Les jardins d'Hélène

Le Nord du monde – Nathalie Yot

17 Octobre 2018, 16:07pm

Publié par Laure

Elle trotte comme un poulain pour fuir l’homme-chien.

D’emblée l’écriture est très imagée. Une femme fuit ce que l’on imagine être des violences conjugales ; elle marche vers le Nord, Lille d’abord, puis Amsterdam et les fjords de Norvège. Elle se lie et se délie très facilement au fil de ses rencontres. Elle se perd et cherche à se reconstruire, mais n’est pas loin de basculer dans la folie. Lors d’une étape on lui confie un enfant, Isaac, neuf ans environ. L’amour maternel qu’elle éprouve alors se teintera vite d’un amour interdit.

 

Si l’écriture porte le roman, très bref, du début à la fin, le choix de l’auteur fait dans le rapport de cette femme à l’enfant dérange, interpelle, perturbe, dégoûte, plonge dans l’incompréhension. Bref, il est impossible de ne pas réagir. L’ultime page semble remettre les choses à leur place.

 

Si la première moitié du roman remporte l’adhésion du lecteur sans difficulté, la seconde, même si elle suggère plus qu’elle ne dit - il y a toutefois des indices qui ne laissent aucun doute – ne peut que mettre mal à l’aise.

 

Je ne sais pas si j’ai aimé, car je peine à accepter le choix de l’intrigue. Et pourtant j’aime que la littérature dérange. Si le roman Objet trouvé pouvait choquer certaines personnes, il mettait en présence des adultes consentants. Mais un adulte envers un enfant…même sous couvert de fiction, j’ai du mal.

 

 

 

 

Lu dans le cadre des 68 premières fois

 

 

 

 

 

 

La contre-allée, coll. La sentinelle, août 2018, 144 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-376650-01-0

 

 

 

Crédit photo couverture : © Guillaume Heurtault et éd. La Contre-allée.

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Soixante jours – Sarah Marty

11 Octobre 2018, 15:52pm

Publié par Laure

Ils sont quinze kurdes, hommes et femmes, avec des enfants et un bébé, à fuir la Turquie en guerre, en prise avec un passeur qui leur vend du rêve à prix d’or et ne leur fera connaître que des situations inhumaines. Le voyage qui devait durer cinq jours en durera soixante, et il est parfois bien difficile de lire l’accumulation à peine croyable de ce que ces hommes et ces femmes ont enduré.

 

Le groupe est porté par Yoldas, un maçon, qui racontera son histoire à l’auteure quand il se trouvera chez elle à reconstruire un mur en région parisienne.

 

Cette histoire vraie est si effroyable qu’elle ne peut qu’induire un autre regard sur les migrants.

 

Incontournable sur ce sujet.

 

 

 

Extrait p. 129 : « - Comment tu fais, toi ? lui demande Cevdet. Il y a une force en toi, quelque chose d’indéfinissable.

Yoldas sourit, son regard se perd.

- Elle est en moi.

Cevdet cherche et attrape son regard. Il ne veut rien perdre de lui.

- Qui est en toi ?

- une femme qui m’attend quelque part, une femme que je ne connais pas, mais qui aimera l’homme que je suis.

Cevdet rit.

- C’est tout ? Juste le rêve d’une histoire d’amour !

- Oui, mais c’est l’amour qui tient les hommes debout, Cevdet, et c’est la haine qui les fait tomber. Il ne faut jamais oublier ça. »

 

 

 

Denoël, mai 2018, 277 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-207-14225-7

 

 

 

Crédit couverture : © Constance Clavel / photo : Martins Zemlickis / Unsplash

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Papa est en bas – Sophie Adriansen

10 Octobre 2018, 15:04pm

Publié par Laure

Olivia est une enfant comme les autres, heureuse avec ses parents et leur chat Cyrano. Mais la vie de toute la famille commence à changer quand le papa arrête de jouer au foot, a de plus en plus de mal à se déplacer, et se retrouve en fauteuil roulant, « en bas » dans la maison. Il est atteint d’une maladie orpheline à l’issue fatale, qu’il nomme par dérision « la tartiflette »

Sophie Adriansen signe un bref roman sur un sujet difficile et délicat, et malgré la tristesse inéluctable, le texte est éclairé de passages joyeux. Les souvenirs et la transmission se construisent dans ce que l’on vit au quotidien, et dans ce que l’on choisit de laisser, et cette force engrangée restera pour les vivants.

Un très beau texte, recommandé à partir de 10 ans.

 

 

Nathan, septembre 2018, 118 pages, prix : 5,95 €, ISBN : 978-2-09-257707-3

 

 

Crédit photo couverture : © Tom Haugomat et éd. Nathan

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Regarde dans la forêt - Emiri Hayashi

3 Octobre 2018, 16:09pm

Publié par Laure

Un très bel album automnal simple mais dont la magie opère par la beauté des couleurs vives : jaune, orange, rouille, le noir qui tranche, l'argenté qui éclaire ... s'y ajoutent les matières à toucher : le velours des renards, le relief des troncs d'arbre.. on y cherche et observe les animaux de la nature, et la beauté des détails.


Superbe !

 

(je précise quand même que les images présentées ici sont loin de l'éclat quand on a le livre en main, et l'argenté n'y brille pas en photo comme en vrai !)

 

 

 

 

 

 

D'autres titres de cette illustratrice :

- Regarde, c'est papa !

- Écoute dans la nuit

 

Dès 6 mois dit l'éditeur, mais après ça marche aussi bien !

 

 

Nathan, août 2018, cartonné 10 pages, prix : 13,95 €, ISBN : 978-2-09-258103-2

 

 

Crédit photo couverture : © Emiri Hayashi et éd. Nathan

 

 

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Objet trouvé – Matthias Jambon-Puillet

2 Octobre 2018, 18:42pm

Publié par Laure

p. 31 : « - Quand les premiers secours ont retrouvé M. Morin, il était avec une femme, ou plutôt le corps d’une femme. Elle était déjà morte lorsqu’ils l’ont trouvée. Lui est à l’hôpital, elle à la morgue, nous essayons de comprendre ce qui s’est passé. Bien que nous n’en soyons qu’aux débuts de l’enquête, nous avons toutes les raisons de croire qu’ils entretenaient une liaison poussée. Des affaires d’homme lui appartenant ont été retrouvées chez elle.
Nadège ne rit plus. Elle a l’impression d’avoir cessé de respirer. Marc n’aurait pas été capable de s’attacher et de partir avec une autre. Nadège le jurerait sans l’ombre d’un doute. Face aux plus solides des preuves, elle le jurerait encore. »

C’est un choc pour Nadège lorsqu’elle apprend que l’homme qu’elle aimait a été retrouvé ainsi, agonisant auprès d’une femme morte, lui qui a disparu trois ans auparavant lors de son enterrement de vie de garçon, la laissant seule et enceinte. Elle a refait sa vie avec Antoine, mais la réapparition de Marc change la donne. Qui était cette Sabrina ? Comment a-t-il pu disparaitre pendant trois ans ? Quel avenir ont-ils chacun désormais ?

 

J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai trouvé audacieux pour le thème qu’il aborde, appelé pudiquement sexualités alternatives en 4ème de couv, et si je ne comprends pas toujours le choix des pratiques BDSM et les choix faits dans le récit en particulier à la fin, ce n’est pas l’essentiel du roman, n’y cherchez pas un roman érotique ou pornographique. L’intrigue va bien au-delà, posant en filigrane des réflexions sur l’amour, la nature du plaisir, le rapport à l’autre, en usant d’une construction particulièrement réussie. C’est avant tout une histoire d’amour. Pas ordinaire, certes.

 

Un prologue donne la parole au pompier secouriste, un épilogue la clôt avec le compagnon des trois dernières années ; au centre, trois grandes parties, narrées successivement par, Nadège, Sabrina puis Marc, en respectant le fil temporel de l’intrigue.

 

Un premier roman que je trouve très réussi, mais qui pourra de toute évidence choquer selon la capacité de chacun à aborder des sexualités différentes et moins communes. Ce n’est pas pour autant qu’on y adhère ou les comprend, mais la littérature a ici un rôle dérangeant plutôt bienvenu, sans jamais être vulgaire.

 

 

 

 

Lu dans le cadre des 68 premières fois, et sans ce groupe, j’avoue que je n’en aurais jamais entendu parler.

 

 

 

 

Ed. Anne Carrière, août 2018, 189 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-8433-7921-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Anne Carrière

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Septembre 2018 en couvertures ...

1 Octobre 2018, 08:25am

Publié par Laure

En septembre j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En septembre j'ai vu :

 

 

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« Ouistiti fait rire les petits », une collection d’imagiers et d’histoires par Florence Langlois

29 Septembre 2018, 14:53pm

Publié par Laure

 

Couleurs vives, dessins attrayants, cette nouvelle collection d’imagiers et d’histoires thématiques s’adresse aux petits dès 18 mois. Les pages épaisses et cartonnées résistent bien aux petites mains.

 

Deux types d’albums (qui ont tous le même format : 16 x 16 cm) regroupent soit des imagiers autour d’un thème, soit des histoires autour d’une notion.  Dans tous les cas, le registre est drôle (la collection s’appelle « ouistiti fait rire les petits » ! Les 4 albums déjà parus sont tous écrits et illustrés par Florence Langlois.

 

La petite histoire des couleurs :

Grand Loup noir a une très grosse faim. Il se prépare une très grande tartine avec des animaux de couleur différente : un poussin jaune, un cochon rose, un lézard vert... Pour repousser le moment de se faire dévorer, les animaux lui font remarquer qu'il manque telle ou telle couleur : il repart alors en quête de l'animal de la couleur approprié. Tout va bien jusqu'au violet : comment trouver un animal violet ? Je ne vous dévoile pas la chute, pauvre loup, on s'est bien moqué de lui !

 

Titres parus :

La petite histoire des couleurs

La petite histoire des émotions (au secours, en tant que bibliothécaire, je n’en peux plus des dizaines et des dizaines de bouquins sur le sujet. Et pour les adultes, ça s’appelle développement personnel ;-) )

L’imagier rigolo des vacances

L’imagier rigolo de la ferme.

 

 

Nathan, juin 2018, prix : 6,95 € chaque.

 

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Cœur battant – Axl Cendres

21 Septembre 2018, 10:06am

Publié par Laure

Alex a 17 ans et il assiste à sa première réunion des suicidants : les suicidants, ce sont ceux qui ont raté leur suicide, à ne pas confondre avec les suicidaires, ceux qui ne sont pas passés à l’acte.

Il y rencontre Alice, pour qui son cœur se met à battre immédiatement. Dans cette clinique psychiatrique de la Citadelle (féérique) qui accueille des alcooliques, des anorexiques, des sexooliques et des suicidants, vont naitre de belles amitiés, notamment avec Victor, Colette et Jacopo.

Tous les cinq vont s’enfuir pour un suicide collectif, mais le voyage ne va pas se passer comme prévu !

 

Le sujet paraît sombre et pourtant, il y a une belle lumière, de la poésie, de l’humour, et un attachement évident pour ces personnages. J’ai adoré le côté un peu étrange et légèrement barré du début du roman, puis la tournure qu’il prend et la pêche qu’il donne.

 

 

Un cœur battant, c’est un cœur qui bat, mais c’est aussi une ressource intérieure de battant.

 

La mère d’Alex était bipolaire. Elle s’est pendue quand il avait 8 ans. C’est lui qui l’a trouvée. Il n’a d’abord ressenti aucune émotion, comme si son cœur était entouré d’une épaisse couche de glace. C’est à 17 ans que la douleur est apparue, il a pleuré pendant des jours et décidé de ne plus aimer personne : « à quoi ça servait d’aimer les gens, puisqu’ils allaient mourir ? » (p.32)

 

Alice et l’équipée folle qui s’en va chez Jacopo pourraient bien le faire changer d’avis…

 

« Il a peur de la mort », elle a simplifié.

« Ben, c’est normal… T’as pas peur de la mort, toi ? »

« Non » elle a répondu, « c’est de la vie que j’ai peur. La mort, je ne la connais pas. En revanche je connais la vie, je sais de quoi elle est capable. Et c’est terrifiant. »

Là-dessus, Alice nous a plantés là, et elle est sortie fumer. (p. 134.)

 

 

Sur un sujet délicat et sensible à l’adolescence, Axl Cendres réussit un très beau roman, un peu loufoque, plus profond qu’il n’y paraît, et qui fait un bien fou. Il m’a souvent fait penser à la BD Adieu, monde cruel pour le thème, avec un traitement différent mais bienfaisant.

 

 

Et ne vous privez pas d’écouter la playlist offerte en page liminaire, ça prend dix minutes à enregistrer sur Deezer ou Spotify et ça complète parfaitement le livre.

 

 

 

Sarbacane, coll. Exprim’, septembre 2018, 192 pages, prix : 15,50 €, ISBN : 978-2-37731148-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Sarbacane

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Le chien rouge – Philippe Ségur

21 Septembre 2018, 08:45am

Publié par Laure

Peter Seurg (qui pourrait fort bien ressembler à Philippe Ségur, peu importe, mais l’anagramme est lisible), est victime de burn-out et craque. Séparé de sa compagne, il sombre dans un délire psychotique et une déchéance physique dus au cocktail de psychotropes, d’alcool et de drogues qu’il ingurgite.

 

Si j’ai trouvé de très beaux passages sur la société actuelle notamment sous la forme de réflexions politiques, j’ai dans l’ensemble trouvé ce roman fort long et ennuyeux, tournant en rond dans un univers du délire qui m’a rapidement lassée.

 

Je l’ai fini néanmoins car il s’agissait d’une lecture Netgalley mais je n’ai pas été sensible au récit de la descente aux enfers de cet homme avant sa renaissance. Ça arrive et ce n’est pas grave.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Buchet-Chastel, août 2018, 240 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-283-03130-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Buchet-Chastel.

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Les poteaux étaient carrés – Laurent Seyer

11 Septembre 2018, 09:05am

Publié par Laure

Le 12 mai 1976, l’AS de Saint-Étienne affronte le Bayern de Munich en finale de la coupe d’Europe. Nicolas, 13 ans ½, vit le match de foot en direct en même temps qu’il revient sur le départ de sa mère et l’arrivée de la nouvelle compagne de son père, Virginie, accompagnée de son fils Hugo qu’il déteste. Ou plus exactement, il n’a rien demandé, et souffre du divorce de ses parents.

 

Le roman est bref (173 pages) et malgré cela j’avoue que passé la moitié, j’ai survolé les scènes descriptives du match de foot (trop c’est trop quand on n’y voit aucun intérêt). De même tous les propos élogieux sur cet « événement » m’ont ennuyée, Coupe d’Europe peu importe, le foot ne m’intéresse pas. Surtout qu’à cette époque, j’avais 4 ans, alors si mémoire collective il y a, j’étais trop jeune pour y participer.

 

L’intérêt du livre est bien évidemment dans l’autre part de l’histoire, le ressenti de Nicolas sur la séparation, la douleur d’avoir « perdu » sa mère, et la fin que bien évidemment je ne dévoile pas. La construction mêlant histoire personnelle et histoire collective à travers la passion du football et le récit d’un match en particulier ajoute aussi à la qualité de l’ouvrage, mais pour ma part, elle m’a pesée plus qu’elle ne m’a séduite.

 

 

 

Un premier roman de la rentrée littéraire d’automne, lu dans le cadre des 68 premières fois, que je n’aurais jamais lu sans cela, et encore moins au vu de sa couverture hideuse (que les footeux me pardonnent ou me brûlent sur le bûcher !)

 

 

 

 

 

Finitude, août 2018, 137 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-36339-097-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ivan Curkovic © AFP / et éd. Finitude

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