Un thriller sur le monde éditorial, qui emprunte de nombreuses références à la littérature et à Agatha Christie. Malgré quelques lourdeurs trop théâtrales, le scénario tient le spectateur jusqu'au bout. Du très bon divertissement.
bonne construction chorale, un peu lent une fois l'intrigue comprise
Traduit de l’anglais (Australie) par Rosalind Elland-Goldsmith
L’histoire commence comme un conte traditionnel, belle majuscule enluminée : « il était une fois un ours brun… »STOP ! L’ours se rebelle et se fâche avec son auteur. Ça suffit, les ours sont exploités, ridiculisés, épuisés, qu’on les laisse vivre enfin ! Mais l’auteur persévère, jusqu’à ce que l’ours lui propose un marché : « je trouve un animal encore mieux que nous, et tu nous laisses tranquilles. Finies les histoires d’ours ».
Mais c’est loin d’être aussi simple, à chaque proposition, l’auteur trouve à redire. Les ours sont les seuls qualifiés pour figurer dans les bonnes histoires.
Je vous laisse la surprise de la chute, jolie trouvaille pour satisfaire tout le monde.
J’aime beaucoup le graphisme, les couleurs, la mise en page, les clins d’œil animaliers (beaucoup d’animaux renvoient à d’autres albums de cet illustrateur) et les références au conte de Boucle d’or notamment (les 3 bols et les 3 chaises de tailles différentes), au crapaud qui se transforme en prince charmant. La multitude de saumons sur fond rose des pages liminaires et finales devraient séduire les ours gloutons !
Kaléidoscope, mars 2020, 13 €, ISBN : 978-2-37888-014-9
Trois sœurs aussi différentes l’une que l’autre se retrouvent pour l’été dans la maison familiale à St Rémy-de-Provence, auprès de leur mère éprouvée par un événement inattendu l’année précédente.
Mathilde, l’ainée, est en couple, a des enfants, et à vrai dire est assez détestable dans sa psychorigidité et son comportement envers les autres, Violette est plus discrète, se remet d’une séparation d’un mari tyrannique, et Louise, la cadette, est tout en empathie, infirmière, elle se dévoue aux autres. C’est d’ailleurs la seule à être restée près de La Garrigue, cette maison familiale où vit encore sa mère.
Frangines, c’est la vie qui bouillonne, qui pétille, qui déborde, un roman qui dévoile au fil du récit et des flashbacks des drames individuels, que la force du lien sororal permettra de surmonter. Un roman souriant malgré la gravité, des épreuves surmontées, c’est le principe du feel-good, non ?
Un roman que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire et qui m’a donné envie de découvrir d’autres titres de cette auteure.
JC Lattès, juin 2020, 350 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-7096-6636-7
Eugénie, 10 ans, part en vacances avec ses parents et ses deux sœurs, la grande Adèle, 14 ans, la petite Juliette, 2 ans, et une copine de sa sœur adolescente.
Ah ! ce récit tendre et drôle du trajet en voiture, de la découverte de la maison de location, des visites à faire selon le budget, des piques entre sœurs… Ce roman est un bonbon que l’on veut faire durer le plus longtemps possible, tranche de vie réaliste qui fait la part belle à la justesse des émotions d’une fillette qui quitte doucement l’enfance pour entrer à reculons dans la préadolescence, avec toutes les craintes qui y affèrent, d’autant qu’Eugénie a déjà bien observé tous les changements d’humeur opérés chez sa sœur !
Jo Witek a un grand talent pour dépeindre ces doutes, ces peurs, ces envies, ces papillons dans le ventre, et offrir à l’héroïne toute la confiance dont elle a besoin au sein de sa famille.
Un beau roman d’été pour les 9-12 ans, qui offre la fraicheur et l’humour dont on rêve quand on est coincé sur la banquette arrière de la voiture et que la route des vacances parait interminable ! Mais qui fonctionne aussi très bien au calme sous la couette.
Actes Sud junior, janvier 2020, 168 pages, prix : 14 €, ISBN : 978-2-330-13040-4
En 1967, l’île Maurice devient indépendante mais les Britanniques vendent l’île de Diego Garcia, dans l’archipel des Chagos tout proche, aux Américains pour y installer une base militaire. Les Chagossiens sont contraints à l’exil et perdent tous leurs biens, leurs terres, et jusqu’au droit de revenir un jour sur leur île.
Cet épisode historique que j’ignorais totalement est narré à travers l’histoire d’amour entre Marie-Pierre Ladouceur et Gabriel Neymorin, ainsi que l’histoire de leurs familles respectives, pleine de rebondissements. Le récit est bien mené, use d’une chronologie éclatée qui malgré tout ne perd pas le lecteur, sauf peut-être au départ avec les nombreux prénoms de tous les personnages.
Le côté romanesque est peut-être un peu poussé, mais il fait aussi le charme de cette famille, et de ce couple auquel on s’attache très vite. Un très beau roman.
Les escales, janvier 2020, 412 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-36569-402-5
Autant j’avais apprécié le premier titre de cette nouvelle collection chez Thierry Magnier, (voir le goût du baiser de Camille Emmanuelle), autant je suis un peu plus mitigée sur celui-ci.
A trop vouloir en faire, on se rapproche plus du catalogue quasi exhaustif que du roman qui laisse libre cours aux fantasmes, même si reconnais volontiers que le roman est bien construit. Même si la première partie, inventaire chronologique de la masturbation infantile et adolescente de 6 à 23 ans, peut dérouter.
Mina Fouché se rend dans le Tarn en covoiturage, dans la maison de sa grand-mère, pour répandre ses cendres au Point sublime, ce lieu-dit au cœur de la nature, qui fut le paradis de son enfance. On pensera évidemment aux sens multiples de ce point sublime.
Histoire de la masturbation féminine à tout âge d’une seule et même personne (Mina), hypersexualité exacerbée de la copine Audrey, viol (qui repose la question du consentement), désir, triolisme, homo et bisexualité, histoire de la sexualité des années 1970 à nos jours, j’ai souvent eu l’impression qu’on chargeait un peu la barque, même si cet historique sexuel et familial permet de comprendre la construction de Mina.
Il y a de belles trouvailles, comme le métier à travers lequel Mina a choisi de s’exprimer. Le slogan de la collection est « Lire. Oser. Fantasmer ». Pour moi seul le verbe Lire s’est pleinement réalisé aussi. J’ai trop souvent eu l’impression de lire un manuel romancé d’éducation sexuelle. Mais je n’ai plus 16 ans non plus.
Ed. Thierry Magnier, coll. l’Ardeur, janvier 2020, 446 pages, prix : 15,90 €, ISBN : 979-10-352-0309-2
Curieux petit film islandais découvert au hasard de ma médiathèque numérique, mais qui a su me charmer. De nombreuses saynètes s’enchainent, à la façon de microfictions, sans lien apparent les unes avec les autres, retraçant une période qui va de quelques jours avant Noël jusqu’à Nouvel An, au cœur de l’intimité des familles. Petites scènes de la vie ordinaire, qui montrent souvent une profonde solitude, que l’on soit seul ou pas d’ailleurs.
Le film est court (1h19), surprenant dans sa forme, mais j’ai trouvé très belles certaines images, et l’impression dramatique un peu triste qu’il en ressort. Chouette découverte !
Disponible en VOD, sortie du DVD le 31/05/2020. Islandais sous-titré en français ou anglais.
Je ne suis pas une lectrice habituée des romances, ceci peut expliquer cela.
Adèle a tout quitté pour un poste de serveuse dans une crêperie à Saint-Malo. Elle ne supportait plus les faux-semblants du grand restaurant parisien où elle était sous-cheffe, et où les hommes s’attribuaient son mérite. A Saint-Malo, dans le restaurant de Joséphine, elle se reconstruit. Elle a quelques amis, dont Élisa, hospitalisée dans l’attente d’une greffe, avec qui elle écrit des lettres aux réalisateurs pour changer la fin des films. Lorsque Joséphine, qui prend de l’âge, va lui annoncer qu’elle lui cède son restaurant à part égale avec Arnaud Langlois, petit-fils d’un homme qu’elle a aimé plus jeune, un investisseur patron d’une grande multinationale qu’elle va devoir convaincre, tout va basculer.
Bien sûr ces deux-là vont tomber amoureux, et bien sûr cela ne va pas toujours être simple.
J’ai aimé le côté feel-good du roman avec parfois une verve bien sentie dans les dialogues et pensées des personnages, Adèle est fragile côté sentiments mais ne se laisse pas marcher sur les pieds et sait ce qu’elle veut, j’ai regretté toutefois que certaines pistes ne soient pas plus creusées, et j’ai regretté la bascule vers la fin dans le trop dégoulinant. Des bons sentiments, oui, mais l’équilibre entre le feel-good et le niais est délicat et là c’est un peu le pas de trop pour que j’adhère totalement.
Le genre bien codifié de la romance est ici respecté, si bien que le lecteur a toujours une longueur d’avance sur les personnages (bien sûr que l’on imagine ce qui va se passer), les amatrices du genre y trouveront sans doute leur compte.
HarperCollins France / Harlequin, coll. &H, juin 2020 (déjà sorti en numérique), 396 pages, prix : 16,90 €, ISBN : 978-2-2804-1097-7