Les jardins d'Hélène

Une odyssée - Julien Bouissoux

7 Mars 2007, 21:12pm

Publié par Laure

Cette histoire commence fort, dans un univers complètement loufoque et fantaisiste au jeu duquel on se prend volontiers. Notre héros, rédacteur de slogans publicitaires à la chaîne, rencontre un renne dans sa bonne ville de Besançon. Il l’invite au restaurant puis le ramène chez lui. Mais un renne en appartement, ça fait des dégâts. Notre homme est donc contraint de fuir, avec l’idée de ramener son renne dans le grand nord, non sans causer de nouveaux dégâts dans les hôtels qu’il fréquente avec sa bestiole. Son éditeur (car oui il est aussi écrivain) va le sortir de ses misères en le mettant sur un bateau au Havre, direction l’Amérique. Ayant perdu son renne, notre héros s’attache à une petite fille, et cette complicité de l’enfance leur va bien. Mais bien vite soupçonné à tort de pédophilie, les passagers sont contre lui. Et ainsi de folie en folie douce, notre écrivain noircit des cahiers de poésie, il écrit son odyssée en vers et chemine jusqu’au grand nord, avec ou sans bateau, avec ou sans renne.

Si je me suis amusée dans la première partie du roman, trouvant sympathique cet humour décalé et un rien absurde, j’avoue avoir trouvé toute la partie du voyage en bateau et la fin un peu longues, sans lien entre elles que cette fuite en avant, la mélancolie en bandoulière. Roman surprenant, décalé, je n’ai cependant pas toujours adhéré à la fantaisie de l’auteur, ne réussissant pas à trouver une unité suffisante au récit, mais peut-être ai-je bien trop de mal à me laisser emporter dans l’absurde…

L’Olivier, fév. 2006, 201 pages, 18 €

Ma note : 2,5/5

 

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Rebecca, un film d'Alfred Hitchcock (1940)

6 Mars 2007, 22:05pm

Publié par Laure

Avec Joan Fontaine, Laurence Olivier

Oscar du meilleur film en 1940.

 

J’avoue, j’ai peu d’atomes crochus avec les vieilles choses : je déteste les brocantes et les vide-greniers, les livres jaunis qui puent, les napperons crochetés par des grand-mères qui ne sont pas la mienne, et je n’arrive pas à regarder des vieux films en noir et blanc, même sur support DVD. Bien sûr j’ai conscience que de sacrées bonnes vieilles choses manquent à ma culture, alors parfois je répare les outrages de la modernitude, à petite dose, faut pas abuser non plus m'apprivoiser en douceur.

En achetant Rebecca, je n’avais même pas réalisé que j’achetais l’adaptation cinématographique du très célèbre roman de Daphné du Maurier, celui qu’encensent tous les fans de cet auteur, honte à moi !

Rebecca est le premier film américain d’Hitchcock, après un succès déjà bien établi en Angleterre. Alors qu’elle accompagne l’arrogante Mrs Edythe Van Hopper (jouée par Florence Bates), Joan Fontaine (elle n’a pas de prénom dans l’oeuvre), jeune dame de compagnie timide et un peu gauche, fait la connaissance de Maxim de Winter (interprété par Laurence Olivier), riche veuf en proie à la mélancolie sur les rochers de Monte Carle. Amoureux, il va la demander en mariage et la ramener à Manderley, sa propriété anglaise, encore bien trop hantée par Rebecca, sa première épouse morte noyée. L’installation de la nouvelle Lady de Winter ne va pas être simple, d’autant que la gouvernante, Mrs Danvers, lui est franchement hostile, chérissant le souvenir de la complicité passée avec son ancienne patronne : Rebecca. Jamais une morte ne sera autant présente dans un lieu, au point de faire vite monter une tension palpable auprès de notre jeune et frêle nouvelle épouse. Et si la noyade de Rebecca n’était pas un accident ? Et si Max de Winter n’était pas aussi éploré qu’il le dit ? L’angoisse monte au fil que Joan Fontaine se débat dans son couple malheureux et face à la tyrannie de Mrs Danvers, qui faut-il croire ? Que faut-il supposer ? Jusqu’à la toute fin l’angoisse est maintenue, le mystère vous oppresse et… l’on se dit que vraiment, il faut avoir vu, il faut avoir lu Rebecca !

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Autobiographie - Régis Jauffret

5 Mars 2007, 21:14pm

Publié par Laure

Ne vous y trompez pas, Autobiographie est un roman, et j’ai envie de dire, heureusement. Car ce livre ne peut laisser indifférent, tant il soulève d’horreurs dans la personnalité du héros. Le narrateur, dès les premières pages, demande à sa petite amie de se prostituer, afin qu’il puisse profiter de l’argent supplémentaire qu’elle va gagner. Sans scrupules et sans gêne. Dès les premières lignes on vomit ce personnage, qui va enchaîner, démultiplier jusqu’à l’invraisemblable, les coïts (comme il les appelle) en échange d’une hospitalité. Cet homme est un parasite qui ne veut pas travailler, juste jouir, en avilissant ses partenaires à l’extrême. Tout y passe, avec un crescendo dans l’abject. Les jeunes, les vieilles, les enfants, les bébés, parfois je me suis demandée comment un tel livre avait pu être publié, en ces temps de protection de l’enfance à l’encontre de la pédophilie. Alors il faut croire que c’est de la littérature, pour qu’un éditeur assez fou ait choisi de le donner à lire. Sauf qu’elle vous retourne sacrément l’estomac. Le livre est court, une centaine de pages, ce qui m’a permis d’arriver au bout. Avec l’obsession quand même de comprendre où l’auteur voulait en venir. Je n’ai pas la réponse. Dans le dégoût de ses pratiques relatées, le narrateur inclut la sienne : « il veut s’éliminer comme un déchet », mais il aura fallu d’abord supporter 100 pages d’une sexualité irrespectueuse démultipliée à l’infini. Jauffret provoque, Jauffret choque, c’est noir, sordide, vite, quelque chose de plus léger !

 

Voir le très bon article de Florent Cosandrey sur e-littérature.net

Verticales, mars 2000, 105 pages

Existe en poche (Folio), paru en 2006

Ma note : 3/5

 

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Comme un dimanche ...

4 Mars 2007, 20:19pm

Publié par Laure

Quand arrive le samedi soir, ou plus exactement 17 heures le samedi, il y a cette petite pointe d’exaltation qui revient chaque semaine : c’est le début de mon week-end ! Je ferme la bibliothèque jusqu’au mardi matin, après avoir rangé un peu mon bureau sur lequel s’est accumulée la pagaille des cinq jours précédents. Je ne peux pas m’empêcher d’emprunter quelques romans et magazines avant d’éteindre les ordis, même si je sais bien que j’en ai déjà chez moi bien plus que je ne peux en lire ! Pas grave.

Je rejoins les miens qui ont déjà commencé leur week-end 24 heures auparavant. Je suis enthousiaste à l’idée de tous ces livres que je vais dévorer bien au calme dans mon cocon, et de ces DVD qui attendent sur un coin d’étagère que je leur tende la main. Mais ça ne se passe jamais comme cela, et je ne lis pas plus que les autres soirs de la semaine. D’ailleurs le samedi soir je ne suis jamais bien vaillante, passées 22 ou 23h mes yeux se ferment tout seuls !

Le dimanche matin, un thé devant l’ordi pour la tournée des blogs, et je replonge sous la couette. Au mieux je regarde le bateau livre de Ferney, au pire je me rendors ! Puis je fais tourner des machines (à laver, à sécher, tout ça) et je fais la cuisine. Puis je retrouve mon lit douillet pour un peu de lecture, et généralement une petite sieste d’après-midi. Je ne suis pas bien fière de toutes ces heures passées à dormir quand d’autres vont faire du VTT, cueillir des champignons ou apprendre les noms des arbres à leurs enfants, mais je crois que j’en ai tout simplement besoin. Parfois aussi je fais du repassage ou je vais au parc avec les filles (mon grand préfère son ordi !), mais pas toujours. Puis revient la boucle des repas, et tout ça.

Le lundi normalement commence mon deuxième jour du week-end, votre dimanche à vous. Comme tous les autres jours de la semaine, je mets le réveil à 6h45 et j’emmène les enfants à l’école (à 8h45, pas à 6h45, hein). Je pars faire les courses et toutes ces tâches liées à la maison et je case les rendez-vous chez le dentiste ou ailleurs. A 16h45, je récupère les enfants, c’est le seul jour où je peux le faire. Sauf quand je suis en stage. Demain matin à 5h30, je repars pour 3 jours dans la médiathèque qui penche. Fini la poldoc, cette fois je pars pour « littérature et petite enfance ». La nounou s’occupera des enfants, et comme en ces temps fragiles de divorce j’ai plus que jamais besoin d’eux, je ferai le trajet matin et soir. Ce n’est pas pire que ce que vivent des milliers de Parisiens chaque jour, pour y avoir vécu, je connais. Je risque juste d’arriver trop tard pour faire des courses en rentrant le soir, alors on mangera des nouilles et ce qu’on trouvera dans les placards. Et je vais travailler ainsi tous les lundis de mars. Bien sûr ces lundis s’inscriront sur un compte « récup » que je ne pourrai sans doute pas poser avant cet été, la faute à mon emploi du temps verrouillé par tous les accueils de classes bi hebdomadaires.

Aujourd’hui j’ai passé mon dimanche à rien faire. Juste dormir et lire le combat d’hiver de Mourlevat, cuisiner (à peine) et faire tourner des machines. J’ai laissé les enfants s’occuper seuls ou avec leur père. Et quand arrivent la soirée et le réveil à reprogrammer, je culpabilise de ce « rien fait ». Et bien sûr quand arrive le dimanche soir, ou le lundi soir quand mes week-ends ne sont pas amputés, je n’ai jamais lu que le dixième du quart de ce qui m’avait fait frémir de plaisir espéré en fermant la porte du bureau. On n’a jamais assez d’une vie !

 

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La bicyclette rouge - Kim Dong Hwa

28 Février 2007, 23:01pm

Publié par Laure

La bicyclette rouge est un manwha : une bande dessinée coréenne, et Kim Dong Hwa une référence dans ce domaine. La bicyclette rouge, c’est celle du facteur, qui fait le lien chaque jour entre les habitants du village de Yahwari. Plus qu’un porteur de courrier, c’est un doux rêveur philosophe et poète à ses heures, qui aime admirer la nature, les arbres et les petites fleurs, et rendre service à ses semblables. Il a toujours un mot gentil pour ceux qui l’attendent, une attention délicate ou une oreille attentive aux petites souffrances de chacun, il n’hésite pas à transporter des petites marchandises pour faire le lien entre les gens éloignés, bref : il est humain.

Dans le tome 1, Yahwari, on fait connaissance avec cet univers, et son dessin très délicat,  aux teintes pastels, offrant une large place aux paysages. Dans ce village, les adresses ne comportent pas de numéros ni de rues, le courrier est adressé à « la maison que l’on voit entre deux pins siamois », « la maison aux nombreux chiens », « la maison jaune dans la verdure », etc. Les habitants sont pour la plupart âgés, veufs, et reçoivent peu de visite. Le facteur est donc un personnage essentiel. Le tome 2, les roses trémières, est axé sur les saisons – et toujours la vie quotidienne des habitants – mais les saynètes sont construites sur le déroulement de la nature : on voit les arbres et les paysages changer, printemps, été, automne, hiver, notre facteur est plus en retrait. On retrouve nos habitants ridés et occupés à la terre, leur solitude et leurs rares visites riches en émotions.

Il existe un tome 3, mais je ne l’ai pas encore.

J’ai été un peu surprise par cette BD. Elle est intimiste, tout en douceur et en poésie, mais vraiment naïve, peut-être un peu trop ? (Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil et vivons heureux dans ce monde bucolique, ça fait du bien, mais c’est pas vraiment réaliste !) Pourtant on se laisse prendre au charme, parce qu’un peu de douceur, au fond, ça ne fait jamais de mal, et on se cale bien au chaud d’un fauteuil ou d’un lit dans cette bulle de simplicité et d’humilité.

 

Edit du 24 mars 2007 : Je viens de lire le tome 3, les mères, que je trouve tout à fait dans la continuité des précédents, mais je me lasse un peu : peu de renouvellement. On retrouve notre facteur à bicyclette rouge, personnage phare mais un peu en retrait, qui laisse davantage la place aux petits vieux et petites vieilles ridés du village. Toujours occupés à travailler la terre, à se chamailler, à attendre leurs enfants ou petits enfants, la vie à la campagne est toujours aussi propice à la douceur et éloignée des modes et turbulences de Séoul. On sourit souvent aux petites querelles du vieux couple, les saynètes sont toujours aussi simples et "natures" avec une part profonde aux émotions et à la difficulté de la solitude. Des tranches de vie tout en douceur, mais je ne suis pas certaine de lire le tome 4 !

 

Série découverte grâce à Cathe.

Sylvie en parle très bien sur passion des livres

Et Chimère (à livre ouvert) aussi…

Ed. Paquet, 2005 et 2006,  prix : 9,95 € chaque volume.

Ma note : 4/5 

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On n'empêche pas un petit coeur d'aimer - Claire Castillon

27 Février 2007, 15:21pm

Publié par Laure

Grosse déception que ce nouveau recueil de Claire Castillon qui m’avait enchantée avec Insecte. Ici, une thématique : le couple et l’amour. Des nouvelles toujours aussi mordantes, courtes, incisives, sadiques, flirtant avec la folie, sans tabous, mais hélas, tout est si vite… répétitif ! Un recueil qui aurait dû s’appeler infect, nous dit-on, car c’est vrai qu’ils le sont, infects, ses personnages.

 

Je n’ai aimé que les deux premières nouvelles du recueil : la première, qui porte le titre du livre, et la seconde « gratin ». Tout le reste n’est que déclinaison plus ou moins réussie du grain de folie sur un même thème de cette jeune auteure. Mon enthousiasme admiratif du précédent volume s’est envolé. Dommage, le titre était joli.

Fayard, janv. 2007, 156 p. ISBN 978-2-213-63059-5, prix : 14 €

Ma note : 2/5

 

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La mariée mise à nu - Nikki Gemmell

26 Février 2007, 15:12pm

Publié par Laure

Ah le mariage, ce contrat si délicat !

Ce livre est loin d’être aussi sulfureux que les annonces faites autour de sa sortie ont bien voulu nous le faire croire ! D’abord publié anonymement (l’auteur ne se sentait pas libre d’écrire tout ce qu’elle avait à dire si son nom devait apparaître sur la couverture), ce roman nous propose un prétendu journal intime d’une épouse de 36 ans, qui découvre un jour que son mari la trompe (du moins le croit-elle) et qui réalise alors que de toute façon, sexuellement, elle n’était pas épanouie avec lui. Elle libère donc ses fantasmes à travers des rencontres érotiques et adultères. Oh, rien de bien licencieux, on lit bien pire si l’on se tourne vers la littérature dite érotique. Alors pourquoi une telle crainte de la part de l’auteur : il ne s’agit pas d’un récit autobiographique, mais d’un roman, non ?!

J’ai aimé les nombreux revers de l’histoire : quand on pense s’ennuyer dans un tournant ronronnant, l’auteur a su rebondir en réorientant totalement son personnage (je n’en dis pas plus, il faut bien laisser quelques surprises à la lecture !). On trouvera de très belles pages sur la maternité et sur cet amour maternel qui vous envahit sans condition et sans que votre volonté y soit pour quoi que ce soit. La fin reste énigmatique, au lecteur de se faire son scénario. (Pour ceux qui me lisent régulièrement, ce n’est pas le genre de fin que je préfère !)

En conclusion, un roman sympathique qui se lit tout seul, mais n’allez pas faire croire à un homme qui le lirait qu’il saurait tout ainsi du fonctionnement secret des femmes !

Traduit de l’anglais (Australie) par Alfred Boudry

Au diable Vauvert, déc. 2006, 356 p., prix : 22 €

Ma note : 3,5/5

 

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Mosquito version bis !

24 Février 2007, 21:39pm

Publié par Laure

Elle n'en finit pas d'avoir 6 ans :-))

Aujourd'hui, c'était goûter avec ses copines, cadeaux en pagaille, marbré au chocolat et tarte aux pommes maison. 

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La mémoire des murs - Tatiana de Rosnay

23 Février 2007, 11:05am

Publié par Laure

Je poursuis ma découverte des romans de Tatiana de Rosnay, même si je crois à présent qu’il va être difficile de faire plus fort que Elle s’appelait Sarah. D’ailleurs, c’est amusant, la mémoire des murs préfigure Sarah, de par ses thèmes et quelques passages, sur le Vel d’Hiv entre autres.

Pascaline, fraîchement divorcée, s’installe seule dans un nouvel appartement. Très vite elle s’y sent mal. Elle apprend qu’une jeune femme y a été violée et tuée quelques années auparavant. Elle s’informe sur ces meurtres en série où de nombreuses jeunes filles ont subi le même sort. Elle va éprouver le besoin d’aller visiter ces lieux, car elle ressent « la mémoire des murs ». Mais cela fait remonter en elle des douleurs enfouies : le divorce d’avec Frédéric, dont elle n’est pas guérie, elle ne peut supporter de le voir heureux avec une nouvelle compagne, et de les voir attendre une petite fille, alors qu’ils ont perdu ensemble un bébé il y a 15 ans, une petite fille décédée à 6 mois de la mort subite du nourrisson.

J’ai aimé : les personnages actuels créés par l’auteur, si ancrés dans la vie telle qu'elle est. (Hélas, bien trop semblable à la mienne !)

J’ai moins aimé : le côté « parapsychologie ou légèrement surnaturel » du ressenti physique de la mémoire des lieux (c’est comme ça, moi je n’y crois pas), et la fin : comme dans Spirales, elle arrive beaucoup trop vite, et si une phrase laisse imaginer ce qui va advenir, c’est au lecteur de se faire son film, et ça ça m’agace : j’aime les fins fermées, où l’auteur écrit réellement ce qu’il a choisi de faire vivre à ses personnages !

Donc à mon goût, pas le meilleur de l’auteur, même si le démarrage « thriller » est assez prenant, il s’essouffle vite, mais à lire parce qu’il contient la genèse du dernier paru : Elle s’appelait Sarah.

 

 (enfin, à paraître le 1er mars chez Héloïse d'Ormesson).

 

Pocket, juillet 2005, 138 pages, 5 €

Ma note : 3/5

 

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Le passage à niveau - Philippe Routier

23 Février 2007, 10:32am

Publié par Laure

Premier roman.

Si comme moi vous avez un proche qui travaille à la SNCF, qui plus est à la traction (les conducteurs ou l’encadrement de ceux-ci), ce livre vous sera familier, car le vocabulaire propre à l’entreprise y est partout. Et si vous ne connaissez rien aux foyers de roulants, aux grèves légendaires, aux découchés et à la croix de Saint-André, ce livre peut vous parler quand même. C’est l’histoire de Guillaume, trentenaire, qui vit en couple avec Alice. Il est aiguilleur. Mais Alice n’en peut plus de le voir travailler en 3-8, d’être absent de longues nuits. Elle le pousse à passer conducteur, pour le prestige du métier, pour les primes assurées, pour le travail en 2-8 qui lui rendra son homme plus présent. Guillaume cède à contre cœur.  Quand, au passage à niveau non protégé, le TER qu’il conduit écrase et traîne sur 800 mètres une 405 vert céladon avec 3 personnes à bord, dont une fillette, sa vie s’arrête. Statistiquement, « l’accident de personne », c’est ainsi qu’on nomme les suicides ou les accidents de ce type, a 2 chances sur 3 d’arriver à un conducteur dans sa carrière. Il y a des cellules de crise « accompagnement psychologique », mais cela suffit-il à vous faire oublier le drame ? Guillaume n’est en rien responsable de l’accident, il a fait tout ce qu’il a pu quand il a vu la voiture engagée, mais on n’arrête pas un train en une fraction de seconde. Alors il culpabilise, se sent responsable. Ce retour sur soi est un moment aussi pour faire le bilan de son couple qui va à vau l’eau, et en échangeant avec un proche de la famille décédée, il va connaître la cause première de l’accident, dans lequel il n’est pour rien.

Banal dans le sujet, ce roman touche néanmoins par la volonté de sa compagne à gérer la vie de Guillaume à sa place, mais jusqu’où peut-on décider à la place de l’autre ce que sera sa vie ? Un roman triste, mais qui sonne juste.

Stock, août 2006, 157 pages, 15 €

Ma note : 3,5/5

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