Les jardins d'Hélène

Mon vieux et moi – Pierre Gagnon

29 Février 2024, 15:09pm

Publié par Laure

Le narrateur, jeune retraité, « adopte un vieux », en accueillant chez lui Léo, un vieil homme de 99 ans, qu’il rencontrait au centre d’hébergement quand il visitait sa tante.

p. 10 : « Un bonheur paisible, ici, chez moi, avec celui que j’aimerai comme mon enfantn sabs avoir à l’éduquer. La voilà, ma retraite ! »

Vous imaginez bien qu’à cet âge, il faut s’organiser, aménager sa maison et faire le plein de couches (oui ce n’est pas glamour, les vieux), et s’adapter aux troubles cognitifs.

Cette novella offre une parenthèse de tendresse et de bienveillance, ces mots galvaudés qui pourtant transparaissent à travers le texte. Emprunté au hasard d’une étagère labellisée « facile à lire » à la bibliothèque, c’est un joli texte, de ceux qui font du bien, qui sont honnêtes et réalistes. C’est déjà beaucoup pour si peu de pages.

 

p. 48 : « Léo est devenu vieux. Les vieux oublient, s’étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n’en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu’on serait tenté de les engueuler à note tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n’a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s’emmerdent, souhaitent mourir et n’y parviennent pas… »

p. 72 « Je n’améliore pas la condition de Léo, je le sais, mais je ne l’aggrave pas non plus. C’est mon serment d’Hippocrate. »

 

 

J’ai lu, janvier 2012, 78 pages, prix : 4,50 €, ISBN : 978-2-290-03560-3

 

Crédit photo couverture :  © Michael Martin / Corbis © éditions J’ai lu

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Je suis leur silence : un polar à Barcelone – Jordi Lafebre

28 Février 2024, 11:44am

Publié par Laure

Traduit de l’espagnol par Geneviève Maubille

Eva Rojas est psychiatre, mais pour conserver son poste, elle doit se faire évaluer par un collègue, car il semblerait qu’elle ait un comportement incompatible avec son travail. C’est donc dans le cabinet du Dr Llull qu’elle va raconter sa dernière semaine, et comment elle fut soupçonnée de meurtre.

Une riche famille de viticulteurs, des secrets à protéger, et une personnalité hors du commun pour Eva, qui vit si bien avec ses morts, ces 3 femmes qui lui parlent au quotidien.

Un scénario classique mais enjoué, une construction intéressante : deux récits et temporalités qui s’imbriquent parfaitement et un humour discret et omniprésent, qui aurait osé créer une policière sosie d’Angela Merkel que l’on considère avec tendresse ?

Si j’avais émis des réserves sur son opus précédent (Malgré tout, véritable best-seller) que je trouvais trop feel-good et convenu, j’ai trouvé plus intéressant ce scénario touche à tout : au polar et à la comédie, à l’humour, à la famille, et aux troubles psychiques. Une belle lecture.

 

 

Dargaud, octobre 2023, 109 pages, prix : 19,99 €, ISBN : 978-2-5051-1977-7

 

 

Crédit photo couverture : © Jordi Lafebre et éd. Dargaud

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Retour sur mes lectures 2023

19 Février 2024, 17:40pm

Publié par Laure

@Claudia Wolff - unsplash.com

Faire un bilan de ses lectures de l’année passée un 19 février, c’est permis non ? Je me l’autorise en tout cas. L’occasion de noter également que le 1er billet de ce blog remonte au 17 février 2006, Mosquito avait alors 5 ans, dans 3 jours elle en aura 23 ans, elle a retrouvé son beau prénom et nous avions presque oublié ce surnom : ainsi va la vie, et ce blog garde une collection de billets de lectures presque toutes oubliées, marqueur d’une époque, d’une pratique qui a évolué, je ne vais pas refaire le débat que tous les blogueurs du début des années 2000 ont déjà tenu : je partage leur constat et je ne sais pas vraiment ce qui me retient ici, sinon sans doute une fidélité et une douce nostalgie, des habitudes aussi, et la paresse de réapprendre autre chose dans un monde de l’immédiateté qui va trop vite pour moi.

Alors qu’ai-je donc lu en 2023 ? 104 ouvrages, dont 25 romans, 10 romans ados, 35 BD adultes, 9 essais et quelques autres bricoles (le détail dans la vidéo 😉)

Au total cela a représenté 19033 pages et si j’avais acheté ces 104 livres (que j’ai majoritairement empruntés en bibliothèques, oui le s est volontaire), il m’en aurait coûté 1855,50 € (une pensée pour the autist reading 😉)

Des coups de cœur ? Oui, en BD seulement ! je suis sans doute devenue trop exigeante avec le roman, pas de 5 étoiles en 2023, quelques bonnes lectures, beaucoup de moyennes.  Il n’y a plus guère que la BD et la littérature jeunesse (plus précisément pour la petite enfance et pour les ados) que je trouve innovantes et engagées. Le reste est bien ronronnant, formaté pour un marché, ou alors je n’ai pas lu les bons !

 

Alors qu’en est-il de mes 5 étoiles ? de la BD uniquement ! et je n'en ai chroniqué aucune 😥 Je dois bien avouer qu'en 2023 je n'ai quasi rien fait d'autre que travailler et je n'ai pas consacré beaucoup de temps au blog !

 

 

 

 

 

 

 

 

Et pour les 4 et ½ , de la BD toujours, et enfin, un roman, pour ados 😊

(quelques couvertures cliquables renvoient vers les billets)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et enfin un roman 😍

 

 

 

 

 

 

 

2024 me happe toujours autant vers le travail, mais je continue de lire autant que faire se peut... sans toujours partager ici !

 

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Béatrice – Joris Mertens

13 Février 2024, 11:10am

Publié par Laure

J’aime les planches grand format de Joris Mertens, ses représentations des villes et des foules, chargées de détails, et son jeu sur les couleurs. Ici, Béatrice - la touche de rouge de l’album - prend le train de banlieue tous les matins pour aller travailler dans un grand magasin de la capitale. Chaque jour elle aperçoit sur son chemin un sac rouge oublié, qu’elle finit par ramasser. Elle y découvre un album photo, avec les photos d’une femme lui ressemblant étrangement, et celle d’un homme avec qui elle semble vivre une grande histoire d’amour.

Je n’en dis pas plus, mais à mon sens, tout est réussi dans cette BD, le dessin, les noirs et blancs, l’utilisation de la couleur, les temporalités, les références aux époques (Béatrice lit Bonjour Tristesse dans les années 60 / Gatsby le magnifique dans les années 30), le scénario (sans texte, hormis de très courts titres de chapitres), la fin surprenante qui sème le doute et laisse faire l’imagination du lecteur. Une réussite, tout comme Nettoyage à sec (2022) que j’avais découvert l’an dernier

Décidément un grand auteur-illustrateur !

 

Rue de Sèvres, mars 2020, 110 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-81021-625-3

 

 

Crédit photo couverture : © Joris Mertens et éd. Rue de Sèvres

 

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Hypericon – Manuele Fior

11 Février 2024, 19:09pm

Publié par Laure

Traduit de l’italien par Christophe Gouveia Roberto

J’ai été emportée d’emblée par cette somptueuse BD, qui mêle deux temporalités relatives au trésor de Toutankhamon. Octobre-novembre 1922, les fouilles dans la Vallée des Rois à Louxor sont en passe de s’arrêter, faute de découverte majeure. Mais l’archéologue Howard Carter persiste, étrangement guidé par une fleur de millepertuis offerte par un jeune égyptien. Bien lui en prend, car il est à l’entrée de la tombe encore intacte du jeune Toutankhamon.

En parallèle, à la fin des années 1990 à Berlin, Teresa Guerrero, étudiante italienne, obtient une bourse d’études comme assistante scientifique en préparation d’une exposition sur le trésor de ce pharaon. En proie à une insomnie chronique, elle passe ses nuits dans le récit d’Howard Carter. En quête d’un logement stable, elle rencontre par hasard Ruben, un artiste à la personnalité à l’opposé de la sienne.

L’histoire enjambe le XXème siècle, de la découverte exceptionnelle en 1922 à l’expo berlinoise et à l’après. Hypéricon (la fleur de millepertuis) occupe une place symbolique et significative dans le récit, les couleurs de l’album sont belles, chaudes, lumineuses, quoiqu’un peu plus grises et froides à Berlin. Les premiers téléphones cellulaires, les tests VIH, le 11 septembre ancrent le récit dans une époque également.

Entre Histoire et romance amoureuse parsemée de quelques scènes érotiques, c’est un très bel album qu’offre ici Manuele Fior. Le découpage des scènes, la qualité du papier, participent de la réussite de l’ouvrage.

J’ai adoré !

 

P. 67 : « Le sommeil, vous savez ce que c’est ? Une invention de l’homme pour qu’on ne remarque pas la durée de la nuit ».

 

 

Dargaud, novembre 2022, 139 pages, prix : 23,50, ISBN : 978-2-205-08981-3

 

 

Crédit photo couverture : © Manuele Fior et éd. Dargaud.

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Le châle de Nonna – Florence Dutruc-Rosset, ill. de Juliette Barbanègre

7 Février 2024, 11:00am

Publié par Laure

Capucine est élevée par sa grand-mère qu’elle appelle Nonna, dans un petit village au pied des montagnes. On ne connaitra pas son histoire mais on imagine qu’elle a perdu ses parents. La relation est forte entre Capucine et Nonna, la petite l’aime comme si elle était sa maman.

Aussi au décès de la vieille dame, Capucine est perdue et va traverser toutes les émotions qu’impose le deuil avant de connaître l’apaisement, possible grâce à tout l’amour donné par Nonna, et aux souvenirs qui restent. On ne meurt pas dans le cœur des gens qu’on a aimés et qui vous ont aimés.

2 pages finales expliquent le rôle des personnages et éléments choisis dans la traversée de l’épreuve.  En tant que lectrice adulte, ces dernières pages m’ont gênée, je n’ai pas aimé qu’on me donne les clés comme une explication d’un texte que je n’aurais pas compris. Mais si elles peuvent aider les jeunes lecteurs, pourquoi pas. Le texte et les sublimes illustrations se suffisent à eux-mêmes.

 

Cet album a obtenu le prix Chronos de littérature 2023 dans la catégorie CE1/CE2

 

Bayard jeunesse, février 2022, 40 pages, prix : 13,90 €, ISBN : 979-10-363-3034-6

 

 

Crédit photo couverture : © Juliette Barbanègre

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Janvier 2024 en couvertures...

31 Janvier 2024, 20:25pm

Publié par Laure

En janvier, j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

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Le fils du professeur - Luc Chomarat

20 Janvier 2024, 14:13pm

Publié par Laure

Un narrateur dont nous ne connaîtrons pas le prénom raconte son enfance, de son entrée à l’école maternelle jusqu’au baccalauréat, à St Étienne dans les années 1960, avec un passage obligé par le football. 

Cela pourrait paraître banal mais c’est terriblement attachant. Il y a une magie dans l’écriture qui berce entre attendrissement et étonnement, avec beaucoup de sensibilité (mais pas de sensiblerie). Car certains passages interpellent, l’incipit notamment “Quand j’étais enfant je trouvais tout normal. Ma mère m’enfermait régulièrement à la cave, dans le noir complet. Je trouvais ça normal”, alors que rien ensuite n’y reviendra. Il y a bien quelques bizarreries, mais l’ensemble trouvera sa clé dans la fin, jusque dans la toute dernière phrase. Et l’on se surprend à se demander si l’on a bien compris, on revient sur certains passages au début, ceux sur la mère entre autres, et là oui, bien sûr, tout était dit, de manière elliptique ; la fin éclaire tous les étonnements du lecteur, toutes les obsessions de l’enfant. Et une telle construction en apothéose, ce n’est pas si courant. 

Je ne connaissais pas Luc Chomarat, je n’avais jamais rien lu de lui, mais je vais désormais jeter un œil attentif à ses romans. 

 

Un extrait qui fera sourire un grand nombre de lecteurs, sur les dernières années collège : “Il y a aussi des cours qui disparaissent, heureusement. On ne fait plus de technologie ni de flûte à bec au bout d’un moment. En technologie on doit apporter un Té qui est une grande règle en bois inutile. La flûte à bec est un instrument pourri dont personne ne joue sur aucun disque et qui n’existe qu’au collège. Le prof de musique déteste le monde entier.”

 

La manufacture de livres, août 2021, 264 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-35887-774-9

 

 

Crédit photo couverture : © Deepol / plainpicture et éd. la manufacture de livres

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Lou ! Sonata 2 - Julien Neel

17 Janvier 2024, 09:09am

Publié par Laure

Lou est désormais une jeune adulte (depuis le tome 1 de Lou ! Sonata où elle était étudiante) et dans ce tome, elle se démène dans l’organisation d’un festival de musique à Mortebouse. 

Comment dire… 

Vivant en campagne, j’ai deux festivals de ce type autour de moi, dont l’un regroupe aussi un espace librairie avec dédicaces, et l’autre a été monté par des jeunes du village. Donc c’est pleinement crédible, mais à part s’agiter dans tous les sens pour brasser du vent, que se passe-t-il dans ce tome ? Oui il faut coordonner l’équipe de bénévoles, oui il faut s’assurer que tout se passe bien en temps et en heure et oui il n’y a jamais rien qui se passe comme prévu, mais délayer cela sur 140 pages sans autre trouvaille au scénario, c’est un peu léger non ? 

Alors oui des personnages reviennent mais il n’y a pas d’interaction avec eux, et si les lectrices de Lou ! vieillissent avec elle depuis le début, elles ne sont pas encore atteintes de dégénérescence visuelle au point de devoir lire des bulles en police de caractère corps 20 si ce n’est 30 sur certaines.

On a l’impression dans ce tome qu’il faut meubler pour arriver jusqu’au cliffhanger final qui annonce un tome 3, mais que c’est laborieux tant il n’y a rien à dire ! Limite j’ai trouvé bien plus intéressant le cahier final qui explique le travail de l’auteur-illustrateur, bien plus fouillé, bien plus recherché, bien plus joli. Est-ce la pression éditoriale ? Commerciale ? Parfois il faut savoir s’arrêter à temps. Même si clairement je n’ai plus l’âge du lectorat visé, en tant que lectrice curieuse je suis très très déçue, et en tant que professionnelle je sais que cette BD va plaire à toutes les petites filles fidèles et qu’elle n’aura pas besoin de moi pour en faire la médiation. Tiens, c’est ce qu’on se dit à chaque ouvrage commercial.

Aïe ça pique. 



 

Glénat, novembre 2023, 144 pages, prix : 17,50 €, ISBN : 978-2-344-04974-7

 

 

Crédit photo couverture : © Julien Neel et éd. Glénat

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Le lou en slip et le mystère du P silencieux - Lupano / Itoïz

2 Janvier 2024, 18:50pm

Publié par Laure

(le loup en slip tome 8, qui se lit tout à fait indépendamment des autres)

Ah la la, Grumo le zozio n’en peut plus de la langue française, de sa complexité et de ses exceptions : Mais pourquoi on entend le P du slip et pas le P du loup ? Pourquoi t’es le lou en slip et pas le loupe en sli ?Pas de panique, les vieilles taupes de l’académie des mots s’y connaissent ! 

Un régal si vous aimez la langue et ses subtilités, l’étymologie et les réparties saugrenues de nos deux compères (éclats de rire garantis), je ne sais pas si cet album va réconcilier les Anciens et les Modernes ou régler vos problèmes d’orthographe, en tout cas il éclaire et amuse, le tout dans un texte très travaillé (bourré d'assonances, de rimes et d’allitérations) et un dessin aux petits oignons. L’Académie Française en prend pour son grade, car la langue, ça vit et on en joue, ça emprunte aux uns et aux autres, on compose, on la tricote, on la détricote. 

Un très bon loup en slip avec ou sans son P.

Bonus : patarder, vous connaissez ? c’est canarder au lance-patates. Sérieux, on se marre avec leur vocabulaire chelou, lexique offert à la fin de l’ouvrage. 

(Livre emprunté en bibliothèque)

 

Dargaud, 10 novembre 2023, 40 pages, prix : 10,95 €, ISBN : 978-2-505-12479-5

 

 

Crédit photo couverture : © Mayana Itoïz et éd. Dargaud

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