livres, soit ils ne m'ont pas marquée plus que cela. Peut-être les Misérables dans sa version de 1958 avec Jean Gabin, vu enfant avec ma grand-mère....

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Les tomates de Monsieur Michel

28 Septembre 2009, 19:47pm

Publié par Laure

Non ce n'est pas un titre de la rentrée littéraire qui vous aurait échappé, c'est juste histoire de vous donner à lire, à vous qui passez chaque jour le clic à affût et la déception au bout de l'écran. (j'en ai repéré deux ou trois, des cliqueurs fous, si si)

©http://laelew.canalblog.com

Donc, commençons cette histoire :
J'ai quelques voisins, que je connais peu, nos vies actives qui s'entrecroisent oblige.
Mais en ce moment, je trouve régulièrement sur la table de la terrasse des tomates. Plein de tomates. Monsieur Michel en a trop dans son jardin, et sa femme en a peut-être un peu assez de manger des tomates. Alors on mange des tomates nous aussi, des salades, des quiches, et ce soir j'avais préparé un plat de 12 tomates farcies. Autant dire qu'il y en a pour 3 jours, mes filles ayant décrété qu'hormis les pâtes, rien n'est comestible dans cette maison. C'est toujours utile d'avoir un ado de 15 ans dans ces cas-là, lui il mange pour 3. Et je me suis dit que j'allais aussi tenter une sauce tomate maison : j'ai épluché des tas de tomates, j'ai haché des oignons, émincé de l'ail, cueilli du basilic frais dans les petites plantations de Mosquito, ajouté de l'origan, du sel, du poivre, un peu de sucre pour l'acidité, et laissé mijoté ça trèèèès longtemps. Au final, j'ai une pleine cocotte de sauce tomate. 4,5 litres, la cocotte. Les filles se disent qu'avec ça, au moins, c'est sûr qu'on va manger des pâtes ! J'ai rempli des boîtes et des bocaux, je vais congeler et donner aux collègues, même les cochons d'Inde en sont rendus à manger des morceaux de tomates deux fois par jour. Heureusement ils adorent ça. Parce qu'en juin / juillet, aucun succès avec les courgettes de Paulette.

Et vous savez quoi ? Malgré tout mes efforts, il en reste encore des tomates !

Et quand Monsieur Michel dit je vous apporterai 4 ou 5 tomates, il voulait sûrement dire 4 ou 5 kg de tomates. Deux fois par semaine. 

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Irène sur le plancher des vaches - Frédéric Michaud

21 Septembre 2009, 06:18am

Publié par Laure

En dix courts chapitres qui sont autant de nouvelles, Frédéric Michaud évoque la vie du petit village d’Abbéfontaine, dans le Jura, et la disparition de ses paysans, par autant de petits sauts de cinq ans de chapitre en chapitre, des années 60 à 2005.

1960, Irène Gauthier est une enfant qui avec ses sœurs passe ses week-ends à aider son père à l’épierrage des champs. Que ces cailloux à enlever avant le passage du tracteur pèsent lourds ! Et comme elle préfèrerait vivre sa vie d’enfant à jouer et à rêver plutôt qu’à aider aux champs ! D’emblée, Irène m’a touchée, car des adultes aujourd’hui encore marqués par cette activité lorsqu’ils rentraient du pensionnat en fin de semaine, qui en voulaient à leurs parents sans oser le dire, j’en ai connus, qui en parlent encore, et j’ai retrouvé dans ce récit de Frédéric Michaud toute la réalité d’une époque et d’un milieu de vie. J’ai quitté Irène à regret, espérant la retrouver quelques chapitres plus loin, ou au moins à la fin (ce qui est le cas, je vous rassure). Et l’auteur nous offre ainsi des tranches de vie de ce petit village jurassien perdant au fil des lustres ses paysans, l’agriculture se mécanisant, se modernisant, s’intensifiant, vouant à la disparition les petites fermes familiales et la campagne à un dortoir pour citadins en mal de verdure.

Ah qu’ils sont attachants ces personnages et comme on aimerait les suivre plus longtemps ! La vieille fille Perticoz en 1965, la Madeleine Tush et l’opération bol de riz pour l’Ethiopie en 1985, tous les habitants du village qui répondent à l’invitation du prêtre à venir partager un bol de riz et offrir en aumône la différence financière d’un repas normal, pauvre prêtre qui les voit tous débarquer avec leurs cocottes de riz au lard, leur lapin à la moutarde, c’est qu’à la campagne, on a besoin de plats qui tiennent au corps ! Et l’Ethiopie, va savoir où c’est ! Et la difficulté de cette fille qui tente de dire à sa mère qu’elle s’est séparée de son conjoint et cette mère qui ne veut rien entendre, focalisée sur la « nouvelle » cuisine de sa fille (1990).

J’ai une tendresse particulière pour ce livre de Michaud, pour sa construction originale, pour sa façon si perspicace de décrire la vie, les faiblesses et les défauts de ses personnages. Comme j’aurais aimé que ce livre soit plus long !

 

p. 68 : « Madame Bluem était née à Abbéfontaine et y avait toujours vécu, mais elle l’avait toujours vu « d’en bas ». D’ici, la vue n’était pas seulement dominante, on découvrait l’arrière des maisons, une vie cachée faite d’épaves de voitures, de clapiers, de balançoires, de fil à linge et de petites constructions annexes ayant échappé à tout permis de construire. C’était un terreau d’informations sur la vie des gens. » Et ce terreau, Michaud le cultive à merveille. Irène sur le plancher des vaches est son premier roman ; on ne peut que souhaiter qu'il y en ait d'autres.

 

Ed. Delphine Montalant, septembre 2009, 106 pages, prix : 15 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Catherine Mantelet et éd. D.Montalant

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L'arbre du voyageur - Jean-Paul Tapie

16 Septembre 2009, 08:38am

Publié par Laure

Denis Hoareau vit en Vendée, divorcé, avec pour seule passion la course à pied. Lorsque sa mère meurt à Bordeaux, ses quatre frères et sœurs renouent avec lui pour lui confier une mission : la dernière volonté de leur mère : que ses cendres soient répandues au pied d’un arbre du voyageur, à un endroit bien précis dans le cirque de Mafate, à la Réunion. Pourquoi lui ? Lui qui justement souffre toujours de n’avoir pas été aimé par sa mère (du moins le croit-il), contrairement à ses frères et sœurs, qu’a-t-il donc de différent ? Que s’est-il passé ? Pourquoi leur père est-il resté à la Réunion et pourquoi ne le voient-ils plus ?

En accomplissant sa mission, en même temps qu’un retour aux sources, Denis va découvrir les secrets de sa mère, la grande passion qui l’a dévorée sur l’île Bourbon, et l’histoire (plus étonnante) de sa filiation. Certes on pressent assez vite ce qui va se passer, passion romanesque et tout et tout, mais c’est agréable à lire, d’autant plus quand on peut visualiser tous les lieux réunionnais cités. Un beau retour au voyage. L’auteur nous offre même le récit du passage d’un cyclone, toujours surprenant même si les Réunionnais y sont habitués.

 

L’auteur, né à Bordeaux et ayant longtemps vécu en métropole, s’est installé à la Réunion en 2000.


[Non je n’ai pas décidé de ne lire dorénavant que des livres sur la Réunion, les hasards des cadeaux vont parfois bien ensemble, c’est tout !]

  

Voir des photos de l’arbre du voyageur  

 

Ed. Orphie, 2003, 186 pages, prix : 12,95 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : éd. Orphie

Crédit tout court : merci Véro !

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Ancrés à Mafate, ouverts sur le monde : regards d'enfants

11 Septembre 2009, 14:05pm

Publié par Laure


En février 2009, j’ai passé une dizaine de jours de vacances sur l’île de la Réunion. Souvenez-vous, il gelait à Paris et nous avions là-bas 35°, une mer transparente et plein de petits poissons pour nous chatouiller les pieds.

La mer, le volcan, les cirques. Je ne suis pas allée au cirque de Mafate, j’ai juste profité d’un superbe panorama depuis le piton du Maïdo. Le cirque de Mafate est un lieu exceptionnel à la Réunion : on n’y accède que par hélicoptère ou par des chemins de randonnées. Des habitants y sont installés, des enfants vont à l’école, il y a une vie à Mafate, ce n’est pas qu’un paysage !

Cet album en est le reflet, entièrement réalisé par les enfants de Mafate, avec les souvenirs aussi, de quelques unes de leurs mamans. A l’origine, il y a un projet, celui de Geneviève Ceccaldi, intitulé « Livres sur l’Autre, Livres pour l’Autre », pour faire découvrir aux enfants la vie d’autres enfants à travers le monde. Un livre devait être réalisé par des enfants à Madagascar, mais le projet prenant du retard, ce sont les enfants de Mafate qui ont inauguré la collection « Enfants de l’Océan Indien ». Grâce au travail de Monique Juhel, directrice de l’école de La Nouvelle et de ses collègues, ce sont six années de travail qui ont été synthétisées dans un livre. Ancrés à Mafate, ouverts sur le monde, est donc rédigé par les enfants des écoles primaires du cirque, qui expliquent leur vie à Mafate, l’illustrant de nombreux dessins et photos. Beaucoup rêvent de devenir pilotes d’hélicoptères, parce que l’hélicoptère est crucial à Mafate : il amène les ravitaillements, les matériaux de construction, les médecins, etc. C’est le seul moyen de transport pour rejoindre le reste de l’île.

On découvre dans ce livre le quotidien des enfants, ce qu’ils aiment, la cuisine créole, les commerces, leurs jeux, le facteur qui marche plus de dix heures par jour pour distribuer le courrier, les touristes qui viennent passer une ou deux nuits en gîtes, mais aussi leur ouverture sur l’extérieur : des classes de mer à Ouessant (imaginez : La Réunion – Ouessant !), des séjours en Afrique du Sud, mais aussi des classes découverte de leur île, il n’est pas toujours nécessaire d’aller très loin pour apprendre plein de choses !

J’ai aimé leurs anecdotes, surtout celle-ci : « L’équipe de l’émission télé [C’est pas sorcier] est venue à La Nouvelle pour enregistrer une émission avec nous. Pour faire le film, on a mis une journée entière, il fallait recommencer plusieurs fois la même scène. Mais nous n’avons aucune photo, car Fred et Jamy les ont emportées. Quand on a regardé l’émission à la télé, on a vraiment trouvé ça très court. Ce fut une belle expérience quand même. » Ah bah alors, Fred et Jamy, partir avec les photos, non mais quoi, c’est pas sympa ça ! J’espère que depuis vous leur en avez renvoyé quelques unes !

Une autre qui forcément « me parle » : « Le cyclone Dina avait cassé la bibliothèque des Orangers. Tous les livres étaient mouillés et on ne pouvait plus rien faire avec. Même le gros dictionnaire était noyé dans la flaque d’eau. On serait content d’avoir des livres neufs à Mafate, chaque enfant doit pouvoir prendre un livre le soir et le maître raconter des histoires. Sans bibliothèque nous étions tristes, surtout depuis que le boeuf avait mangé les derniers « papiers ». J’imagine (j’espère !) que depuis des livres sont venus remplir à nouveau votre bibliothèque, et si tous les lecteurs de ce blog vous envoyaient un petit livre, elle serait encore plus grande votre bibliothèque ! Chiche mes lecteurs ? L’adresse des écoles de Mafate, ça doit se trouver non ?  


Bravo en tout cas pour ce beau projet, cet album traduit bien toute la vie et l’amour des petits Mafatais pour leur cirque. Il suffit de quelques enseignants ou éducateurs passionnés, des enfants curieux de tout, et voilà le résultat : un bel album entièrement conçu par eux !

 

En savoir plus sur le livre et l’éditeur : l’article de Ricochet  

En savoir plus sur l’initiatrice du projet : Geneviève Ceccaldi

 

Merci à Geneviève bien sûr, qui au hasard du net, m’a envoyée ce livre. Et un autre dont je vous parlerai bientôt, sûrement !

 

Ed. Orphie, 2007, 55 pages, prix : 13 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : éd. Orphie et tout le collectif de l’ouvrage J

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Le rapport de Brodeck - Philippe Claudel

10 Septembre 2009, 10:18am

Publié par Laure

Il y aurait tant à dire sur ce très riche roman de Philippe Claudel que je ne sais par où commencer. Et tout ce qu’on pourrait en dire ne remplacerait pas sa lecture !

Je n’avais jamais lu Claudel jusqu’à présent, malgré les critiques élogieuses sur la plupart de ses titres. [Il y a tant à lire et on ne peut pas tout lire !] Mais voilà que je vais bientôt suivre un stage de deux jours sur la mise en place d’un café littéraire, et que la formatrice nous demandait par avance de lire quelques livres dont celui-ci. Je suis très curieuse de ce que l’on va en faire ! On peut en faire tant de choses tant il y a matière dans ce roman !

 

Brodeck est donc chargé par les habitants de son village de rédiger un rapport sur le meurtre collectif de l’Anderer, un habitant étranger et solitaire qui s’était installé dans leur village et qu’ils ont fini par tuer. Brodeck lui, n’a rien fait, mais il sait écrire, alors c’est à lui qu’on confie cette mission. On découvrira peu à peu pourquoi les hommes se sont acharnés sur l’Anderer, tout comme l’on découvrira l’histoire de Brodeck.

Claudel a une façon si particulière de dire l’indicible : dans un détachement total, Brodeck raconte l’horreur des camps de déportés dont il est revenu, la délation au village, le drame enduré par sa femme pourtant restée au bourg, la peur, la culpabilité, la médiocrité et la petitesse des âmes. C’est un livre sombre qui dit beaucoup de la nature humaine dans ce qu’elle a de plus bas, mais aussi de plus beau, dans l’amour et la confiance, l’intelligence et la bêtise, le tout porté par une écriture somptueuse, simple mais parfaitement adéquate.

 

p. 319 : « Je ne sais pas si l’on peut guérir de certaines choses. Au fond, raconter n’est peut-être pas un remède si sûr que cela. Peut-être qu’au contraire raconter ne sert qu’à entretenir les plaies, comme on entretient les braises d’un feu afin qu’à notre guise, quand nous le souhaiterons, il puisse repartir de plus belle. »

 

Ce roman a eu le Prix Goncourt des Lycéens en 2007.

Il est sorti en poche en 2009.
 

Ed. Stock, août 2007, 400 pages, prix : 21,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Hubert Michel et éd. Stock.

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