Les jardins d'Hélène

Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary - Philippe Doumenc

4 Septembre 2007, 05:29am

Publié par Laure

contre-enquete-eb-doumenc.jpgYonville l’Abbaye (Normandie, France), le 24 mars 1846 à deux heures de l’après-midi, Emma Bovary, 25 ans environ, décède par empoisonnement à l’arsenic. Aux deux médecins appelés à son chevet, le docteur Canivet et le professeur Larivière, elle a le temps de dire : « assassinée, pas suicidée ». Et comme chacun sait (nous dit le roman), en une seule prise, l’arsenic n’est presque jamais mortel. De plus, elle a des traces d’ecchymoses ici et là. Le commissaire Delévoye et son jeune assistant Remi, dépêchés de Rouen, vont mener l’enquête. Et l’on retrouve ainsi tous les personnages du roman de Flaubert, une belle flopée de suspects !

Tout le talent de Philippe Doumenc est d’avoir su retrouver cette écriture flaubertienne, un style fidèle et délicieux. Le lire est un régal ! Certes il prend quelques fantaisies libertines, attribuant notamment à Homais une fille de 16 ans quelque peu aguicheuse, il replace dans le contexte le jeune Flaubert, tout cela est très plaisant ! A lire donc comme un excellent exercice de style, qui ne vous donnera qu’une envie, relire Madame Bovary (pour ma part, ma dernière lecture remonte 1) au lycée 2) à la fac où en cours de littérature comparée j’étudiais l’adultère dans le roman à travers Flaubert, Tolstoï (Anna Karénine), et Theodor Fontane (Effi Briest), sans doute mes meilleurs souvenirs de cours par la magie d’une jeune professeur passionnante !)

 

Actes Sud, mai 2007, 186 pages, prix : 18 €

Ma note : 4/5

Crédit photo couverture : éd. Actes Sud et Amazon.fr

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La fille du docteur Baudoin - Marie-Aude Murail

3 Septembre 2007, 05:25am

Publié par Laure

fille-docteur-baudoin.jpgAttention, gros coup de coeur en vue ! Il y a une richesse incroyable de pistes à explorer dans ce roman (dit « pour ados ») de Marie-Aude Murail.
Violaine Baudoin, 17 ans, vit au sein d'une famille aisée et sans problèmes. Son père est médecin, sa mère dirige un laboratoire d'analyses médicales. Son frère vit sa vie d'ado et sa petite sœur Cerise est craquante comme beaucoup de gamines. Parce qu'elle n'a pas voulu passer pour une fille « coincée », Violaine se retrouve enceinte d'un garçon dont elle n'est pas amoureuse. A qui se confier ? Sa meilleure amie, Adélaïde l'aide et l'accompagne dans ses démarches. Parce qu'elle ne peut se confier à son père, elle se rend au planning familial où elle rencontre par hasard l'associé de son père, le jeune Vianney Chasseloup, généraliste humaniste qui nous rappelle sans hésiter le docteur Sachs, de Matin Winckler. Même plaisir de lecture dans les narrations de consultations : le jeune Vianney qui écoute et prend son temps et se contente souvent d'une dose de bon sens en guise d'ordonnance, le docteur Baudoin aguerri qui soigne à coup d'analyses à faire au labo de sa femme bien sûr, et d'ordonnances inutiles de médicaments fourgués par la jolie visiteuse médicale.
Bref, des tas de pistes, vous disais-je : un regard juste sur la médecine et ses travers, le résilience du Dr Chasseloup qui se sort d'une enfance atroce, les soucis sérieux d'une adolescente à l'heure du choix (IVG ou pas), les relations amicales, amoureuses aussi, les relations complexes avec les parents, etc. Et tous ces personnages sont attachants. Tantôt très mature et responsable, Violaine affronte avec courage ses soucis, avec des réflexions très pertinentes, tantôt encore dans l'enfance ou juste en train d'en sortir, elle a des préoccupations bien naturelles d'adolescente. Un très très bon roman, que je n'ai pu lâcher avant la fin. Un seul bémol : l'histoire d'amour finale me semble inutile et d'ailleurs peu crédible, mais sans doute ajoute-t-elle au romantisme attendu par la lectrice un peu midinette, l'adolescente pas encore femme et plus tout à fait enfant. Bref, un « livre jeunesse » d'une grande intelligence, bien fichu du point de vue de l'histoire, et qui se dévore tout seul. Les jeunes filles (et les vieilles mères de famille !) en redemandent !

A proposer dès 13-14 ans, aux filles de préférence...

EDL, coll. Medium, sept. 2006, 260 pages, prix : 10,50 €
Ma note : 4,75/5
Crédit photo couverture : L’école des loisirs et Amazon.fr

 

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Désolation et destruction - Sophie Tasma

2 Septembre 2007, 09:54am

Publié par Laure

desolation-et-destruction.jpgEmma est une jeune adolescente de 14 ans qui vit seule avec sa mère, depuis le départ de son père après une aventure adultère. Emma est une enfant sage, très bonne élève, assez renfermée. Elle se raccroche à son souvenir du bonheur familial passé dans la maison, à sa relation fusionnelle avec sa mère, aux visites annuelles à la grand-mère italienne. Son seul ami est son professeur de gymnastique, un être sombre et renfermé, une relation simple entre deux êtres solitaires ; il a la vingtaine et ils ne se voient que dans des cafés ou des lieux publics, pour ne pas être accusé de détournement de mineure.

Tout bascule dans la vie d’Emma quand arrive le nouveau compagnon de sa mère, Harris, avec sa fille Hélène, âgée de 16 ans. Hélène est une ado dévergondée à l’opposé d’Emma, mais elle souffre surtout d’avoir perdu sa mère dans un accident de voiture et de ne s’en être jamais remise.

Le poison s’instille lentement, une relation perverse va naître entre les deux jeunes filles, la folie de l’une perturbant la fragilité de l’autre.

Un court roman pour deux portraits d’adolescentes tout en délicatesse, auquel une violence sourde n’échappe pas. Deux adolescentes très différentes mais chacune avec ses fantômes et « perdue » dans la vie. Le personnage de Virgile ajoute au drame de l’histoire. Deux portraits très bien vus, tout deux dans la douloureuse réalité de la vie.

 

Ed. de l’Olivier, sept. 1997, 142 pages, prix : 13,57 €

Ma note : 4/5

Crédit photo couverture : éd. L’Olivier et Amazon.fr

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Pension alimentaire - Eric Neuhoff

1 Septembre 2007, 16:34pm

Publié par Laure

pension-alimentaire.jpgLe narrateur est un éditeur de romans étrangers dans une grande maison, qui connaît bien ce petit monde germanopratin à l’ego démesuré dont la vie tourne autour des ragots de bistrots bien célèbres. Il divorce de sa deuxième épouse, Camille, à peu près au même moment qu’il perd son père. Mais ce qui est insupportable pour lui, plus encore que le manque de ses deux fils Oscar et Hector, c’est d’apprendre, deux ans plus tard, que leur mère vit avec son ex ami Pierre Maurin, un individu aussi vulgaire que peu fréquentable. L’essentiel du livre consiste d’ailleurs à dresser un portrait de ce quinqua qui travaille dans la pub, « Monsieur Vingt Briques Par Mois », un type imbu de lui-même, qui se moque de tout et de tous, et qui ne vit que par et pour l’alcool et la baise tarifée. Les vomissures et les boîtes à partouze, ça va on a compris, dommage que l’auteur soit aussi répétitif là-dessus. Une façon sans doute de montrer combien ce « gros porc » (il n’y a pas d’autre terme) n’a rien à faire dans la  vie de ses deux gamins. Qui dit divorce dit souvent relations conflictuelles avec l’ex, et pour un homme, il n’est souvent plus rien d’autre qu’un payeur de pension alimentaire. Prends les insultes en pleine poire mais n’oublie pas de payer le premier du mois. Les pages sur ce que ressent cet homme à la perte de ses enfants, sur la fin de son couple et sa solitude toute neuves sont rares, mais sonnent justes. Avant d’acheter ce livre, je ne sais plus où j’avais entendu que les propos de ce livre sont si caustiques et virulents qu’ils sont certainement authentiques. Alors autobiographique ou non ? A vrai dire peu importe, tant les mots personnels sont universels, quand il s’agit de dire la fin d’un amour et la douleur de voir ses enfants élevés ailleurs par une ex qu’on ne reconnaît plus. Je regrette simplement que ces pages excellentes soient rares, au profit d’une description toujours plus vile de cet ex ami qui le remplace. J’y vois une volonté  pour le narrateur dans ce portrait sordide et sans pitié une ultime volonté de ne pas sombrer, de ne pas devenir comme lui : pour un homme qui divorce, l’alcool et le sexe ne sont-ils pas des remèdes faciles aux désillusions de l’échec ?

Face à cet étalage de secrétions et débordements du corps, les propos du narrateur en souffrance n’en ont que plus de valeur. Dommage toutefois que la fin tombe un peu vite. On se surprend aussi souvent à penser qu’il y a une vie en dehors de ce parisianisme nombriliste, et sur ce point, le livre est agaçant. Et quand je lis tous ces verres aux Deux-Magots, chez Lipp ou à la Closerie (des Lilas), j’ai l’impression de lire le blog des 3 compères. Restons naïfs et feignons de croire que la littérature n’est que du plaisir donné au lecteur, et non des dégueulis d’huîtres au champagne trop chèrement payés pour caser untel à l’émission de tel autre, ou arracher tel poulain à l’éditeur voisin. Tiens, Neuhoff serait-il des trois ?

Donc, un livre sur le divorce, à condition de le lire entre les lignes !

 

p. 12 « On dit que les gens changent. C’est une façon de signifier que les maris se lassent de leur femme et vice versa. »

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Albin Michel, août 2007, 134 pages, prix : 12,50 €
Ma note : 3,5/5
Crédit photo couverture : éd. Albin Michel et Amazon.fr

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Fantaisie sur l'échafaud

30 Août 2007, 12:35pm

Publié par Laure

- Hélène et le Wifi : parfois, Hélène fait des trucs cons, comme tout le monde. Au lieu de continuer à se transformer en homard sur la plage ensoleillée, elle interrompt la cuisson pour faire le geste stupide : ouvrir son portable sur un hot spot wifi. Wouah ! Il pleut des emails ! Du coup, ça rafraîchit.

- Hélène a un QI de moule : « vous n’avez rien compris au dernier J***-P*** B*** ! » lui écrit-on. Ah ben oui,  peut-être, mais Hélène n’a jamais prétendu qu’elle avait la science infuse.

- Hélène a enfreint la loi (que nul n’est censé ignorer) : - euh, quelle loi ? « L’écrivain chouchou tu aduleras » - Ah… euh… c’est quoi un écrivain chouchou ? C’est un romancier (possible au féminin) qui laisse des petits mots gentils sur les blogs, ou par extension, toute personne liée au Royaume éditorial qui dit du bien des blogueuses sur un espace public. – Ah… euh… il est publié où cet article de loi ? Il est intrinsèque, voyons, Hélène, tu vas pas chipoter ! La vindicte populaire a parlé : guillotine en place publique.

Epilogue : Hélène n’a plus de tête (comme elle n’avait qu’un QI de moule, elle n’a pas perdu grand-chose) mais elle a gagné mieux : la liberté.

Et dans la pluie de mails, Hélène a oublié de remercier la journaliste qui l’informe qu’elle l’a référencée sur un grand site féminin en 2 petites lignes : « des notes de lecture directes et franches et un humour qui fait mouche, pour découvrir des livres en tout genre »

Hélène s’en retourne au soleil et jure un peu tard qu’on ne l’y prendra plus : le wifi est interdit en vacances, sous peine de nuit d’insomnie.

- Hélène rédige une nouvelle charte (déformation poldocienne) :

Ø      Des auteurs étrangers tu liras : le temps que leur agent  littéraire aille à la pêche et traduise, on a des litres de moules devant nous.

Ø      Des auteurs morts tu liras : ah non, ils ont des ayant droits, et certains mordent très fort !

Ø      Comme toujours tu continueras, parce que sinon ça n’a plus aucun sens. Ou comme Cuné tu arrêteras.

Retourne à tes moules Hélène, et n’oublie pas les frites.

 

(Longeville-sur-Mer (85), 29 août 2007, 3h30 – 4h du matin.)

 

 

 

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J'apprends - Brigitte Giraud

28 Août 2007, 17:07pm

Publié par Laure

j-apprends.jpgNadia apprend… Elle apprend à lire à l’école primaire, elle apprend la vie quotidienne et le racisme dans la cité, on la suit jusqu’au collège. On essaie aussi de comprendre pourquoi elle vit avec « celle qui n’est pas [sa] mère ». L’Algérie en ombre de fond… Souvenirs tout simples qui « parleront » bien aux 35-45 ans, j’ai souvent eu l’impression d’avoir fréquenté la même école qu’elle. Bel hommage soit dit en passant, à cet « ascenseur social » qui ici a bien rempli sa mission et d’éducation et d’épanouissement. Un texte simple régulièrement émaillé de petits poèmes, de ceux qu’on apprenait à l’école… Pourtant au bout d’un moment on s’en lasse un peu. Le charme n’opère plus. Mais en poche à petit prix, c’est une petite madeleine qu’on peut s’offrir sans hésiter.

 

Elles l’ont lu : Cuné,  Cathulu  et Clarabel ...

 

Stock, août 2005, 156 pages, prix : 15 €. Existe en poche (5 €)

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : Le livre de poche et Amazon.fr

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Vacances !

25 Août 2007, 05:26am

Publié par Laure

tongs-rayees.jpg                     OU                 parapluie.jpg ??



Maintenant que j’ai assuré l’intérim tout l’été (32 articles en juillet, 22 au 25 août, on va dire que c’est pas si mal), je vous abandonne sans scrupules pour aller patauger dans l’océan et patouiller sur les plages du sud...Vendée ! A moi le premier soleil de l’été (ahem) ou toujours le k-way de rigueur, de toute façon ça ne pourra pas être pire que les 2 mois qui viennent de s’écouler. Oui, je vis au nord de la Loire, ce qui s’est traduit par un 19° maxi, et la seule fois de tout l’été où j’ai mis le linge à sécher dehors, il a fallu que je le réessore. 
 

Au retour et bien, c’est pas original, mais ce sera la rentrée scolaire, et la mienne avec un mois de septembre professionnel très chargé. Sans compter que le 13 septembre, je change de case, je transporte mes cartons mes mômes et mes bestioles dans une maison miniature à 1 km d’ici. Même boulot d’ailleurs que si je partais à l’autre bout de la France.  

Il risque donc d’y avoir des interruptions involontaires de programme, blogueuse surbookée ou techniques numériques en attente.

D’ici là, lisez bien, et faites le tri pour moi dans ce grand bal qu’est la rentrée littéraire !

Retour prévu le 2 septembre.

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This is not a love song - Jean-Philippe Blondel

24 Août 2007, 03:22am

Publié par Laure

result.png D’emblée, que l’auteur me pardonne. J’ai aimé tous ses précédents romans, certains m’ont bouleversée, et je suis bien la première désolée de ne pas avoir été subjuguée par ce dernier. Ce sont tout simplement des choses qui arrivent… et ça n'engage que moi !

 

this-is-not-a-love-song.jpgPeut-on aimer un roman dont tous les personnages sont haïssables ?

Vincent, la quarantaine, marié et père de deux fillettes, dirige la chaîne de restaurants les cafés bleus, en Angleterre, où il vit désormais. Joli revers à son adolescence de loser. 
Susan a besoin de faire un break, pas de le quitter non, juste respirer. Elle l’envoie donc passer une semaine en France, chez ses parents. L’occasion pour Vincent de revoir son frère Jérôme, sa belle-sœur Céline, ses amis de jeunesse, Etienne, Olivier, et Fanny, son ex…

Vincent est le modèle parfait du mec à baffer : arrogant, imbu de lui-même, prétentieux, vulgaire, mais à force de traiter tous les autres de beauf, on l’est  bien davantage soi-même non ? Jusque là, je n’ai pas trop vu où l’auteur voulait en venir. (Euh plus loin non plus d’ailleurs). Descendre en flèche la médiocrité de son passé. Jouer les durs pour taire la faiblesse ?

Malgré tout, retrouver Etienne, le meilleur ami, l’ex colocataire pendant 9 ans, celui qui a tant fait jaser. Vincent nie l’homosexualité, sans en avoir démenti la rumeur, cultive le plaisir du trouble, ambigu. Il dit non mais il en crève d’envie. Pas clair avec son désir. Dix ans après, Etienne est introuvable, les copains sont évasifs et la belle-sœur qui se débat avec sa stérilité se dévoue : viens Vincent, faut que je te parle. La descente en misère d’Etienne, l’ascension du riche pendant que le pauvre se meurt. Est-on responsable pour autant de ses amis quand on ne les voit plus ? Alors à défaut d’avoir baisé Etienne, Vincent baise sa belle-sœur. Là encore, c’est trouble, ambigu, ça se veut violent, c’est seulement pathétique.

p. 198 : « Papa est en haut qui fait du gâteau. Maman est en bas qui fait du chocolat. Le grand frère et sa belle-sœur sont à la cave et baisent dans les betteraves. » Il a fumé quoi Blondel pour écrire ça ?

Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans ce roman. Peut-être parce que Blondel a voulu jouer à ce qu’il n’est pas, un mauvais garçon ?

La presse nous annonçait un roman différent, plus dérangeant. On y retrouve ses fantômes : le trio amoureux sous une forme ou une autre, l’homosexualité latente, mais au lieu de les traiter avec finesse et sensibilité comme dans ses précédents romans, il a fait jouer les gros durs à ses personnages : on cherche midi à quatorze heures et on finit par baiser vulgairement pour étouffer ses démons, au lieu de les affronter. Non, this is not a love song.

 

Quelques mots de l’auteur : sur le site de Robert Laffont


Robert Laffont, août 2007, 211 pages, prix : 18 €

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : éd. Robert Laffont

 

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Ether - Franck Resplandy

23 Août 2007, 07:31am

Publié par Laure

ether-resplandy.jpgRecommandé par Tatiana et par Cuné (de vive voix!), Ether est un roman un brin dérangeant et un peu détonnant. Un peu seulement, car je reste mitigée après ma lecture. Pas d’emportement explosif !

Dans le nord des Corons et des mines désaffectées, une infirmière en cancérologie fait la rencontre d’un photographe parisien par hasard, alors qu’il vient faire soigner à l’hôpital une légère blessure. Elle l’invite chez elle et sans plus d’ambages, il abuse violemment d’elle. Contre toute attente cet outrage la trouble et annonce le début d’une relation décalée où elle se laisse aller au plaisir des sens tout en espérant s’attacher réellement cet homme plutôt solitaire et fuyant. Le roman court au drame et son atmosphère en est palpable. La vie de l’infirmière est morose et effacée, un ex mari pas complètement sorti de sa vie, un père polonais mort de silicose, les pages sur les diagnostics des patients cancéreux en fin de vie sont difficilement soutenables, et le final inéluctable. Néanmoins, plusieurs bémols : l’alternance des rendez-vous d’amour et de la solitude forcée par la nonchalance de l’amant est un peu répétitive, vers le milieu du livre, on tourne un peu en rond et espère un rebondissement qui nous sorte de cette torpeur. Il finit par arriver, mais quand alors il tente de s’expliquer par le passé de l’héroïne et son drame de l’enfance (je vous laisse découvrir, je ne vous dis pas tout !), là on a envie de crier stop : c’est un peu trop facile et déjà tellement lu et relu ! Tous ces drames de l’existence qui s’expliquent par la même origine dans l’enfance, ça manque cruellement d’originalité ! Donc oui, un roman intéressant, mais qui ne remporte pas ma totale adhésion. 
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Et si quelqu’un pouvait m’expliquer ce passage de la page 226 : « elle a fait quelques pas encore, bousculée par les uns, évitée par les autres, puis, au bord de crier ou de perdre connaissance, elle s’est glissée dans une cabine téléphonique et l’a appelé. Il fallait juste qu’elle l’entende, qu’elle entende sa voix. Lui seul lui donnerait la force de continuer, d’aller jusqu’au bout. » Elle appelle qui ? Je sais bien qu’à une heure du matin j’ai un peu de mal à percuter, mais j’ai beau relire autour, je ne comprends pas. Pas l’amant, c’est techniquement impossible dans son état. Pas le père, il est mort. L’ex mari : pourquoi ? Je suis perdue !

 

Plon, août 2007, 234 pages, prix : 18,50 €

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : éd. Plon.

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Le désir d'amour - Dieter Wellershoff

22 Août 2007, 04:51am

Publié par Laure

Traduit de l'allemand (mais on ne nous dit pas par qui !!)


d--sir-d-amour.jpgLeonard revient sur les lieux du suicide de sa femme qui a eu lieu quelques années auparavant… Le narrateur revient sur la naissance du couple Anya – Leonard, qui s’est formé par hasard chez un couple d’amis, Paul et Marlene. La première moitié du roman est prenante et bien construite : une fine analyse psychologique des personnages, une jeune épouse délaissée, un désir d’amour fort qui s’assoiffe en vain. Où va mener cette souffrance intime ? Ces deux couples étroitement liés vont s’emmêler et se dénouer, l’herbe est-elle plus verte quand elle a un goût d’adultère ? Puis le roman s’essouffle, il y a à mon avis un bon quart de trop sur ces 400 pages. A tel point que j’ai abandonné ce livre dans un coin à 80 pages de la fin, plusieurs semaines avant de le finir, sans envie, juste parce que « si près du but c’était dommage », mais l’issue de toute façon, on la connaît dès les premières pages (le suicide). Donc oui, moyen. Un peu plus ramassé, et il aurait fait un très bon roman psychologique.

 

L’avis de Miss Clarabel 

Ed. de Fallois, 2002, avril 2004 pour le livre de poche, 411 pages, prix : 6,95 €

Ma note : 2,5/5

Crédit photo couverture : Le livre de poche et © Johannes Hüppi, via Amazon.fr

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